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ANALYSE

Dialogue social au Tchad : La plateforme revendicative vers une ficelle


Alwihda Info | Par AZOUDOUM DE BEINDO - 12 Mars 2017


Notre souhait est de voir le climat socio-politique se restaurer. Mais il ne faudrait pas que ça se passe par des manœuvres peu orthodoxes et malhommêtes.


La journée de la paix au Tchad. ©
La journée de la paix au Tchad. ©
Alors que la trêve de la plateforme syndicale totalise déjà soixante jours et plus, et que le gouvernement n’a pas bougé d’un iota de pas, celle-là, dont le chantre est Mahamat Nasradine Moussa, décide, sans commune mesure, de proroger une fois de plus sa trêve. Cette énième prolongation laisse septique certains travailleurs. Et pour cause …

Analyse

Il n’y a pas longtemps. La plateforme revendicative égratignait le gouvernement et le parti au pouvoir. Des déclarations virulentes. Mais le ton commence à baisser depuis le 04 mars dernier jusqu’à maintenant. Le communiqué de presse qu’elle a publié le 06 mars portant sur le maintien de la trêve pour un mois de plus, faisant suite à un protocole d’accord obtenu semble diminuer la confiance de certains travailleurs en leurs représentants.

En effet, ce protocole d’accord, obtenu en date du 6 mars dernier, dont nous avons eu une copie, est consenti et consigné par les protagonistes du dialogue social. Ils sont Mahamat Nasradine Moussa, Ali Abbas Seitchi et Abdelkérim Seid Bauche, respectivement porte-parole de la plateforme, représentant du comité national du dialogue social (CNDS) et le ministre de la fonction publique. Il comporte essentiellement quatre points entre autres. D’abord, gouvernement et plateforme s’engagent à poursuivre le dialogue en vue « d’examiner » les points non résolus, principalement le décret N°687/PR/MFP/2016 consacrant le gel des indemnités et la loi N°032/PR/2016 portant révision de droit de grève au Tchad. Ensuite, le gouvernement s’engage à tout mettre en œuvre pour payer, à termes échus, les salaires, les pensions des retraités, les primes des enseignants et chercheurs du supérieur et le traitement des primes des examens et concours de tous les enseignants, des frais de transport et des subsides des maîtres communautaires et à aviser les partenaires sociaux des difficultés éventuelles. Puis, il s’engage à mettre en place, dans un meilleur délai, un comité technique sous le CNDS et placé sous le parrainage du premier ministre ; et enfin, la plateforme s’engage à proroger la suspension de la grève afin de permettre la poursuite des négociations en vue de consacrer une paix sociale.

Voilà qui a dissuadé le ressentiment de la base de la plateforme. Ainsi, conformément au point 4 du protocole d’accord, la plateforme décide, avec l’accord de sa base, de suspendre la grève pour un délai de 30 jours. Selon les termes du communiqué qui en fait suite, cette prolongation doit permettre aux deux parties de résoudre les deux points, notamment le décret N°867 et la loi N°032 susmentionnés. Sous réserve desquels, la plateforme remettra en cause ce protocole d’accord et écourteront « le délai de grâce », d’après le propre terme de Mahamat Nasradine Moussa. Pour lui, la plateforme syndicale dont il est porte-parole « est en train de prouver sa bonne foi à l’égard de l’opinion nationale et internationale devant le pire que peut engendrer un débrayage ». Ainsi, de son avis, si le comité technique à mettre en place joue à la ruse, eux aussi, changeront du fusil d’épaule.

Sur ce dernier point, les citoyens avertis ne sont plus sur la même longueur d’ondes. De l’avis d’un membre de ladite plateforme, ce repli est une stratégie syndicale efficace. Car eu égard au contexte actuel, s’il faut appeler vite à la grève, cela prêterait le flanc au gouvernement à obliger les travailleurs qui tirent déjà le diable par la queue à vendre la mèche. Pour un autre observateur de la scène politique bien averti qui a requis l’anonymat, « Le deal est déjà ficelé (rire). Vous savez que le comité qu’on va mettre en place pour le dialogue fera de l’argent à tous les négociateurs. Ainsi, ils vont tous y lécher les doigts ».

Ce qui est sûr, le protocole d’accord émet un doute exprès du fait que « les deux parties s’engagent à poursuivre les négociations afin d’EXAMINER les différents points de revendications », qui serait un piège glissé sciemment pour créer la diversion au sein dudit comité. Ainsi, certains ne tardent à dire que le virus de Ngarmadjal Gami qui a immolé les militants du syndicat des enseignants du Tchad (SET) a déjà pris les leaders de la plateforme. De toutes les façons, notre souhait est de voir le climat socio-politique se restaurer. Mais il ne faudrait pas que ça se passe par des manœuvres peu orthodoxes et malhommêtes.




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