Cameroun / Arts plastiques : martyrs et héros réhabilités

Au cours de l’exposition, une vingtaine d’œuvres ont été présentées sous forme de tableaux en obom, en vases et autres pièces en céramique. Certaines créations étaient accrochées, d’autres posées sur des supports. Bien plus, il s'est agi d'une réinterprétation de l'alphabet vah, appliqué au prestigieux tissu bantou obom et à la céramique. Le vah étant l’alphabet bassa présent au Brésil, en Afrique de l’Ouest, au Libéria et au Cameroun.
La thématique qui sous-tendait l’exposition portait sur "les martyrs et héros oubliés du Cameroun". «Nous en avons choisi dix, au hasard et pris les initiales de leur nom et nous sommes rentrés dans le vah pour leur transcription », explique Mme Brigitte Nga Ondigui, commissaire de l’exposition et historienne de l’art. C'est donc à partir de là que l’on a pu créer de nouveaux motifs qui ont une portée artistique, esthétique, symbolique et pédagogique. Les objectifs de cette expo-science étaient multiples : faire comprendre à un public à large spectre que le rayonnement de la culture africaine passe par la réhabilitation des traditions, en mettant en valeur les pratiques et les techniques traditionnelles, les cultures immatérielles et les savoirs endogéniques de l’Afrique.
Ainsi, dans un monde où la perspective du « donner » et du « recevoir » prime, chaque nation, chaque Homme doit y apporter sa modeste contribution. L’on a ainsi présenté la riche diversité linguistique, textile et artistique du Cameroun et sensibilisé les uns et les autres sur l’importance des langues locales et faire si possible, une exposition itinérante à travers le Cameroun et l’Afrique.
Retour dans l’histoire
L’exposition« les martyrs et héros oubliés du Cameroun » a fourni au public un spicilège iconographique, permettant de faire un retour dans l’histoire du Cameroun. Cette histoire qui malheureusement n’a pas présenté certains de ces martyrs et héros, qui ont ardument tenu et défendu une idéologie pour un Cameroun libre et pour une Afrique émergente. « Ce qui sert de prétexte à ce nous nommons dans le collectif, le refus de l’oubli », affirme Brigitte Nga Ondigui. Les méconnus sont entre autres Nkongo Mekongo, Amgba Bissogo, Augustin Ngom Jua, Ibrahim Njoya, Marcel Bebey Eyidi, Kuva Likenye, Madola, Karnou, le lamido de Bengui.
Il est question donc de la réappropriation des écritures et langues, afin d’en créer de nouveaux motifs, sous-tendus par une symbolique. A terme, ces motifs seront utilisés, pas uniquement pour leur aspect esthétique, mais également pour leur sens incluant un contexte spécifique. « C'est une exposition de céramique pas comme les autres. Car nous avons créé de nouveaux motifs africains à partir des initiales de ces héros », déclare Brigitte Nga Ondigui.
Le collectif « DANS LA TETE DE MON PEUPLE » est un groupe de recherche sur les arts et le patrimoine, fondé par l’artiste et historienne de l’art Brigitte Nga Ondigui. Il a pour objectif majeur, la réappropriation, la réhabilitation et la promotion de ces savoirs qui font référence à une identité culturelle qui doit se pérenniser dans sa totalité. Ce regroupement culturel qui réunit en son sein, plusieurs jeunes dans différents domaines des métiers de l’art et du patrimoine, œuvre pour devenir l’une des vitrines pour une jeunesse engagée dans la pérennité des valeurs traditionnelles.
Par ailleurs, le collectif encourage la création et la promotion artistique, tout en assurant, entres autres, l’interface entre les chercheurs et les promoteurs culturels et la diplomatie culturelle. Il assure enfin la promotion de l’ingénierie artistique et culturelle et la formation, l’audit et les conseils artistiques et culturels.