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TCHAD

Ahmad Allam-mi n’est-il pas Tchadien ?


Alwihda Info | Par Җ€BIЯ ® - 14 Janvier 2008


Il peut paraître surprenant qu’à notre époque de métissage, entre Noirs et Noires de différents pays, entre Blancs et Noirs ou encore entre toutes les races…, il puisse exister des individus pour tenir de tels propos. Il est encore plus surprenant que de tels propos soient tenus par une personne qui se revendique intellectuel, docteur, très haut fonctionnaire, diplomate de carrière ayant sillonné le monde et côtoyé diverses cultures.


Ahmad Allam-mi n’est-il pas Tchadien ?
Le Ministre des relations extérieures, Monsieur Ahmad Allam-mi, n'est pas un vrai Tchadien. Il ne doit en conséquence pas jouir des privilèges qui doivent être réservés aux seuls vrais Tchadiens. C'est en substance ce qui ressort des affirmations publiquement assumées du Ministre plénipotentiaire hors classe, Hassan Abakaka Mayo, lorsqu'il écrit sans détours que : « Si le Tchad n'est pas plongé dans le désordre politique actuel, ''des personnes n'ayant pas d'attache sérieuse'' (…) ne seront pas à la tête de notre diplomatie ». Autrement dit, pour occuper un poste prestigieux de responsabilité politique, il est impératif d'avoir ses racines paternelle et maternelle au Tchad. Avoir un seul parent ayant des racines au Tchad ne serait pas suffisant pour se revendiquer Tchadien. Surtout, être né d'un parent Blanc est une situation qui devrait définitivement restreindre vos chances de prétendre occuper des fonctions politiques au Tchad.

Dans l'absolue, il peut paraître surprenant qu'à notre époque de métissage, entre Noirs et Noires de différents pays, entre Blancs et Noirs ou encore entre toutes les races…, il puisse exister des individus pour tenir de tels propos. Il est encore plus surprenant que de tels propos soient tenus par une personne qui se revendique intellectuel, docteur, très haut fonctionnaire, diplomate de carrière ayant sillonné le monde et côtoyé diverses cultures.

Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, il est regrettable de constater que les propos de Monsieur Abakaka Mayo trouvent un appui dans la Constitution tchadienne qui classe expressément les Tchadiens en plusieurs catégories pour l'élection à la magistrature suprême. Notre Constitution (art.62) indique clairement que pour prétendre aux fonctions de Président de la République, il faut impérativement « être Tchadien de naissance né de père et de mère, eux-mêmes Tchadiens d'origine… ». Aussi, ni la nationalité que l'on peut acquérir jus soli ou jus sanguini, ni la naturalisation que l'on acquière en en faisant la demande, ne suffisent-elles à octroyer les mêmes droits à l'éligibilité qu'aux « vrais » Tchadiens, c'est-à-dire ceux qui sont nés de père et de mère Tchadiens « d'origine ». Cette disposition ne s'est pas retrouvée fortuitement dans la Constitution tchadienne. Elle a été défendue unguibis et rostro à la Conférence Nationale Souveraine (1993) par des individus qui pensent et réfléchissent exactement comme Abakaka Mayo. Elle a surtout été effectivement appliquée pour écarter la candidature d'Abderamane Khoulamallah lors de l'élection présidentielle de 1996. Les membres de la CENI ne se sont pas gênés de lui rappeler que sa mère était Soudanaise. La circonstance que sa mère ait passé toute sa vie au Tchad et que son père ait été plusieurs fois ministre et même Premier Ministre du 12 au 24 mars 1959, n'a pas suffi à faire de lui un « vrai » Tchadien.

Certains me rétorqueront sans doute qu'il est normal qu'il y ait des distinctions entre citoyens pour les fonctions du Président de la République. Notre Directeur de la Publication m'a fait la remarque suivante : « dans tous les pays, il existe des conditions pour être Président ». Cette remarque serait exacte si et seulement si elle n'insinue pas que la condition « d'origine tchadienne » posée par notre Constitution est une condition objective. Il est incontestable que pour occuper la plus haute fonction de l'Etat, il faut au moins établir ses attaches avec le pays qu'on prétend diriger. Cette condition est à mon sens valable pour toutes les fonctions politiques, quelles qu'elles soient. Par exemple, la Constitution exige des candidats à la présidence qu'ils aient au moins 35 ans et qu'il n'aient pas une double nationalité. Je suis entièrement d'accord avec cette dernière exigence. L'on ne peut pas être naturalisé Français ou Canadien et ensuite venir prétendre diriger le Tchad. Déjà dans le domaine du sport en général et du football international en particulier, un joueur ayant participé à une compétition internationale sous les couleurs d'un pays ne peut plus faire partie de l'équipe nationale d'un autre pays. A fortiori, diriger un pays doit exclure la double nationalité.

Ce qui est totalement absurde, c'est d'exiger, pour les fonctions présidentielles, une filiation doublement originelle avec son propre pays. Si cette condition subjective est appliquée dans les démocraties occidentales, ni Sarkozy (25% Français) ni Obama (12,5% Américain) ne pourrait prétendre exercer des fonctions politiques dans leurs pays respectifs. Surtout si comme le prétend Abakaka Mayo, il faut avoir une double filiation paternelle et maternelle avant d'occuper des postes politiques dans un pays donné, l'acteur américain Schwarzenegger n'aurait pas été élu Gouverneur de l'Etat de Californie. À moins de modifier la Constitution pour en abroger la disposition sur la double racine tchadienne, gageons que les membres de la CENI ne se gêneront pas de contester éventuellement la qualité de « vrai » Tchadien de : mon ami Ahmat Yacoub d'Alwihda et de ses enfants, du ministre Adoum Younousmi et de ses enfants, du juge Ahmed Bartchiret et de ses enfants, de Moukhtar Wawa Dahab et de ses enfants, de Kogri Issa et de ses enfants, des enfants d'Hissein Habré de mère sénégalaise, des enfants d'Idriss Déby nés de Wazouna. Bref, de tout Tchadien ou descendants de Tchadiens n'ayant pas une double racine au Tchad. Et en ces temps de test ADN, il serait difficile de cacher sa double filiation étrangère et tchadienne.

Mais être Tchadien, est-ce seulement être né de père et de mère Tchadiens d'origine ? Beaucoup de nos compatriotes sont Tchadiens sans avoir une double racine au Tchad. Ils doivent néanmoins jouir des mêmes droits que tous les Tchadiens de « souche » à l'éligibilité à la plus haute fonction de l'Etat. Et puis, si l'on devait continuer à raisonner en termes d'origine, je voudrais que l'on me dise à partir de quelle époque faut-il situer l'origine du Tchad. À partir du 25 février 1885 ou seulement depuis le 11 août 1960 ? Et pourquoi pas avant ou après ces deux dates ? Dans une récente « mise au point » adressée à un certain Kossadingar, qui aurait voulu lui contester son appartenance à la nation tchadienne, le Ministre des relations extérieures, Monsieur Allam-mi, s'est-il senti obligé de préciser qu'il est « le fruit d'un métissage de Gorane, d'Arabe et de Français ». Il précise ensuite avoir vu le jour à Faya où naquirent d'ailleurs sa mère ainsi que ses grands parents. Il dit aussi avoir fait l'essentiel de ses études primaires et secondaires au Tchad où il a obtenu son bac avant de partir en France pour y poursuivre ses études supérieures qu'il a achevées au Cameroun grâce à une bourse tchadienne. Enfin, il aurait intégré le Ministère des relations extérieures où il a effectué toute sa carrière professionnelle conformément à sa formation universitaire. Il dit parler la langue française et le dialecte gorane. L'on suppose aussi qu'il parle parfaitement l'arabe véhiculaire tchadien.

Précisions utiles sans doute pour donner des indications sur sa filiation métisse, mais précision manifestement superflues pour revendiquer ses attaches avec le Tchad. Ahmad Allam-mi est Tchadien de notoriété publique. Il représente le Tchad sur le plan international et ne revendique aucune autre nationalité que sa nationalité tchadienne. Monsieur Abakaka Mayo me semble être un dangereux Lepéniste (idéologie de Jean-Marie Le Pen, politique français raciste et xénophobe). Il le revendique d'ailleurs au travers de cette affirmation : « Le Tchad a besoin d'un homme d'expérience certes, mais ayant une identité crédible et conforme aux réalités nationales pour conduire sa politique étrangère ». Réveillez-vous Monsieur Mayo Abakaka. Vous vivez aux USA et on est au 21e siècle. On ne choisi pas ses parents on ne choisi pas non plus son pays de naissance. Si vous-même vous avez « réussi » à garder vos prétendues attaches originelles avec le Tchad, rien ne vous détermine à croire que cette situation sera maintenue par vos descendants. Et j'espère que si par hasard un de vos petits-enfants arrivait à avoir une filiation à moitié étrangère, vous ne lui fermerez pas les portes de la fonction publique. Je l'espère vraiment.

Lyadish AHMED




1.Posté par Abderamane Oki Youssouf le 16/01/2008 21:22 | Alerter
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Réponse à Mr Mayo

J'avais lu avec beaucoup d'intérêts le débat posé par Monsieur Hassane Mayo sur la diplomatie tchadienne. Débat en soit, qui n'est peut être que constructif et salutaire dans la mesure où il permet d'analyser les problèmes de notre diplomatie et partant de là, les nombreux problèmes socio-politiques que nous vivons actuellement au Tchad. Et ce débat nous aurait appelés à une prise de conscience collective sur les problèmes de notre pays.

Mais malheureusement Monsieur Mayo semble enfourcher un autre cheval. Celui du tribalisme, de la division, du racisme pur et simple. Des choses que le Tchad n'a plus besoin.
Il accuse les autres intervenants de tribalisme et de régionalisme alors que le grand cadre qu'il est, se rabaisse continuellement en recentrant le débat au tour de sa personne et celle du Ministre Ahmat Allam Mi.

En effet, à la lecture des différentes interventions Monsieur Mayo semble être un brillant diplomate. Mais la lecture de ses propres écrits laisse voir son étroitesse d'esprit. Ses interventions laissent entrevoir ce qu'il cherche en réalité et inlassablement : attirer l'attention du président de la République sur lui. Si Monsieur Mayo est le Ministre des affaires étrangères de la République du Tchad à l'ère actuelle, peut-il changer quelque chose à la situation du Tchad ? Je ne le pense pas. Monsieur Mayo critique le clientélisme d'Etat qui gangrène le Tchad alors qu'il s'y livre lui-même sans vergogne. Est-il nécessaire de discréditer les autres Tchadiens pour dire « je suis là » ?

Comment un haut cadre de surcroît un diplomate de la pointure de Monsieur Mayo peut-il ignorer la définition la plus élémentaire qu'il soit de ce qu'on appelle « La Nation » ? Appartenir à la Nation tchadienne ne signifie pas forcement avoir des parents Tchadiennes ou d'origine tchadienne comme le diraient certains mais c'est plutôt une question de choix personnel. On décide d'appartenir à une Nation et de l'aimée entant que sienne cette Nation.

Monsieur Mayo qui vit probablement aux Etats-Unis d'Amérique et qui a travaillé au Nations Unis doit être le premier à savoir la richesse du métissage et le brassage entre peuples de cultures différentes.

Il serait aussi intéressant de demander à Monsieur Mayo sa définition du métissage car il semble nous faire comprendre qu'il faut être un noir ou avoir des cheveux peut être crépus pour prétendre être un haut cadre au Tchad. Alors que le Tchad lui-même n'est que le fruit du métissage de plusieurs peuples et plusieurs cultures.

Monsieur Mayo cherche à nous faire comprendre que si la diplomatie tchadienne ne marche pas, c'est parce que le Ministre Allam Mi est un métis ou de peau claire alors que l'ancien Ministre des affaires étrangères du Tchad Monsieur Annadif qui a représenté le Tchad avec brio et qui représente actuellement toute l'Afrique et aussi un Tchadien de peau claire.

Le débat aurait pu être à la hauteur de la carrière diplomatique de Monsieur Mayo s'il nous disait que le Ministre Allam Mi n'a pas attache avec le Tchad parce qu'il l'avait trahi contre un autre pays. Il aurait pu être aussi intéressant s'il nous disait que le Ministre n'est pas en mesure de défendre les intérêts du Tchad. Ce qui n'est pas encore le cas. Reprocher à quelqu'un juste la couleur de sa peau et les origines de ses parents et de conclure qu'il est indigne de représenter son pays n'est rien d'autre que de la mesquinerie et une méconnaissance grave de l'Histoire des peuples pour un grand diplomate.

Il n'est un secret pour personne que le Tchad entant qu'Etat a beaucoup de problèmes en ce moment. Ces problèmes sont dus en grande partie au manque de rigueur dans la gestion de l'Etat et au manque de discipline de beaucoup des Tchadiens et non l'?uvre d' Ahmat Allam Mi.

Je ne connais pas le Ministre Allam Mi mais sa réponse au Docteur Kosadingar montre son sens du dialogue et sa hauteur de vue. Et le parcours diplomatique du Ministre Allam Mi que Monsieur Mayo ne peut nier, montre s'il a « des attaches sérieuses » avec le Tchad ou pas. Jusqu'à preuve du contraire Monsieur Ahmat Allam Mi demeure un haut cadre de l'Etat tchadien. Il est un Tchadien comme nous tous. C'est aussi un homme qui a servi et qui continue de servir son pays avec honneur et loyauté, malgré des conditions socio-politiques difficiles contrairement à Monsieur Mayo et d'autres exilés économiques.

Abderamane Oki Youssouf
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