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AFRIQUE

Afrique : les autorités doivent lutter contre la corruption et non ceux qui la dénoncent (Amnesty)


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 11 Juillet 2023


Amnesty International appelle les États à adopter et améliorer les lois qui protègeraient les défenseurs des droits humains contre les représailles.


Afrique : les autorités doivent lutter contre la corruption et non ceux qui la dénoncent (Amnesty)
Les États d’Afrique de l’Ouest et du Centre doivent cesser de persécuter les défenseurs des droits humains qui dénoncent la corruption, les pots-de-vin et les abus de pouvoir, et prendre des mesures concrètes et efficaces pour les protéger et les soutenir, a déclaré Amnesty International mardi 11 juillet, à l’occasion de la Journée africaine de lutte contre la corruption, et du 20ème anniversaire de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption.

Dans un nouveau rapport, intitulé La lutte contre la corruption en péril. La répression contre les défenseurs-anticorruption en Afrique de l’Ouest et du Centre, l’organisation montre que, dans 19 pays de la région, les défenseurs des droits humains qui combattent la corruption risquent des arrestations, du harcèlement, des placements en détention, de lourdes amendes et même la mort en dénonçant ces agissements.

D’autres font l’objet de procès et de poursuites pénales, en violation de leur droit à la liberté d’expression. « La répression que subissent les défenseurs des droits humains qui combattent la corruption en Afrique de l’Ouest et du Centre est très préoccupante. Ces personnes jouent un rôle crucial dans la lutte contre la corruption et ainsi dans la défense des droits fondamentaux.

Pourtant, elles sont la cible d’attaques, d’intimidation, de harcèlement et de persécution lorsqu’elles font éclater la vérité », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International. Cependant, les personnes qui mettent en évidence ces agissements sont bien souvent confrontées à de la répression, de l’intimidation et du harcèlement de la part des autorités dans les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Des lois sur la diffamation et les « fausses informations », des amendes disproportionnées, des arrestations arbitraires, des menaces et des violences physiques sont utilisées pour faire taire les militant·e·s et les journalistes qui dénoncent les pratiques malhonnêtes.

Au Niger, la journaliste et blogueuse Samira Sabou a été condamnée à une peine d’un mois de prison et une amende de 100 dollars américains, pour « diffamation par un moyen de communication électronique » au titre de la Loi sur la cybercriminalité en 2022. Il lui était reproché d’avoir relayé un article publié en mai 2021 par l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC), selon lequel de la drogue saisie par les autorités nigériennes avait été rachetée par des trafiquants de stupéfiants et remise sur le marché.

En juin 2020, elle a été accusée de diffamation à la suite d’une plainte déposée par Sani Mahamadou Issoufou, ministre du Pétrole, de l’Énergie et des Énergies renouvelables et fils de l’ancien président du Niger Mahamadou Issoufou. La plainte a été portée contre elle après qu’un utilisateur de Facebook a mentionné le nom d’Issoufou dans un commentaire qui répondait à une publication faite par la journaliste sur des allégations de corruption lors de l’achat d’armes. Bien que Samira Sabou n’ait pas mentionné le nom de Sani Mahamadou Issoufou dans sa publication, elle a été arrêtée et immédiatement transférée à la prison de Niamey.

Au Togo, le journaliste Ferdinand Ayité a été arrêté le 10 décembre 2021 après avoir accusé deux membres du gouvernement de corruption dans son émission « L’autre journal » diffusée sur sa chaîne YouTube. Le 15 mars 2023, il a été condamné avec un confrère à trois ans d’emprisonnement et trois millions de francs CFA (environ 5 000 dollars américains) d’amende pour « outrages envers les représentants de l’autorité publique » et « diffusion de fausses informations ». Tous deux ont fait appel de cette décision mais ont dû fuir le pays pour leur sécurité.

Au Cameroun, le journaliste Martinez Zogo, directeur de la station de radio privée Amplitude FM, a été enlevé par des hommes non identifiés le 17 janvier 2023. Son corps mutilé a été retrouvé sur un terrain vague aux abords de Yaoundé, la capitale, le 22 janvier. Avant son enlèvement, il enquêtait et avait publié des informations sur le détournement présumé de centaines de milliards de francs CFA par des personnalités politiques et du monde des affaires proches du gouvernement.

Amnesty International appelle les États à adopter et améliorer les lois qui protègeraient ces défenseurs des droits humains contre les représailles et créeraient un environnement au sein duquel ils et elles pourraient enquêter et faire des rapports en toute sécurité sur la corruption et ses implications en matière de droits humains.

Actuellement, seuls la Côte d’Ivoire, le Mali et le Niger ont adopté des lois sur la protection des défenseurs des droits humains, et seul le Ghana possède une législation visant spécifiquement à protéger les lanceurs et lanceuses d’alertes.



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