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INTERNATIONAL

La Turquie condamne le traitement des musulmans ouïgours en Chine


Alwihda Info | Par Leigh Hartman - S.A. - 16 Février 2019



Un policier chinois ordonne à des reporters de ne pas avancer, à proximité d’un centre de détention au Xinjiang. (© Thomas Peter/Reuters)
Un policier chinois ordonne à des reporters de ne pas avancer, à proximité d’un centre de détention au Xinjiang. (© Thomas Peter/Reuters)

Le ministère turc des Affaires étrangères a infligé un cinglant camouflet au gouvernement chinois en dénonçant ses pratiques violant « les droits de l’homme fondamentaux des Turcs Ouïgours et des autres communautés musulmanes de la région autonome Ouïgoure du Xinjiang ».

La Turquie a qualifié de « grande honte pour l’humanité » « la réintroduction des camps d’internement au XXIème siècle et la politique d’assimilation systématique menée par les autorités de la Chine contre les Turcs Ouïghours ».

La déclaration de la Turquie  en date du 9 février a été motivée par l’annonce du décès du musicien et poète folklorique ouïgour Abdurehim Heyit dans un camp d’internement en Chine, une information qui n’a pas été encore confirmée.

 

Virtuose du dotâr, un luth traditionnel à deux cordes et à long manche, il a été arrêté en 2017 par les autorités chinoises pour avoir interprété un chant ouïgour, rapporte Radio Free Asia *.

Abdurehim Heyit fait partie des Ouïgours, Kazakhs et autres minorités ethniques musulmanes (au moins 800 000 et peut-être jusqu’à 2 millions de personnes) que les autorités chinoises détiennent dans des camps d’internement.

Les raisons avancées pour justifier les détentions semblent multiples. Dans certains cas, la police invoque le fait que ces personnes sont allées à l’étranger ou qu’elles ont de la famille en dehors de la Chine. Il ne semble pas y avoir de mécanisme en place pour contester ces détentions.

La Chine a criminalisé de nombreux aspects de pratiques religieuses et culturelles au Xinjiang. Par exemple, elle réprime l’enseignement de textes musulmans aux jeunes et interdit aux parents de donner des noms islamiques traditionnels à leurs enfants.


Un centre de détention au Xinjiang, où les autorités chinoises maltraitent des musulmans et des minorités ethniques. (© Thomas Peter/Reuters)
Un centre de détention au Xinjiang, où les autorités chinoises maltraitent des musulmans et des minorités ethniques. (© Thomas Peter/Reuters)

Au nombre des autres motifs de détention figurent : le port d’une barbe « anormale », du foulard et d’autres vêtements pudiques ; le refus de regarder la télévision d’État ; de porter un short ; le fait de s’abstenir d’alcool et de tabac ; le jeûne pendant le ramadan, la fréquentation d’une mosquée un jour autre que le vendredi et la pratique de rites funéraires traditionnels ; le fait d’avoir de la famille ou des amis à l’étranger, d’avoir voyagé à l’étranger ou de posséder du matériel de camping ; et le fait de demander aux gens de ne pas blasphémer.

Le gouvernement chinois insiste sur le fait que les camps d’internement servent exclusivement « à la lutte contre le terrorisme et à la déradicalisation » — une allégation qui s’est révélée fausse. Loin de chercher à protéger la Chine contre la menace du terrorisme, les camps au Xinjiang semblent être axés sur la répression des identités ethniques et des convictions religieuses ainsi que des pratiques culturelles et religieuses des détenus.

Kelley Currie, la représentante des États-Unis au Conseil économique et social de l’ONU, a discrédité ces « mythes » et d’autres encore du gouvernement chinois lors d’une rencontre à l’institut Hudson, à Washington, le 6 février.

Les allégations de la Chine selon lesquelles le réseau de camps d’internement qu’elle a construit ces deux dernières années au Xinjiang serait un réseau de « centres de formation technique et professionnelle humains » ne sont pas crédibles, a déclaré Mme Currie. Les récits de torture et de sévices  faits par les survivants des camps d’internement décrédibilisent les arguments de la Chine.

Le ministère turc des Affaires étrangères tient le même langage dans sa déclaration du 9 février : « Ce n’est dorénavant plus un secret pour personne que plus d’un million de Turcs Ouïgours exposés à des arrestations arbitraires sont soumis à la torture et au lavage de cerveau politique dans des camps d’internement et des prisons. »

« Nous appelons la communauté internationale et le Secrétaire général des Nations Unies à prendre des mesures effectives pour mettre fin à la tragédie humaine au Xinjiang », conclut la déclaration.




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