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INTERVIEW

Jeffrey D. Sachs : « Les pays africains sont confrontés à des taux d’intérêt très élevés »


Alwihda Info | Par Joseph Kapo, à Addis-Abeba - 13 Mars 2024


Le directeur du Centre pour le développement durable de l’Université de Columbia (États-Unis), expert de renommée mondiale, a été approché lors de la cérémonie de lancement du nouveau Rapport de la BAD, à Addis-Abeba.


Jeffrey D. Sachs : « Les pays africains sont confrontés à des taux d’intérêt très élevés »
La BAD a présenté son rapport intitulé « Performances et Perspectives Macroéconomiques de l’Afrique », à l’occasion du 37ème Sommet de l’Union Africaine. Avez-vous des commentaires à faire à ce sujet ?
Je veux voir une croissance économique importante en Afrique, car je crois que le potentiel de croissance est d’au moins 7 % par an, voire plus. Le rapport de la BAD, présenté lors du Sommet de l’UA en 2024 explique que la croissance est d’environ 3 % à 3,5 %, ce qui est acceptable, mais l’Afrique peut faire beaucoup mieux. Cependant, l’UA forte, avec sa voix puissante au sein du G20, pourrait faire davantage pour accélérer le développement de l’Afrique.

Comment l’Afrique peut-elle faire davantage ?
Le principal moyen d’atteindre cet objectif est l’investissement. En investissant dans le secteur de l’énergie, la fibre, l’éducation, le secteur de la santé, etc., tout cela nécessite un financement. Le principal défi réside dans les taux d’intérêt très élevés auxquels les pays africains sont confrontés.
C’est pourquoi nous avons eu des discussions mondiales à Addis-Abeba, sur la réforme financière mondiale afin que l’Afrique puisse avoir accès à des prêts, à des centaines de milliards de dollars supplémentaires, via la BAD, etc. L’Afrique a besoin de plus de financement, et c’est ce que je conseille au SG de l’ONU. Cette question doit être la priorité du G20, car l’UA est un membre éminent, en créant un Fonds monétaire africain, l’on doit fournir un financement à long terme et à faible coût.

Le changement climatique est l’un des grands défis du moment. Comment les pays africains pourraient-ils gérer cela ?
Le changement climatique est présent partout dans le monde.
Parlons de l’importance du changement climatique, nous devons avoir un système énergétique sans carbone pour arrêter le changement climatique d’origine humaine. Heureusement, l’Afrique dispose des ressources nécessaires pour un système énergétique sans carbone. La préparation scientifique à l’adaptation au changement climatique et la dé-carbonisation du système énergétique, sont deux éléments cruciaux. Les pays africains, avec une voix forte au G20, peuvent développer des investissements dans l’éducation, l’énergie, le financement, etc. C’est un défi majeur. Le secteur de la santé par exemple nécessite un financement. C’est pourquoi nous avons ces discussions ici. L’Afrique a besoin de plus de financement. Des centaines de milliards de dollars de financement supplémentaires.
C’est pourquoi je conseille au SG de l’ONU que cela devrait être une priorité pour l’UA, en tant que membre prioritaire et que d’autres institutions en Afrique devraient fournir un financement à faible coût, en créant un fonds de surveillance africain. Heureusement, l’Afrique dispose des ressources nécessaires pour un système énergétique sans carbone. Tout comme nous le voyons à chaque endroit, il y a du potentiel en énergie éolienne, potentiel hydroélectrique, et même la puissance nucléaire est maintenant explorée par de nombreux pays.
Mais l’importance de l’énergie nucléaire est une nouvelle chose. D’une part, se préparer scientifiquement à s’adapter au changement climatique et, d’autre part, dé-carboniser le système énergétique, pour que nous puissions arrêter beaucoup de choses. Les pays africains produisent du café et du cacao.

Quels conseils pour les producteurs de café, pour lutter contre le changement climatique ?
Je travaille avec la Fédération mondiale du café. Le café est cultivé par de petits agriculteurs, ils peuvent s’adapter à la technologie. Nous avons besoin d’un Fonds mondial pour les producteurs de café, et les grandes entreprises comme Nestlé et d’autres doivent aider les petites entreprises à être durables, à fournir beaucoup de financement.

Comment les chiffres présentés par la BAD peuvent-ils aider les pays africains ?
Les recommandations concernent principalement la stratégie de financement à long terme. La BAD travaille maintenant sur un document pour les 40 prochaines années de croissance rapide jusqu’en 2063. Il a été dévoilé lors du Sommet de l’UA. C’est un très bon document de préparation, qui montre une feuille de route pour une croissance rapide, mais ce n’est pas suffisant.

Avez-vous des conseils pour les hommes d’affaires ?
Je conseille d’investir dans l’économie future, l’économie numérique, l’économie verte, l’éducation, l’agriculture et le secteur de la santé. L’Afrique va devenir une région de croissance immense.




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