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INTERNATIONAL

Au Mali, soldats tchadiens rêvent d'un "combat face-à-face de 30mn" avec l'ennemi caché


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 10 Mars 2017


Depuis 2013, 118 casques bleus ont perdu la vie au Mali. La MINUSMA est la mission la plus meurtrière de l'histoire des Nations Unis.


La force onusienne rend hommage à l'armée tchadienne qui a payé "le plus lourd tribut"

Depuis le début de la crise malienne, le Tchad est le premier pays africain à avoir envoyé ses troupes pour participer à la libération du Nord du Mali. Régulièrement pris pour cible par des groupes terroristes, les Casques Bleus Tchadiens de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) ont payé le plus lourd tribut. 

Du thé chaud, bouilli sur charbon, la radio en marche et de la musique au lever du soleil, les soldats tchadiens regroupés dans un camp à Kidal, n'ont pas fait l'impasse sur leur mode de vie habituel.

A côté, un militaire tchadien en treillis lave son uniforme avec ses mains dans un sceau, un peu plus loin, un autre guerrier fait des pompes sur les poings.

"Chaque matin, vous devez suivre toutes les consignes que je vous donne et rendre compte de l'exécution de ces ordres", explique un chef, lors d'un briefing matinal.
Des soldats "noyés d'un courage", la marque "des grandes armées"

Pour le sergent-chef du bataillon tchadien de la MINUSMA, Mahamat Tahir Moussa Abdoulaye, c'est la paix qu'il faut promouvoir. Il raconte son parcours, dans la garde nationale en 2009, puis dans la sécurisation du Palais présidentiel au Tchad, de 2010 à 2013, jusqu'à son départ pour le Mali.

Les soldats tchadiens sont "noyés d'un courage, parfois à la limite de l'insouciance, de l'intrépidité, qui est la marque des grandes armées, et surtout sur le théâtre du secteur nord, secteur difficile. C'est la troupe idoine pour mener le combat et faire appliquer le processus de paix dans la région", explique le colonel Eric Philipp, commandant adjoint du secteur nord de la MINUSMA.

"Si l'ennemi avait le courage pour un face-à-face, dans maximum 30 minutes nous maîtrisons"

"Si l'ennemi venait pour nous confronter dans un face-à-face, dans maximum 30 minutes nous pourrions maîtriser le combat. La difficulté pour nous ici, c'est que l'ennemi se cache, on ne le voit pas. De loin, ils nous lancent des mortiers ou ils posent des mines. S'ils avaient le courage de venir nous affronter dans un face-à-face, ça serait très facile pour nous de maîtriser le combat", souligne Mahamat Tahir, qui regrette la mort de la plupart de ses amis au Mali avec qu'il "mangeait, vivait", tandis que d'autres sont blessés.

Le colonel Abdelsalam Malick Yacoub, commandant du bataillon tchadien de la MINUSMA explique que "le tchadien est né guerrier, ça se trouve dans notre sang. Nous, on recule jamais parce que la tradition nous oblige de faire l'impossible". Et d'ajouter qu'au Mali, "l'armée tchadienne agi dans les zones les plus dangereuses. La zone est très hostile, on ne peut pas faire 200 ou 300km sans sauter sur une mine".

Une grande proximité avec les habitants de Kidal

Lors des patrouilles, les soldats tchadiens n'hésitent pas à aller au contact des populations et des jeunes enfants, malgré les risques d'embuscades et la présence de mines ou d'engins explosifs improvisés, déclenchés parfois à distance par téléphone.

"Lorsque nous sortons en patrouille en ville, nous rentrons toujours en contact avec la population locale. Quand ils nous voient, les enfants viennent souvent vers nous. On leur donne quelques pièces si nous en avons, cent francs, cinq cents francs. Si nous avons des gâteaux qui ne sont pas périmés, on leur donne", explique le sergent tchadien.

"La tradition malienne et la tradition tchadienne, c'est presque la même chose. Il n'y a pas une différence. Nous les tchadiens, on a gagné la confiance des populations du Nord Mali", ajoute un autre militaire du contingent. A côté de lui, un soldat tchadien prend un très jeune enfant dans ses mains et demande, tel l'instinct paternel, à ce que l'enfant soit mieux habillé car il fait froid.

"La rusticité et la combativité de ces soldats est assez étonnante"

Le colonel Eric Philipp explique que "l'énorme avantage qu'on a, avec les tchadiens, c'est la proximité avec la population. Le soldat tchadien est un soldat pieux. Leur approche à la mort est totalement différente. C'est une forme de fatalisme. La rusticité et la combativité de ces soldats est assez étonnante".

"Nous n'avons pas peur de mourir parceque notre vie est dans les mains de Dieu. Nous n'avons pas peur des mortiers ou des mines car nous avons grandi dans notre pays en guerre, nous avons toujours vécu dans la guerre", conclut le sergent chef tchadien, qui n'hésite pas à mettre une musique traditionnelle sur son smartphone, en pleine mission de nuit.















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