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Interview de Mme Fatimé Raymonne HABRE


Alwihda Info | Par Adil Abou - 31 Mai 2016



27 MAI · PUBLIC C’est lundi matin que l’ancien Président tchadien, Hissein Habré, sera fixé sur son sort. A 72 heures du verdict de la Chambres africaine extraordinaire d’Assises, l’épouse de l’ancien homme fort de N’Djamena dit ses vérités, dans l’entretien exclusif qu’elle nous a accordé. Mme Fatimé Raymonne Habré, tout feu tout flamme. L’épilogue du procès du Président Habré sera connu ce lundi. Quel est l’état d’esprit qui vous animent vous et votre époux ? Tout au long de ces années, nous avons fait face à une situation très difficile portée par 3 présidents de la République qui ont mis de nombreuses institutions à contribution pour pousser la roue du complot et arriver, coûte que coûte, au procès. Après un lynchage médiatique et un harcèlement judiciaire qui ont duré plus de 15 années, nous sommes presque à la fin d’un long processus qui a permis de scanner l’État de droit et la démocratie sénégalaise. Nous avons, dès le début de cette affaire, pris très au sérieux la menace qui n’a cessé de planer sur nos têtes. On a ainsi réalisé qu’on pouvait vivre 25 années dans un pays, mettre au monde des enfants, enterrer ses parents et n’avoir aucun droit, et finalement se retrouver en prison. C’est un triste constat pour l’Afrique, pour le Sénégal. Nous sommes issus d’un pays qui a connu plus de 33 années de guerres et de situations conflictuelles entraînant des violences de toutes sortes. Après 25 années de vie au Sénégal, quand nous avons été agressés sur le plan politique, médiatique et judiciaire, nous nous sommes défendus juridiquement selon les règles qui régissent un État de droit. Ironie du sort, ceux qui ont toujours vécu dans un État de droit, s’y sont écartés volontairement. Mais l’exercice de ce droit de se défendre ne nous a pas été reconnu par la démocratie sénégalaise. L’ensemble de nos recours ont été bloqués par des manœuvres politiques. Si vous êtes dans un système qui ne fonctionne que pour vos ennemis, pour les protéger, les aider à marcher sur vous, à vous détruire, ce système est-il démocratique ? Si oui, alors la démocratie sénégalaise est en crise, elle est malade. Nous avons dû faire face à une grosse pression médiatique en mode quasi-continu, et ce, des années durant. Son objectif était de fragiliser notre situation dans ce pays, de maintenir l’affaire Habré au devant de l’actualité et de permettre aux politiques d’avancer vers le procès. Pendant ce temps, notre situation se résumait à un statut de "personnes en attente d’être jugés". A-t-on vu cela quelque part dans le monde ? L’argent de Kadhafi, les fonds pétroliers détournés par Deby, les réseaux françafricains, ont financé les Ong pendant ces longues années pour nous attaquer. Pour ces Ong africaines, le dossier Habré a été une énorme manne financière et ne fut, en aucun cas, une affaire de lutte contre l’impunité. Je voudrais dire aussi que beaucoup de violences a été déversée sur nous. Soyez plus explicite ? Des insultes, injures et calomnies par la presse nationale et internationale, par des autorités politiques, des magistrats, des avocats, et ce, avant et pendant le procès. Le Président Habré a été bousculé, maltraité, enlevé de force de notre domicile, otage transporté de force au soi-disant tribunal, maintenu de force jusqu’à le blesser à la main. Est-ce que le système démocratique du Sénégal a fonctionné pour nous ? Ou bien, il a été suspendu pour traiter notre cas ? Et pourtant, j’ai suivi les audiences à la Cpi, j’ai vu aussi celles des Tribunaux pénaux internationaux. Je n’ai jamais vu quelqu’un transporté de force, je n’ai jamais entendu un juge, un avocat ou un procureur insulter l’accusé. Je n’ai pas vu une salle remplie de gendarmes patrouillant dans les allées et chargés d’intimider les parents et amis de l’accusé. La violation du droit du Président de ne pas comparaître avait une raison ; celle de lui faire entendre les injures et les insultes, et c’est pourquoi, il a été demandé à tous d’insulter le Président Habré. Du président de la Cour à l’équipe du Procureur, en passant par les plaignants, les avocats et autres... Qu’avons-nous fait au Sénégal pour mériter tout cela ? Cela fait trois ans que le Président Habré est en prison. Qu’est-ce que cela a changé dans le quotidien des Sénégalais et Sénégalaises ? Le chômage a-t-il diminué ou le prix de la viande a baissé ? Rien de tout cela, hormis quelques cadeaux distribués à des hommes qui ont servi la françafrique dans l’affaire Habré, juste avant le procès, histoire de dire que le système est reconnaissant : Alioune Tine nommé directeur régional d’Amnesty International et Sidiki Kaba à la Cpi. Cette désignation a été conditionnée par l’occupation du poste par Sidiki Kaba et non pas par un haut magistrat que le Sénégal pouvait désigner. Le procès s’est tenu avec beaucoup de tensions... Ce faux-procès s’est tenu, comme ils l’ont voulu, préparé, organisé dans les moindres détails depuis plusieurs années, après de nombreux voyages au Tchad, des concertations préparations, briefings, un tri sélectif de personnes, de soi-disant experts, etc... Une fois, ce travail fini, ce montage a été transposé et déposé dans la salle n° 4 du Palais de justice entre les mains de magistrats qui l’ont accepté et ont été des complices de cette œuvre d’injustice qui heurte les consciences. Durant toute cette phase de pré-montage du procès au Tchad et en France, tout le monde peut faire le constat qu’ils n’ont jamais été dérangés par nous. Nous dénonçons, donc, la désinformation quasi quotidienne de Reed brody sur la sécurité des plaignants et autres mensonges grossiers. Dans ce procès françafricain, les chefs d’accusation étaient : crimes de guerre, crimes contre l’humanité, tortures et viols. Rapidement, quelques mots sur ce qui s’est passé devant ce tribunal d’un genre inconnu. En ce qui concerne les crimes de guerre. La situation de guerre s’impose dans la définition de crimes de guerre. Les juges se sont-ils penchés sur les guerres qui ont eu lieu pendant la période concernant leur compétence ? C’est-à-dire la guerre entre les groupes politico-militaires et la guerre avec la Libye. Pas du tout, ils ont procédé à une falsification de l’histoire du Tchad, ils ont mis la tête dans le sable et ignoré les crimes de l’armée libyenne, l’exécution des prisonniers et les disparitions du côté de Hissein Habré, dont les forces défendaient seules leur pays. Cette réécriture politique de l’histoire du Tchad de la part des magistrats venait démontrer que leur mission n’était pas de juger des faits répréhensibles, mais plutôt de punir un régime pour ses positions politiques qui dérangeaient les intérêts françafricains. Ces magistrats des Cae ne jugeaient pas des crimes, mais voulaient juger l’histoire, faire un procès politique à un pouvoir. Deux choses importantes sont venues les perturber dans l’évocation des crimes de guerre. Expliquez-nous donc ? Je crois qu’on est tous d’accord que dans un pays, c’est l’armée qui fait la guerre. En l’espèce, c’est l’armée tchadienne qui serait donc sur la sellette par rapport à d’éventuels crimes de guerre. Or, à l’époque des faits, c’est Idriss Deby qui est son chef d’État-major et qui avait la responsabilité sur le terrain militaire de la conduite des opérations ; c’est encore lui qui était présent physiquement sur le terrain des affrontements. Et le hic, c’est qu’il est le principal bailleur de fonds du procès, comment le mettre en accusation ? Plusieurs témoignages l’accablent directement, et pour couronner le tout, une plainte a été déposée devant les Cae contre Idriss Deby et certains officiers pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, tortures. Sur ce point encore, les magistrats des Cae ont été défaillants, ils ont dissimulé et refusé de faire témoigner des personnes entendues et qui accusaient Idriss Deby devant la Chambre d’instruction. Jusqu’à présent, le Procureur Mbacké Fall n’a pas enrôlé cette plainte. Alors, comment traiter ces crimes de guerre, quand vous ne cherchez ni la vérité ni à situer les responsabilités de tout un chacun. Enfin, il faut préciser que les Cae ont désigné et payé un expert militaire Rwandais, le Commandant Nsimfura de l’armée de Habyarimana, proche des Ong belges pour faire un rapport sur l’armée tchadienne. Au vu du déroulé des choses citées plus haut, on l’a rayé de la liste des experts devant être auditionnés devant la Cour, pour exposer son point de vue sur l’armée tchadienne. On se doit aussi de préciser la grogne au sein de cette armée tchadienne par rapport à ces accusations graves. La coalition occidentale mobilisée contre le Président Habré est bien contente et est consciente du sacrifice des militaires tchadiens dans les guerres au Mali, RCA, Nigeria. Elle a vite compris la nécessité de ne pas les fâcher et a recadré les choses auprès des magistrats des Cae en stoppant et exigeant de ne plus parler d’officiers militaires impliqués dans quoi que ce soit. Le rôle d’une armée, c’est de protéger son pays, et quand le Tchad a été envahi par la Libye et ses 10 000 hommes, c’est l’armée tchadienne organisée par Hissein Habré qui a récupéré son territoire. Après sa victoire sur Kadhafi, le Président Habré, en homme d’État, a saisi la Cij de La Haye pour qu’elle tranche l’affaire de la bande d’Aozou revendiquée par Kadhafi et qui lui a servi de prétexte pour envahir tout le Tchad. Le 2 février 1994, la Cij a dit que Aouzou est une terre tchadienne. Ce faisant, cette décision historique sécurisait à jamais l’appartenance de Aouzou au Tchad ; cette décision a aussi, et par voie de conséquence, posé : que la guerre menée par le Président Habré est une guerre juste, légale et légitime, puisque son objectif a été la défense et la récupération d’un territoire occupé illégalement par la Libye. C’est une vérité historique que le Procureur Mbacké Fall a essayé de nier en falsifiant l’histoire. Que dites-vous des accusations de tortures et de crimes contre l’humanité ? Pour les cas de tortures et de crimes contre l’humanité. La définition des crimes contre l’humanité suppose des attaques générales, systématiques et planifiées contre des populations civiles. Il n’y a jamais eu ce genre de pratiques au Tchad, malgré la gravité des événements. D’ailleurs, les audiences l’ont bien démontré, malgré les excès de zèle, à charge, de l’équipe du Procureur. La torture existe, malheureusement, dans tous les pays, en temps de guerre, dans les périodes et circonstances exceptionnelles, elle est utilisée par tous les protagonistes. Le général français Aussaress disait "qu’en temps de guerre, la torture est un mal nécessaire". La DDS a déployé des efforts importants pour protéger les populations tchadiennes des actions subversives menées par les mercenaires de Kadhafi, hommes et femmes. J’invite les gens à consulter sur le net les câbles publiés par Wikileaks "Annual Report of Terrorism" portant sur la période du régime Habré où l’ambassade américaine évoque l’extrême tension qui pesait sur les services de la DDS causée par les actions terroristes menées par la Libye depuis le Nigeria, le Cameroun et le Bénin contre le régime du Président Habré. Et ce câble cite nommément le plasticage du pont Ngueli pour couper le Tchad du Cameroun, l’introduction d’une valise bourrée d’explosifs pour la faire exploser en Conseil de ministres, la destruction par bombes de bâtiments publics au Sud. Tout le monde le sait au Tchad. Aujourd’hui, depuis l’attentat du 11 septembre 2001, qui a fait plus de 3000 morts américains, la torture a été légalisée par le Patriot Act. Je pense que la guerre contre la Libye a coûté la vie à beaucoup plus de personnes, 15 000 jeunes tchadiens bien identifiés avec nom des père et mère ont sacrifié leurs vies pour leur pays. Ce sacrifice a été ignoré et méprisé par les magistrats des Cae. Ces jeunes qui ont sauvé leur pays, mais aussi toute la sous-région des visées de Kadhafi, sont une grande réalité pas comme les mensonges des Ong et leur chef Reed Brody sur les soi-disant 40 000 morts du régime Habré, dont plus personne, aujourd’hui, ne veut reconnaître en avoir parlé. Ce crime médiatique devra-t-il rester impuni ? Personne n’a accusé le Président Habré de l’avoir torturé, le montage du dossier consiste à vouloir rendre responsable le Président en tant que responsable supérieur hiérarchique, parce qu’il est Président de la République. Et alors, où sont les auteurs directs et autres responsables intermédiaires de la chaîne de commandement ? Qu’en est-il des accusations de viols avancées par plusieurs femmes ? Tout d’abord, je voudrais souligner que, depuis 15 ans, on a tout entendu de la part des Ong et de leurs recrues, mais personne n’a jamais parlé de viols. Même lors des auditions devant la Chambre d’Instruction, personne n’a parlé de viols. Alors, qu’est-ce qui a fait qu’en plein procès, Reed Brody a eu besoin d’opérer ce virage dans la procédure ? Tout simplement, parce que, vous avez beau être mobilisé, obsédé à vouloir tout contrôler, tout prévoir, c’est le Tout-Puissant qui décide parfois de placer un grain de sable qui va venir bloquer la grosse machine à tuer de M. Brody. Le déroulement des audiences a révélé des contradictions entre les dépositions sur Pv et en salle, de nombreuses personnes ont déclaré n’avoir jamais signé lesdits Pv, dont on voulait leur attribuer la signature y figurant ; beaucoup ont parlé des briefings de Reed Brody. Donc, cela se présentait mal. En deux mois d’audience, aucune preuve n’a pu être apportée par les soi-disant témoins contre le Président Habré, C’est la raison pour laquelle, il est allé fabriquer cette affaire de viols pour essayer d’impliquer personnellement le Président Habré. Il y a eu deux accusations de viols. D’abord, celle des 3 femmes arrêtées pour activité d’espionnage au profit de la Libye et du Gunt qui ont déclaré avoir été violées par les militaires. Une remarque importante, la mascotte de Reed Brody, M. Clément Abaifouta, dans sa déposition devant la Cour, a démenti ces femmes, en parlant lui de rapports consentis et monnayés. Une autre femme parmi ces espionnes a, elle aussi, nié la pratique des viols ; il s’agit de Mme Madina Fadoul qui a dit à la Cour, en répondant à la question : "Non, il n’y avait pas de viols, ces militaires ne nous regardaient même pas comme des femmes, ils étaient plutôt occupés à faire leur travail ". Quand on est dans un vrai procès, les juges enquêtent sur la crédibilité des accusations, enquêtent aussi sur la personnalité de ceux et celles qui accusent, enquêtent sur leur histoire, sur leurs activités politiques, sur leurs motivations pour trancher sur la véracité de leurs accusations. Rien, absolument rien, n’a été fait. Des juges d’instruction aux juges d’assises, personne n’a fait son devoir de juge pour exécuter sa mission de juger en son âme et conscience et de rechercher la vérité. A part, Mme Madina Fadoul, toutes les autres sont des femmes de mauvaise vie, avec un passé trouble, elles ont mené des activités de renseignement, mis en place des réseaux de recrutement de terroristes au Nigeria, au Bénin, au Cameroun. Leurs activités étaient dangereuses et ont causé des pertes en vie humaines. Elles le faisaient pour les pétrodollars libyens. Cette affaire pose la question des femmes dans la guerre. Un pays comme la France, à la fin de la guerre en 1944-45, en quelques jours, la résistance française a fait exécuter des centaines de femmes qui ont agi aux côtés du régime nazi, mais aussi, on a tondu sur la place publique plus de 25 000 femmes qui avaient entretenu des relations avec des Allemands. C’est un fait historique indéniable ; cette façon de les marquer était une terrible punition, tache sur l’ensemble de leur famille, la femme tondue était exclue de la société, beaucoup ont vécu des années dans les greniers ou les caves. De nombreuses familles pendant des générations, en retrouvant des photos découvraient brusquement le passé de leur arrière grand-mère, grand-mère etc. C’est tragique. Ces accusations vous ont touchée ? J’ai été plus en colère qu’autre chose. Les relations sulfureuses de Mme Zeydane avec les militaires libyens sont connues de tous au Tchad. Ce qui est important dans cette affaire, c’est qu’on voit intervenir des femmes mêlées à des activités avec l’ennemi occupant le pays, organisant de la prostitution, du renseignement, de la dénonciation de personnes appartenant à la résistance. Dans ce procès, on leur a promis beaucoup d’argent, ce sont les sales méthodes de Reed Brody qui ne recule devant rien, quand il s’agit de s’attaquer à des leaders africains. Je voudrais dire aussi quelques mots sur une autre femme, en l’occurrence Mariam Ahmat Djemil, épouse de Hassan Djamous qui est venue nous dire que le Président Habré est un criminel. Mariam Ahmat Djamil est actuellement la présidente des femmes du MPS, le parti politique de Deby. Si les juges avaient, là aussi, fait leurs enquêtes, sur son histoire sa crédibilité, sa moralité, on aurait su que sous le régime Habré, son attitude indigne, sa relation avec Idriss Deby, dont elle a été la maîtresse, a failli créer de gros problèmes au sommet de l’État tchadien. Son mari, Hassan Djamouss, était chef d’État-major, et Idriss Deby coiffait tous les services de sécurité du pays. Imaginez l’affaire, quand les services de renseignements ont informé les principaux responsables de l’infidélité de Mariam Ahmat Djemil et de son attitude inqualifiable qui risquait de provoquer de graves violences. Ordre a été donné aux services de tout faire pour éviter que l’indignité de Mme Djamouss soit connue. A la mort de son mari aux combats, elle a continué sa relation avec Idriss Deby devenu Président. Les frères de son mari ont refusé d’appliquer la coutume Zaghawa qui veut que lorsqu’un homme décède, l’un de ses frères épouse la femme du défunt. A cause de sa moralité infâme, aucun de frères ou proches parents de Djamouss n’a voulu d’elle. Donc, c’est une femme en errance dans les couloirs de la Présidence d’Idriss Deby qui vient nous dire, ici, n’importe quoi, sous prétexte qu’on leur a dit : "L’État du Sénégal est contre le Président Habré, vous pouvez dire tout sans problème". En parlant plus haut de femmes dans la guerre contre le Président Habré, citons aussi celles qui agissent, aujourd’hui, dans la guerre judiciaire, ici, à Dakar. Reed Brody aime instrumentaliser les femmes, les utiliser. Ainsi, nous avons eu Mme Élise Le Gal et son équipe qui a rédigé l’ordonnance de renvoi à la place des juges d’Instruction. Ensuite, nous avons Mme Gaël Gaden- Gistucci qui chapeaute et organise tout le travail de Mbacké Fall, et enfin, Mme Valérie Monchy qui encadre la Cour, contrôle leur travail et la rédaction de l’arrêt de condamnation. Et n’oublions pas, bien sûr, une autre femme dans cette opération de liquidation du Président Habré. Il s’agit de Mme Aminata Touré. Voilà, donc, des femmes bien déterminées, enrôlées pour porter des coups à l’État de droit par l’affaire du faux, mais aussi positionnées aux côtés des magistrats sénégalais pour les contrôler quotidiennement afin d’éviter une surprise inattendue, un sursaut compromettant le bon déroulement du complot. Leur présence aura démontré l’échec de nos magistrats africains à conduire un procès en toute indépendance et mis à jour l’imposture du slogan : "L’Afrique juge l’Afrique". De même, que faisaient dans un tribunal, des ambassadeurs occidentaux qui sont des autorités politiques ? Récemment, courant mai, le président Gustave Kam Gberdoa, les avocats des parties civiles, ont été invités à Bruxelles pour 3 jours, tous frais payés par l’Union européenne, bailleur de fonds du procès Habré. Est-ce normal pour des magistrats en train de préparer une décision ? Cette décision sera t-elle la leur ? Vous avez écrit plusieurs lettres à Macky Sall. Aujourd’hui, à la veille du verdict, vous lui diriez quoi ? C’est très difficile. Il y a beaucoup de choses à dire. Toutefois, je pense qu’il y a plusieurs catégories d’hommes politiques : le pouvoir, la vie, des événements, des circonstances peuvent transformer un homme de manière positive comme négative. Il a pris la décision d’organiser ce procès, tout le monde a compris que c’est un simple prétexte pour éliminer le Président Habré, tous les gens qui ont suivi ce procès savent qu’il n’a été ni juste ni équitable comme lui s’est engagé à l’assurer. Nous, on a tout fait pour se défendre. Avons-nous échoué ? Je répondrais avec le titre d’un poème de Victor Hugo : "Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent". La condamnation du Président Habré est-elle une victoire pour le Président Macky Sall ? La condamnation qui sera prononcée sera celle que lui, Président Macky Sall, aura approuvé, car la position du Sénégal dans le sort réservé au Président Habré est centrale et absolument incontournable. "Encore une victoire comme celle-là et nous sommes perdus", comme dirait Pyrrhus 1er d’Epire. Allah Karim ! Amine. Source : Le POPULAIRE n°4947 du 27/05/2016



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