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ACTUALITES

Le Bénin emboite le pas au Burkina


Alwihda Info | Par Elwatan - 31 Octobre 2014


La «Marche pour la survie de la démocratie» est le nom choisi par l’opposition béninoise pour exprimer son ras-le-bol face au président Yayi Boni.



La protesta des Burkinabés contre Blaise Compaoré a généré une puissante onde de choc qui commence à faire trembler plusieurs dirigeants ouest africains. Le constat vaut surtout pour tous ceux qui n’ont pas caché leur envie de passer le restant de leurs jours au pouvoir. Le premier à en faire les frais est le président béninois Yayi Boni qui est au pouvoir depuis 2006. Prenant exemple sur les Burkinabés, l’opposition et la société civile béninoises ont massivement manifesté hier dans les rues de Cotonou pour réclamer «la tenue d’élections locales libres et transparentes».

Le président Yayi Boni s’était pourtant prononcé pour un départ au terme de son second mandat. Une décision qui aurait dû satisfaire son peuple. Seulement, les élections locales ne s’étant pas déroulées à la date prévue, la classe politique béninoise a commencé à s’interroger légitimement sur les vraies intentions de Yayi Boni. Surtout qu’il s’était engagé à organiser, d’ici la fin de cette année, les scrutins qui devaient avoir lieu en… 2013.

En effet, les élections communales et locales ont été officiellement reportées sine die. L’annonce a été faite au début du mois d’octobre après une rencontre entre le chef de l’Etat et les présidents des institutions de la République. Si personne n’avait été surpris, les Béninois s’interrogent en revanche, aujourd’hui, sur le sort de la prochaine présidentielle et des législatives. Surtout que l’actualisation de la liste électorale permanente informatisée, indispensable pour voter, piétine toujours. D’où d’ailleurs le mécontentement actuel. La «Marche pour la survie de la démocratie» est donc le nom choisi par les protestataires pour exprimer leur ras-le-bol face à ce blocage intégral.

La protesta est menée par une trentaine de partis d’opposition, de syndicats et d’organisations de la société civile. Ses représentants ont été reçus, lundi soir, par le ministre chargé des Relations avec les institutions, en présence de ceux de l’Intérieur et de la Défense. Une tentative, sans doute, pour dissuader l’opposition de mettre à exécution sa menace de grève. De son côté, celle-ci compte sur cette démonstration de force pour contraindre le pouvoir béninois à ouvrir un dialogue sur des propositions concrètes. Mais d’après eux, «il n’y a eu, jusqu’à présent, que des manœuvres dilatoires».

Au Burkina, Compaoré est dos au mur

Au Burkina, le président Blaise Compaoré est pratiquement dos au mur. Plusieurs milliers de Burkinabès ont une nouvelle fois manifesté, hier, dans le calme à Ouagadougou contre son projet de révision constitutionnelle permettant son maintien au pouvoir. Très controversé, le texte doit être examiné aujourd’hui par l’Assemblée. Mardi, des centaines de milliers de personnes – un million, selon l’opposition – ont, rappelle-t-on, défilé à l’appel du camp anti-Compaoré contre ce que les opposants nomment un «coup d’Etat constitutionnel» du chef de l’Etat, au pouvoir depuis 1987.

La mobilisation, d’une ampleur rare en Afrique subsaharienne, s’est achevée par des incidents violents. Plusieurs centaines de manifestants, munis de barres de fer et de pierres, se sont opposés, durant plus de trois heures, aux forces de l’ordre, avant que police et gendarmerie ne fassent évacuer les lieux. L’Assemblée nationale burkinabée examinera aujourd’hui un projet de loi gouvernemental visant à modifier la Loi fondamentale pour faire passer de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels. Ce changement permettrait à M.

Compaoré, arrivé aux affaires par un putsch et qui devrait achever l’an prochain son dernier mandat, après deux septennats (1992-2005) et deux quinquennats (2005-2015), de concourir à nouveau pour la présidentielle. Pour justifier une telle révision, ses partisans invoquent le respect de la loi et de la volonté du peuple. L’opposition craint que ce changement constitutionnel, qui ne devrait pas être rétroactif, conduise le chef de l’Etat, déjà élu quatre fois avec des scores à la soviétique, à accomplir non pas un mais trois mandats supplémentaires, lui garantissant 15 années de plus au pouvoir.

Avec le ralliement, samedi, de la troisième force politique à l’Assemblée, la majorité pourrait disposer du nombre de députés nécessaire – trois quarts de l’hémicycle, soit 96 parlementaires sur 127 – pour entériner directement la loi, sans passer par un référendum comme annoncé initialement. Mais ça se ferait à quel prix ? Une chose est sûre, Compaoré ne peut plus compter, autant qu’avant, sur ses traditionnels soutiens occidentaux. L’allusion est bien évidemment faite aux Américains et aux Français. Désormais, Washington et Paris le considèrent comme un cas difficilement défendable. Les déclarations faites par les uns et les autres, hier, le prouvent d’ailleurs assez.


Zine Cherfaoui



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