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INTERNATIONAL

Affaire Habré, victoire africaine mais il reste beaucoup à faire


Alwihda Info | Par Alwihda info - 1 Juin 2016


Etudier la personnalité de Habré doit constituer la prochaine étape qui permettra de corriger les incohérences existant dans nos systèmes sociaux/éducatifs. Ainsi, nous évitons à nos futurs leaders d’être victimes de la contingence dans leurs parcours socioéducatifs.


L’Afrique vient de prouver à la communauté internationale qu’elle est en mesure de juger ses propres crimes. L’affaire de Habré est une victoire tchadienne avant d’être africaine, puisque c’est grâce à la détermination du Tchad et ses associations que le procès a bien eu lieu. C'est aussi une victoire du Sénégal, de Human Right Watch, d'Amnesty international, des juges et des avocats qui ont veillé pour que le procès se passe sans dérapage.

Malgré cette Victoire avec un grand V, on peut dire que le dossier n’est pas encore clos. Il reste un travail de fond à faire sur les parcours sociaux et professionnels de la personnalité de M. Habré pour comprendre qu’elles sont les raisons exactes qui l’ont poussé à entretenir une telle haine, à commettre un tel crime ? C’est là où commence le travail des sociologues, des psychologues et des historiens, lesquels doivent fouiner dans son passé. On doit comprendre par exemple si lui-même n’a pas été victime de la société au cours de son enfance ? si cette haine d’écraser l’autre n’est pas le résultat d’une injustice que lui-même a subi au cours de son parcours socioéducatif ? car « on ne devient pas un bourreau génocidaire un beau matin au réveil », comme le dit l’historien Diidier Epelbaum qui est contre l’idée selon laquelle nous aurions tous une propension à nous soumettre à une autorité, y compris lorsqu’elle nous commande de torturer ou massacrer. L’argument des bourreaux est de justifier souvent les crimes qu’ils ont commis en se donnant raison, en ciblant un ennemi invisible contre lequel ils pensent mener une guerre qu’ils qualifient de sacrée.

Habré a opposé un silence comédien à son procès assorti d’une indifférence auto gênante, que les spécialistes peuvent étudier et décortiquer afin de nous éclairer sur la nature de cette personnalité qui a vaincu par le passé la plus grande armée africaine.
  
Etudier la personnalité de Habré doit constituer la prochaine étape qui permettra de corriger les incohérences existant dans nos systèmes sociaux/éducatifs. Ainsi, nous évitons à nos futurs leaders d’être victimes de la contingence dans leurs parcours socioéducatifs.
Cette démarche nous amène à prendre au sérieux deux aspects : d’abord notre code de famille qui doit stabiliser le système social en protégeant femmes et enfants, ensuite nos programmes pédagogiques scolaires qui doivent mettre l’accent sur la tolérance et le dialogue.

Ahmat Yacoub
 



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