Au moment où l’Alliance atlantique jure que les « rebelles de l’Otan » contrôlent plus de 98 % du territoire libyen, la réalité est tout autre sur le terrain. La Russie n’est pas passée par trente-six chemins pour afficher sa position qui consiste à reconnaître l’existence de « deux gouvernements en Libye » même si pour des raisons d’intérêt, elle a assoupli sa position. Ce qui est sûr, la situation n’est pas aussi calme comme prétendent les rebelles et leurs alliés. Au sud de Tripoli, à Zileten et Bani Walid, les troupes loyalistes n’ont pas encore dit leur dernier mot. Des affrontements dans ces trois zones sont signalés et les avions de l’Otan sont présents au dessus des opérations militaires, accentuant la pression sur toutes les lignes de front Kadafistes. Dans les villes de Syrte et Sebha, les forces de la coalition continuent à effectuer quotidiennement des raids pour détruire des chars, des installations radars, des camps militaires et des dépôts de munitions. Si l’heure est à la traque de Kadhafi, qui dit-on se trouve à Bani Walid, à en croire l'agence italienne Ansa, l’après Kadhafi susciterait des inquiétudes. La composition du CNT laisse présager un avenir incertain pour la Libye. Il y a dans le CNT un pèle même de personnes aux identités douteuses. On trouve des islamistes qui semblent être en position de force et dont il est difficile de leur faire accepter la stratégie occidentale, celle d’imposer à la tête de la Libye des hommes occidentalisés comme le colonel Haftar, le premier ministre et les consort… Deux jours après la chute du dictateur, le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, qui a retardé son arrivée à Tripoli pour, dit-on, des raisons de sécurité, a posé comme préalable le désarmement et le retrait des tous les insurgés de Tripoli pour regagner leurs villes d’origine! La réponse de l’islamiste Abdelhakim Belhadj, l’homme fort de la rébellion tripolitaine, qui se présente comme le président du conseil militaire de Tripoli, ne s’est pas fait attendre. Il a averti que tous les rebelles doivent être sous son autorité. Pire, il aurait demandé au président Abdeljalil de ne pas atterrir à Tripoli et de refonder le CNT qui, à ses yeux, n’est pas représentatif. Dimanche, l’homme fort de Tripoli a déclaré qu’il n’a rien à voir avec AlQaïda, un démenti qui ne convainc personne et surtout pas l’Algérie. L’islamiste Abdelhakim a passé sept ans en prison à Tripoli après son arrestation et son extradition par la Malaisie. Il a eu la vie sauve grâce à Seif El Islam. En tout cas, le bras de fer s’est engagé entre Abdeljalil et Abdelhakim. Leur différend aurait freiné la chute de Syrte. Et le chef politique du CNT qui se rappelle encore de l’assassinat de son chef d’Etat major, l’ancien ministre de l’intérieur, Abdelfatah Younes, n’a pas intérêt de s’entêter face à un groupe islamiste qui ne fait pas de quartier. Il s’est rétracté en annulant sa décision de désarmer les islamistes de Tripoli.
Les barbus auraient gardé dans des lieux sûrs d’important arsenal militaire récupéré lors de la chute de Tripoli. Les critiques au sein du conseil national de transition se multiplient. Même le représentant des rebelles à Misrata, M. Rachid, n’a pas hésité de faire une sortie qui a attiré l’attention d’un journaliste de la BBC. Dans un entretien à la BBC le dimanche 4 septembre 2011, M. Rachid s’est expliqué sur le CNT en ces termes: « Les vrais révolutionnaires ne sont pas représentés au CNT, la majorité de ceux qui le compose étaient des proches de Seif El-Islam. Pour la première fois, un premier ministre habite en dehors de son pays et se balade au nom du CNT ». Pour le moment, la traque de Kadhafi unit l’ensemble des insurgés et toute autre information sur le déchirement du CNT ne semble pas intéresser le Média occidental. L’Elysée qui s’inquiète sérieusement d’une possible transition ratée en raison des divisions des rebelles et de la présence militaire effective des forces Khadafistes dans le Sud, n’a pas tardé à convoquer une conférence grandiose réunissant 60 pays. Une telle stratégie vise à faire adopter le « bâtard » de l’Otan par la communauté internationale. Quitte à celle là de s’en chargera de son entretien. Tous unis contre Kadhafi et personne n’a droit d’accuser la France d’avoir échoué la transition. « Il est fondamental de réussir la transition comme ont été réussies les opérations militaires», a indiqué l'Elysée. Peu importe la position négative de certains pays comme la Russie et la Chine ! L’important est la sécurisation des installations pétrolières et se partager le gâteau. C’est tout ce qui intéresse les parrains des rebelles. Il faut se partager le gâteau. Au lendemain de la chute de Tripoli, certains pays occidentaux en ont dépêché des ingénieurs! Le patron du groupe pétrolier italien Eni, M. Paolo Scaroni, a annoncé la reprise pour le 15 octobre de la fourniture de gaz libyen à travers le gazoduc Greenstream qui relie la Libye à l'Italie. Après tout, l’instabilité décennale en Irak n’a en aucun moment empêché l’Occident de siphonner le pétrole. Et pour calmer l’extrémiste chiite Mouktada Sadr, il suffit de lui apprendre comment compter les billets verts. Chose faite. Dans le cas spécifique de la Libye, on continue de justifier la traque de Kadhafi par le fait qu’il constitue un danger. Selon le colonel canadien Roland Lavoie, porte-parole de l'opération de l'Otan en Libye, le dirigeant libyen en fuite conserve une capacité «à commander et contrôler des troupes, leurs mouvements, et celui d'armes ainsi que leur déploiement, y compris le tir de missiles sol-sol». En conclusion, la chute de Gbagbo et du guide libyen constitue un signal fort adressé aux dictateurs du monde entier et la France a - pour une fois de son histoire- choisi le bon côté. Ce que pensent la majorité des peuples opprimés.
Par Sadam Ahmat….A suivre...
Par Sadam Ahmat….A suivre...