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AFRIQUE

Les dirigeants africains font valoir l'argument économique de la hausse des investissements‏


- 24 Mai 2016



Le Nigérian Akinwumi Ayodeji Adesina.
Le Nigérian Akinwumi Ayodeji Adesina.
Aujourd'hui, les dirigeants africains clés présents à l'assemblée annuelle de la Banque Africaine de Développement (BAD), en partenariat avec le Global Panel on Agriculture and Food Systems for Nutrition, ont exposé les grandes lignes d'une vision nouvelle portant sur un effort de haut niveau, et ont communiqué de nouvelles données qui renforcent l'argument économique en faveur de l'investissement en nutrition dans toute l'Afrique.

Le jour de l'ouverture de l'assemblée annuelle de la BAD à Lusaka, le Dr Akinwumi Adesina, président de la BAD, a animé une discussion entre des dirigeants, des philanthropes et des entreprises influentes sur la manière dont l'Afrique peut parvenir à la sécurité en matière de nutrition par une hausse des investissements et des partenariats publics-privés. 

« Pour qu'il soit possible de sortir de la pauvreté, nous devons d'abord investir dans la matière grise qui sera le véritable moteur de ce progrès, c'est-à-dire dans la formation de nos enfants. La nutrition n'est pas uniquement un problème de santé et de développement social, c'est un investissement qui façonne la croissance économique de toutes les nations africaines », a déclaré le Dr Adesina. « Si la croissance de nos enfants est retardée aujourd'hui, c'est celle de nos économies qui le sera demain. Mais quand les enfants d'Afrique seront bien nourris et pourront accomplir leur croissance, étudier et atteindre leur plein potentiel, c'est le potentiel du continent entier que nous parviendrons à libérer ».

La nouvelle analyse rendue publique aujourd'hui par le Global Panel on Agriculture and Food Systems for Nutrition montre qu'une hausse des investissements atteignant l'objectif de l'Assemblée mondiale de la santé visant à réduire le retard de croissance de 40 % en 2025 pourrait ajouter 83 milliards de dollars à la croissance du PIB dans pas moins de 15 pays d'Afrique sub-saharienne. Rien qu'au Nigéria, cela représente 29 milliards de dollars de revenu national, soit un ratio coût-bénéfice de 17 pour 1 pour les investissements supplémentaires. L'analyse complète du Global Panel est accessible ici.

Un nouveau cadre d'investissement spécifique à l'Afrique de la Banque mondiale et de Results for Development, indiquant les coûts nécessaires à atteindre les objectifs de l'AMS en matière de retard de taille, d'émaciation, d'anémie et d'allaitement, a également été rendu public. La mise en œuvre de ces quatre grands objectifs de nutrition en Afrique sub-saharienne nécessiterait une hausse des investissements d'environ 2,7 milliards de dollars par an durant 10 ans. Pour les atteindre, les investissements devraient augmenter d'environ 1,8 milliards de dollars par an en provenance des donateurs et de 750 millions de dollars par an de la part des gouvernements africains au cours de la prochaine décennie.

Le cadre met en évidence les progrès importants pouvant être réalisés en débutant par des investissements dans un sous-ensemble d'interventions de haute priorité parmi les plus rentables, notamment la supplémentation en vitamine A, les politiques en faveur de l'allaitement et l'enrichissement alimentaire. Ce sous-ensemble d'interventions prioritaires peut être mis en place dans toute l'Afrique sub-saharienne en augmentant l'investissement annuel d'environ 700 millions de dollars par an au cours de 10 prochaines années. Cela nécessiterait d'augmenter les dépenses d'environ 203 millions de dollars par an pour les gouvernements nationaux d'Afrique sub-saharienne, ainsi que 400 millions de dollars par an de la part des donateurs. L'analyse complète de la Banque mondiale et de Results for Development est accessible ici.

Soulignant l'importance capitale pour les dirigeants politiques de prendre des mesures pour saisir l'opportunité d'investir dans ces domaines, le Dr Adesina et John Kufuor, ancien président du Ghana et coprésident de Global Panel, a exposé son intention de créer l'African Leaders for Nutrition (ALN), qui vise à réunir les chefs d'État, les ministres des finances et les dirigeants de secteurs clés du continent pour soutenir et accroître les investissements dans la nutrition. 

« African Leaders for Nutrition donnera aux chefs d'État et aux ministres l'opportunité de se faire entendre en faveur de l'engagement, d'agir pour l'investissement et d'user de leurs fonctions pour diriger réellement », a déclaré John Kufuor. « Il ne s'agit pas uniquement de santé, mais également d'économie. Les bénéfices potentiels sont importants et durables. C'est pourquoi nous appelons les dirigeants de toute l'Afrique à se joindre à nous pour élever le rang du problème de nutrition sur le continent et faire de l'investissement une priorité. » 

Kofi Annan, président de la Fondation Kofi Annan, a félicité cette initiative en soulignant le rôle que peut jouer l'agriculture pour vaincre la malnutrition. 

« Je me réjouis de voir prendre forme cette initiative en faveur de l'accroissement du leadership, des partenariats et de l'investissement dans la sécurité nutritionnelle », a déclaré Kofi Annan. « La malnutrition demeure un obstacle important au développement pour de nombreuses nations d'Afrique, mais il existe un consensus mondial sur les objectifs à atteindre, ainsi qu'une feuille de route pour agir. L'une des mesures les plus cruciales que nous pouvons prendre pour atteindre la sécurité nutritionnelle est la transformation du secteur agricole sur le continent, car l'enjeu n'est pas uniquement la quantité de nourriture que nous pouvons produire, il s'agit aussi du type d'aliments que nous consommons. L'agriculture se doit d’être adaptée à la nutrition, et j'ai hâte de voir naître des opportunités de collaboration avec African Leaders for Nutrition pour créer des systèmes d'agriculture et de production alimentaire variés, efficace et résilients afin de répondre aux besoins en nutrition de toutes les communautés et nations. »

L'évènement de la BAD qui s'est tenu à Lusaka a également suscité les commentaires sur l'importance des partenariats publics-privés de la part du défenseur de la nutrition Jamie Cooper, président de Big Win Philanthropy et représentant de la Fondation Dangote. 

Dans une allocution vidéo diffusée au cours de l'évènement, Bill Gates, coprésident de la Fondation Bill & Melinda Gates, a réservé un bon accueil à la formation de l'ALN et à son impact potentiel au travers de la hausse des investissements en nutrition.

« Avec les pays africains comme chefs de file, nous pouvons accélérer les progrès de la lutte contre la malnutrition et débloquer le potentiel des enfants de par le monde. Il existe un ensemble d'interventions rentables qui, entreprises à l'échelle mondiale, pourraient sauver 2,2 millions de vies et réduire le nombre d'enfants victimes de retard de taille de 50 millions dans les dix prochaines années. Ce dont nous avons besoin aujourd'hui, c'est d'un engagement élargi au plus haut niveau, et African Leaders for Nutrition peut jouer un rôle capital pour faire de la nutrition une priorité nationale. »

L'évènement du 23 mai prenant place à Lusaka s'inscrivait dans la lignée de l'évènement Investir dans la nutrition, au cours duquel Bill Gates se joignait au Président Adesina et aux leaders mondiaux du développement pour lancer le tout premier cadre d'investissement pour la nutrition, et exposer les recherches découlant d'une analyse exclusive offrant aux législateurs et aux militants une feuille de route indiquant comment le monde peut accélérer les progrès de la lutte contre la malnutrition. L'évènement se tenait à Washington lors des Assemblées de printemps de la Banque mondiale en avril.



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