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ANALYSE

Centrafrique : De l’élucubration d’une politique de désarmement français à la flambée des massacres


Alwihda Info | Par Jean-Gualbert TOGBA - 22 Décembre 2013



Par Jean-Gualbert TOGBA

Quelque 1.600 soldats français sont désormais "engagés dans l'opération Sangaris" en Centrafrique. (Fred Dufour - AFP)
Quelque 1.600 soldats français sont désormais "engagés dans l'opération Sangaris" en Centrafrique. (Fred Dufour - AFP)
La France a fait de grand bruit à l’ONU pour en arriver là ?

Aussi curieux que ça puisse paraître, l’intervention française pour le désarmement attendue et acclamée par toute la population centrafricaine a réveillé les démons des massacres et occasionné une flambée de violence qui a augmenté de 120 % par rapport aux massacres d’avant le désarmement.

Valait-il la peine que la France intervienne en Centrafrique ?

Il serait malsain et malhonnête de ne pas reconnaitre la nécessité de l’intervention française mais tout de même, il est inadmissible de supporter une intervention dans les contours politiques aussi flous que les objectifs définis ne sont pas de nature à ramener la paix. Même si unanimement toute la classe politique française a salué cette intervention en Centrafrique pour des raisons humanitaires. Il n’en demeure pas moins que des réserves aient été émises par les certains députés français sur les flous de cette politique qui est entrain de montrer ces limites. Limites dans les objectifs, limites dans le traitement de la cause. Ainsi, Bruno Le Maire, ancien ministre de l’agriculture de Sarkozy a reconnu dans une interview dans RTL que « la raison politique de l’intervention n’est pas claire », il a souligné le peu de clarté dans la politique de Hollande. Ce qui se vérifie aujourd’hui sur le terrain.

La France, à force de denier la revendication du peuple centrafricain pour stopper l’engrenage des exactions, se retrouve devant le fait accompli. Elle a laissé en gestation la source des problèmes qui est rejetée et décriée par toute la population et qui est la cause de la liquéfaction et la descente aux enfers des centrafricains. Il va de soi que le peuple centrafricain victime d’une agression se mette en légitime défense parce que les autorités françaises protègent les auteurs de cette descente aux enfers et simultanément, on assiste à un discours sur l’impunité qui ne se vérifie pas dans les faits. Et dans le même temps, elle impose que les principaux auteurs des crimes contre la Nation centrafricaine conduisent la destinée d’un pays qu’ils massacrent. Les centrafricains vivent très mal cette injustice qui est l’impunité accordée à Michel Ndjotodia et ses acolytes qui appellent à la haine et qui tuent en toute impunité.

Décryptage de la flambée de la violence

Dans un post en fin novembre publié dans le Journal du Gabon le 04 décembre, intitulé La France face à l’auto handicap de la Centrafrique: L’impunité, j’ai souligné cette difficulté du désarmement à avenir et de l’embrasement de la violence qui s’en suivra http://www.journaldugabon.com/article.php?aid=1671

1 - Tout part des foutus accords de Libreville. De OBAMA à HOLLANDE en passant BAN KIN-MOON et ANGELA MERKEL, tous à l’unisson ont piétiné les basics règles de droit. Des notions élémentaires que n’importe quel étudiant aux premiers cours d’introduction en droit se serait saisi. A croire que dans leurs institutions, la moindre faute de virgule ou de point est permise. Ceci n’est pas dû à une méconnaissance de la loi, non loin de là, simplement, à un peuple de moindre importance à leurs yeux, moindre attention. A la hauteur d’un « pays sans intérêt », comme ils le disent très haut dans les medias. Des indigènes qu’ils peuvent ignorer leur droit, à un « sous peuple » qu’ils peuvent se permettre un comportement immoral et inintelligible.

Au lendemain du coup d’Etat du 24 mars, j’ai fait un appel aux membres du CNT, en soulignant la caducité des accords de Libreville. http://www.alwihdainfo.com/Centrafrique-L-election-de-Djotodia-n-a-aucune-existence-juridique-valable_a7219.html

A la mauvaise politique, mauvais résultat : La mauvaise politique, la mauvaise réponse apportée au traitement de la crise centrafricaine a naturellement conduit au mauvais résultat. Si une politique adéquate et adaptée avait été prônée, cela aurait entraînée la paix, la réconciliation et non une flambée de la violence et une rupture entre les communautés, ce qui ne me surprend guère.

Le peuple centrafricain a changé et sa maman la France n’a pas tenu compte du fait que la Nation centrafricaine est en phase à la secousse mondiale de la révolution socio-politique du changement planétaire où le peuple est prêt à s’offrir en chair à canon pour défendre ses droits et sa liberté.

2 – Le maintien de Michel Ndjotodia à la tête de la Transition verra naître sous le nez des troupes françaises et de la MISCA, des groupes rebelles et des bandes d’armée de tout genre pour le dégager par la même voix qui a emprunté pour le renverser. Ceci va compliquer la tâche des forces impliquées dans le désarmement. A lire dans la Nouvelle Centrafrique « Le goulot d’étranglement de la Centrafrique s’appelle la France, la CEMAC et l’ONU » http://www.lanouvellecentrafrique.info/centrafrique-le-goulot-detranglement-de-la-centrafrique-sappelle-la-france-la-ceemac-et-lonu/

3 – Le fait de citer et de présenter à tort les anti-balakas comme étant une milice chrétienne a faussé les donnes et a déporté la crise sur le terrain de la guerre confessionnelle ou les composants musulmans (civiles et sélékas, les troupes tchadiennes de la FOMAC) tuent les non musulmans. Et de l’autre coté, les proches des victimes s’adonnent au même rituel aux représailles pour venger les leurs et malheureusement, et de l’autre coté les représailles s’enchainent donnant naissance à une escalade de la violence qui a atteint maintenant le stade d’une guerre confessionnelle. Ce qui semblerait être le but recherché par ceux qui ont dénaturé la nature de la crise centrafricaine.

Jean-Gualbert TOGBA
Jean-Gualbert TOGBA
4 - Le peuple centrafricain vivait déjà sous l’influence tchadienne depuis le régime PATASEE. Une influence que le président tchadien a confirmée par son implication dans le coup d’Etat de Bozizé. Au jour d’aujourd’hui, cette influence s’est transformée en une servitude bicéphale où le président français François Hollande s’illustre au coté de son tchadien Idriss Deby, son fer de lance dans les opérations militaires en Afrique. Il ne reste plus que la participation des troupes tchadiennes aux conflits en moyen orient aux cotés de la France. Ce compagnonnage de fortune dans la crise centrafricaine a dénaturé le vrai visage de la crise où experts et analystes français ont réussi à détourner l’attention sur les vraies causes de la crise à traiter, pour la pacification du pays.

La présence tchadienne est une épine dans le désarmement et hypothèque le retour à la paix et à l’apaisement entre les communautés musulmane et chrétienne.

Cette politique déstabilisatrice via le chef rebelle Michel Ndjotodia qui par l’entremise da sa machine à tuer, la Séléka, exécute un plan machiavélique visant à islamiser la Centrafrique et au cas où ce plan venait à échouer, optera pour la scission de la Centrafrique dont le nord sera repris par le Tchad à cause du gisement pétrolier.

5 - La France à force de minimiser les propositions émanant des centrafricains pour une réponse appropriée à la crise, est entrain d’injecter sa part de dose au chaos. La France contribue à la montée de la haine en blanchissant un crime contre la Nation centrafricaine. Tant qu’elle continuera à imposer aux centrafricains de se soumettre à leurs bourreaux, Michel Ndjotodia et les troupes tchadiennes considérées par les centrafricains comme persona non grata.

Il est clair que dans l’état actuel des choses, la France doit revoir ses copies et corriger une politique qui suscite plus de massacres qu’avant le désarmement. Le Marechal Flamby déclarait, je cite : « Si nous sommes en Centrafrique, ce n’est pas pour protéger un régime, c’est pour protéger nos ressortissants et nos intérêts. On connait la suite, le massacre des civiles sous les yeux des 450 militaires français stationnés à l’aéroport de Bangui dans le cadre de l’opération Boali 2.

Cette politique de vouloir désarmer la Séléka tout en gardant leur chef Michel Ndjotodia en prétextant « qu’il est un interlocuteur indiscutable vu la situation » est l’une des raisins du mécontentement et de la flambée de violence.

Enfin, Il est temps que les ZIGUELE et tous ceux qui arboraient dans les medias leur soutien aux exactions, aux crimes de Ndjotodia et de la Séléka comme un fait normal qui découle des « effets collatéraux », endossent leur responsabilité dans cette production de masse des effets collatéraux.

Jean-Gualbert TOGBA



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