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AFRIQUE

Djibouti/Crimes contre l'humanité: Villa Christophe, le sinistre centre de torture du tortionnaire IOG


Alwihda Info | Par Mouvement patriotique "IOG doit partir" - 22 Novembre 2016



Djibouti/Crimes contre l'humanité: Villa Christophe, le sinistre centre de torture du tortionnaire IOG
Après la chute du dictateur tunisien Ben Ali, son successeur Moncef Marzouki a mis en place une instance chargée de la justice transitionnelle. En Tunisie post-ben Ali, il a été en effet instituée en décembre 2013 « l’Instance Vérité & Dignité », une instance indépendante qui ambitionne de « démanteler le système autoritaire et de faciliter la transition vers un État de droit en révélant la vérité sur les violations du passé, en déterminant la responsabilité de l’État dans ces violations, en demandant aux responsables de ces violations de rendre compte de leurs actes, en rétablissant les victimes dans leur droits et dignité, en préservant enfin la mémoire et en facilitant la réconciliation nationale ». Vaste et noble programme. Depuis sa création, cette instance a enregistré plus de 62 000 dossiers et a organisé plus de 10 500 audiences à huis clos. Les victimes de la barbarie de Ben Ali mais aussi celles de l'autoritarisme de Bourguiba se sont adressées en masse à l'instance vérité et dignité (IVD) pour témoigner des exactions et des violences qu'elles ont subies pendant les années noires. L'IVD a organisé jeudi dernier les premières auditions publiques de victimes de la dictature de Ben Ali/Bourguiba. Ces auditions ont été retransmises en direct à la télévision, pendant quatre heures. C'était l'occasion pour les victimes de témoigner, de raconter leurs histoires douloureuses et de citer les noms de leurs bourreaux en toute sécurité. Selon cette instance, l'objectif de cette opération est de redonner une voix aux victimes et de faire la lumière sur les exactions de l’État tortionnaire tunisien pendant plus de cinquante ans. Les premiers témoignages ont bouleversé les tunisiens, des récits qui ont glacé le sang des téléspectateurs. Espérons que cette instance réhabilite les victimes de la dictature, leur octroie réparation et justice.

En découvrant les récits de ces pauvres tunisiens victimes de la violence aveugle du régime de Ben Ali, nous nous sommes interrogés sur le cas de notre pays. Qu'en est-il de Djibouti en matière d'atteinte des droits de l'homme ? Quid des crimes commis par la dictature en place depuis 40 ans ?

Dans une interview donnée à son porte-voix appointée « jeune à fric », l'occupant de beit-el-wali IOG a déclaré que le tortionnaire tunisien était son modèle. Son maître à penser dans le domaine sécuritaire. Quand on voit ce que son « modèle » a fait subir à la population tunisienne durant son règne, on devine aisément la nature du régime de Guelleh. Ben Ali/IOG, même combat ? Dis moi qui est ton modèle en politique, je te dirai qui tu es. A Djibouti, force est d'admettre que le système en place depuis l'indépendance est une dictature féroce. En effet, un pouvoir tyrannique terrorise un peuple sans défense depuis quatre décades. Ce règne de terreur, point de le décrire pour les Djiboutiens puisqu'ils en subissent ses affres de plein fouet. Mais pour ceux qui douteraient encore de la nature criminelle du régime de Guelleh, nous leur invitons à lire les rapports des organisations internationales qui pointent année après année les violations des droits de l'homme à Djibouti. A moins d'être de mauvaise foi, on ne peut nier les exactions du pouvoir en place à Haramous à l'endroit de la population djiboutienne.

Parmi les atrocités du régime d'IOG, il convient de citer l'acte le plus cruel qu'un être humain puisse commettre à l'égard d'un autre. Cette pratique cruelle est la torture. Tout le monde s'accorde sur le fait qu'à Djibouti la torture a été et est pratiquée systématiquement sur tout Djiboutien qui tombe sous les griffes des forces répressives du pouvoir en place. Le recours à la torture, le dictateur Guelleh l'a reconnu lui-même officiellement dans son rapport initial présenté au Comité contre la torture, en juillet 2010. On peut lire dans ce rapport ceci : « dans la pratique, de nombreux abus sont commis par ignorance ou méconnaissance des règles de la part de certaines autorités administratives ou militaires, ou de certains membres des forces de l'ordre ».

A noter que le tyran IOG reconnaît ici explicitement l'usage routinière de la torture par ses préposés aux sales besognes. Et parmi les forces dite de l'ordre qui ont recours à cette pratique abjecte, il y a le puissant SDS qui l'a érigé en mode opératoire. Le SDS est l'acronyme de service de documentation et de sécurité intérieure et extérieure et il a été créé en novembre 1977 par l'autocrate Gouled (ordonnance n°77-052/PR). Pour comprendre la propension à la torture de ce corps, il suffit de prendre connaissance de deux articles contenus dans cette ordonnance. L'article 3 qui stipule que « Les activités du S.D.S. sont protégées par le secret d'État et ne doivent être connues que des personnes habilitées à cet effet par un texte spécial ». Et l'article 6 qui spécifie que « Le personnel du S.D.S. est habilité de plein droit à utiliser les procédures prévues en matière administrative et judiciaire en ce qui concerne les atteintes à la sûreté de l'État ».

De cette ordonnance, il résulte donc deux choses : l'autorisation implicite du recours à la torture et la garantie d'une impunité totale. Aussi incroyable que cela puisse paraître, l'ordonnance signée par le Vieux institutionnalise non seulement la torture mais aussi donne un blanc seing au personnel du SDS qui peut recourir à cette cruelle pratique systématiquement et en toute impunité. Bref, on a accordé à ce puissant corps un permis de torturer. Dès sa création, le SDS avait donc les coudées franches pour agir comme bon lui semble. Sous le prétexte fallacieux de défense de la nation, ce service secret avait toute latitude pour user et abuser de la torture. Cette pratique a été en fait à la fois un moyen et un attribut pour le SDS qui avait carte blanche pour supplicier toutes les personnes soupçonnées d'être des ennemis de la dictature clanique. Dans le schéma mental de la clique au pouvoir, toute voix discordante ou même neutre constitue une menace pour le système et, à ce titre, elle doit passer sous les fourches caudines du SDS.
Enivré par ses attributions, la main tortionnaire du régime qu'est cette police politique va torturer à tout-va, de la torture à grande échelle. C’est ainsi que des supplices inouïes ont été infligées à des Djiboutiens, hommes et femmes. Les tortionnaires du SDS ont en effet torturé des milliers de nos compatriotes et ce depuis l'indépendance. Il faut noter que ces bourreaux assoiffés de sang ont agi sous les ordres du tortionnaire en chef, le sanguinaire Guelleh. C'est ce dernier qui a chapeauté de tout temps l'appareil répressif du pouvoir. C'est le criminel IOG qui donnait l'ordre de supplicier tel ou tel groupe ethnique. C'est lui ordonnait de torturer tel individu ou tel opposant. C'est le tortionnaire Guelleh qui a lancé les bourreaux du SDS à l'assaut d'une population civile sans défense pour l'avilir, la terroriser, la déshumaniser et la réduire à néant. Bref, c'est sous sa houlette que la torture a été utilisée à outrance pour combler le déficit de légitimité de la kleptocratie familiale. Et c'est aussi sous la férule du bourreau en chef IOG que la pratique de la torture a été érigée comme un moyen de gouvernement, un instrument du système.

Dans l'Allemagne hitlérienne, des penseurs nazis ont élaboré une fumeuse théorie selon laquelle devait être considéré « « tout citoyen comme un ennemi s'il n'apporte pas la garantie qu'il se comporte comme une personne méritant d'être traitée comme telle, ou s'il est suspecté de constituer pour la société un danger sérieux ». De la même manière, le tortionnaire Guelleh a décrété comme ennemi toute personne n'adhérant pas pleinement à l'idéologie de la tyrannie en place et se devait par conséquent de la mettre hors d'état de nuire. Pour cela, il va s'appuyer spécialement sur les tortionnaires du SDS et va mettre à leur disposition tous les moyens nécessaires pour mener à bien les basses besognes. C'est ainsi que ce puissant corps sera doté des moyens matériels, pécuniaires et humains conséquents.
Si toutes les forces répressives à la solde de la dictature clanique pratiquent la torture, celle qui remporte la palme d'horreur en matière de cette pratique abjecte est bien le SDS. A ce propos, cette police politique disposait de leur propre centre de torture, exclusivement destiné au supplice de la population djiboutienne. Ce temple de l'horreur était connu sous l'appellation de « Villa Christophe ».

« Villa Christophe », voilà un lieu qui évoque tout un univers de souffrance et de terreur. Un endroit qui rime avec supplice, torture, sévices en tous genres, calvaire, barbarie, humiliations, horreur. Pour les victimes suppliciées qui sont passées par ce temple de l'horreur, la « Villa Christophe » était l’antichambre de la mort. Le degré d'humanité de ce centre de torture est tout simplement effarant, fait froid dans le dos. Pour illustrer notre propos, il faut savoir que quelques 8000 personnes ont transité par la « Villa Christophe », un chiffre bien en deçà de la réalité. De personnes qui y ont subies toute sorte de torture. Des sévices orchestrés par les cruels et sadiques bourreaux du SDS.

La « villa Christophe » du nom de son ancien propriétaire, un entrepreneur français en poste à Djibouti pendant la période coloniale, est situé dans le quartier d'Ambouli. Plus précisément, ce temple de la torture est niché à quelques pâtés de maisons de l'ancien cinéma « Eden » et de la résidence dite Aquitaine pour gendarmes. Un endroit sinistre. C'est sans conteste le lieu le plus malfamé de notre pays. Et cette mauvaise réputation n'est pas sans fondement comme l'attestent les témoignages consignés dans un rapport de l'organisation internationale « Amnesty International » que nous nous sommes procurés. Un rapport intitulé « Les droits de l'homme à Djibouti : Rapport d'une visite d'Amnesty International » et disponible sur le site web de cette organisation internationale.

Les témoignages recueillis par Amnesty International sont tout simplement glaçants, insupportables à lire et bouleversants. C'est au cours d'une visite de travail dans notre pays que cette organisation a pu obtenir « des éléments de preuve convaincants » de la pratique de la torture sous les cieux de la dictature clanique. Les délégués d'Amnesty International ont en effet interrogé des personnes ayant transité par la « Villa Christophe », et toutes ont affirmé qu'elles ont subi « des mauvais traitements pendant leur détention » dans ce temple de l'horreur. Ces anciens prisonniers ont déclaré aussi qu'on « leur avait extorqué des aveux en utilisant des méthodes telles que la balançoire, une bouteille enfoncée dans l'anus, des décharges électriques, surtout sur les organes génitaux, des coups sur tout le corps, gifles, coups de poing et de pied avec de grosses chaussures ».

Nous avons sélectionné trois témoignages pour illustrer les sévices corporels subis par des pauvres victimes djiboutiennes. Plongée dans un récit de l'horreur. Âmes sensibles s'abstenir.

Le premier témoignage concerne les conditions d'interrogatoire, la victime a décrit son supplice en ces termes: "C'est la Section de documentation de sécurité (SDS) qui m'a gardé pendant six jours dans la villa Christophe où j'ai subi plusieurs formes de torture : flagellation des plantes de pieds et des parties du corps ; séances des serviettes mouillées sur le visage ; placage au sol mouillé, corps nu ; bouteille pleine d'eau suspendue aux testicules. Trois personnes, le plus souvent ivres, étaient chargées de cette besogne pour me faire dénoncer une liste de noms préétablie et pour m'obliger à collaborer".

Le deuxième témoignage est celui d'une victime qui a subi la torture dite « la balançoire ». C'est l'une des techniques de torture la plus cruelle. Elle consiste « à suspendre le détenu pieds et poings liés à une barre fixe posée sur deux tréteaux. Le détenu, qui a aussi un bâillon dans la bouche, est ainsi frappé à l'aide de câbles, de tuyaux d'arrosage, ou de bâtons. Dans cette position, il est injurié et contraint d'avaler jusqu'à l'étouffement des liquides absorbés par le bâillon, dont la composition peut varier entre de l'eau savonneuse, de l'eau sale et de l'eau mélangée à de la javel ». Voici son récit : "A l'intérieur, la maison était désaffectée et poussiéreuse. Au milieu de la place traînaient deux tréteaux, à gauche un bureau et deux chaises. L'aspirant ordonna de m'enlever les menottes et de me déshabiller. Je gardai cependant le strict minimum, un caleçon. Un gendarme m'obligea à m'asseoir à même le sol. Il ligota solidement mes pieds avec une corde, ceints préalablement d'une serpillière. Puis mes bras passés de part et d'autre de mes genoux, de façon à les envelopper, subirent le même traitement, serpillière et attache au niveau des poignets. Toujours la même personne introduisit un manche à balai sous mes genoux, de manière à ce que mes bras tendus lui servent de support. Ainsi saucissonné, deux gendarmes me déposèrent sur les tréteaux. Mon poids fit basculer mon corps vers le bas, la tête suspendue, les genoux en l'air, un second manche à balai vint s'intercaler cette fois entre le dessus de mes pieds et les tréteaux ; cette opération acheva de m'immobiliser. Dès lors, le moindre mouvement signifiait un supplice, dans la mesure où le manche à balai venait meurtrir mes pieds. A mesure que le temps passait, je sentais mes veines s'écraser contre la barre. Je suis resté longtemps suspendu ainsi, bougeant le moins possible".

Le troisième récit est sorti tout droit d'un film d'épouvante puisque il s'agit de l'horreur absolue. C'est le témoignage d'un supplicié qui a subi l’innommable, « une bouteille enfoncée dans l'anus » : "Ils m'ont allongé par terre et m'ont enfoncé une bouteille dans l'anus. Ils m'ont forcé à m'asseoir dessus, comme ils ont vu du sang couler, ils ont voulu l'enlever. La bouteille ne sortait pas et ils ont été obligés de casser le fond pour laisser partir l'air".

Horreur absolue. Une barbarie qui n'a rien à envier aux atrocités commises dans la tristement célèbre prison irakienne d'Abou Ghraib. Voilà le vrai visage du régime du tortionnaire Guelleh qui utilise la torture comme un instrument d’asservissement et de domination d'une population innocente et sans défense.

En tant que responsable direct de l'appareil répressif du régime, le sanguinaire Guelleh porte l'entière responsabilité des crimes contre l'humanité commis par ses escadrons de la mort. Par conséquent, il porte la responsabilité pénale individuelle en vertu du droit international.



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