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Miracles à gogo du côté de Kinshasa


Alwihda Info | Par Franck CANA - 24 Février 2015



MIRACLES A GOGO DU COTE DE KINSHASA

Mais que se passe-t-il depuis quelques temps au 1431 de la rue Charpentier, première rue, dans la zone de Limété à Kinshasa au Congo ? Il semblerait que des évènements nouveaux aient lieu à cette adresse, siège de l’église à l'appellation un brin osée, « Parlement céleste », de l'apôtre Baraka Mugisha. A vrai dire, on ne connait pas grand-chose du passé de cet homme arrivé à Kinshasa en l’année 2012, en provenance de l'est du pays, précisément de Goma, avec son épouse pour unique bagage.

Sur les bruits relatifs à son cursus chrétien, l'homme aime s'inscrire avec beaucoup d'ironie dans la même lignée que Melchisédek. Ce qui est évident, par contre, c’est l'éclatement de son ministère au grand jour grâce aux nombreux miracles qui, pour le moment, demeurent controversés. Il faut dire que l’apôtre est bien particulier puisqu'il prône ce qui s'apparente à un nouvel évangile, celui du « Tic au Tac », sous-entendu par-là, celui du résultat immédiat. Pour lui, après avoir fait recours à Dieu, les fidèles doivent immédiatement recevoir son secours.

Mugisha, dont l'église est passée en un temps record de quelques membres à quatre mille fidèles, se présente plutôt comme un pratiquant de la Parole. Il n'y a pas si longtemps, guidé dira-t-il par le Saint-Esprit, il fit venir une personne près de sa chaire, à qui il donna la révélation de Dieu concernant ses graves problèmes d'argent. La mine surprise par ce qui semblait correspondre à sa situation, cet homme confirma ses dires en déclarant qu'il avait perdu deux mille dollars. Après la prière de Mugisha, l’intéressé rentra chez lui et découvrit, sur indication de l’apôtre, trois mille dollars sous son lit.

Nous enseignons aux gens comment recevoir le secours de Dieu instantanément.
Lors des veillées de prière intitulées « Sala Bikamua, Dieu, fais tes miracles ! », le visionnaire booste au maximum la foi des fidèles et s'adresse à ses contradicteurs en leur répétant les paroles prononcées par Jésus, à savoir que : « nous ferons de plus grands miracles que lui ». Parfois goguenard, il apostrophe indirectement et de manière dubitative : « Je ne critique personne. Les autres ont une grâce de la délivrance en cent jours, mais la mienne est celle du « Tic au Tac », c'est-à-dire, celle d'aujourd'hui, celle qui n'attend pas demain ». Crâne rasé, il conduit des cultes-spectacles qui s'apparentent à des shows évangéliques à l'américaine. Les démonstrations de la puissance de Dieu, à travers la prophétie et les actes, semblent nombreuses.

Les prédications sont souvent entrecoupées par un gospel et les pas de danse de celui qui se produit sur une scène chrétienne comme une guest-star. Un membre du Parlement, affirmant avoir vécu 25 ans sans pénis, aurait retrouvé ses « bijoux de famille » après la prière publique de l'homme d'Eglise. Les prières de ce dernier sont accompagnées de propos tels que : « Zwa onction, prenez l'onction, Kamata, Take it, Yamba, Can I prophesy ou encore sept fois Fire ». Chaque guérison ou miracle financier est couronné par un air entonné en cœur par tout le Parlement céleste. Pour la circonstance, le refrain reste inchangé : « Holy spirit you are welcome in this place ».

S'il chasse même les démons avec ses pieds, celui qui est également prophète a d'autres genres de miracles dans sa gibecière. Son aura croît parmi les brebis qui continuent à faire vivre son apostolat à Kinshasa et qui compte, selon le responsable de la plate-forme chrétienne « Christ Pour le Congo », 14 235 églises évangéliques reconnues par l'Etat congolais. Aux incrédules, celui qui roule désormais dans un véhicule américain « Hummer » leur demande de passer à la pratique et de faire leurs preuves : « Ba sala bilembos ».

Lorsqu'on suppose que ses miracles financiers relèvent de tours de magie, il se défend en expliquant que Jésus a demandé à son disciple d'aller prendre l'argent dans la bouche du poisson. Quant aux reproches concernant ses demandes d'offrandes à répétition, l'homme de la première rue à Limété rétorque que : « C'est notre offrande qui donne à Dieu la force d'agir. Dieu réside dans l'offrande comme il nous l'a montré avec Abraham et Isaac. Et il s'est donné lui-même en offrande à la Croix ». L’apôtre surenchérit allant jusqu'à demander à chaque prétendant au miracle à quel moment l'intéressé souhaitait le recevoir : « O lingui o zwa mokolo nini ? ». Et le futur bénéficiaire de répondre instantanément : « lelo », c'est-à-dire aujourd'hui.

Pour enfoncer le clou, Baraka Mugisha, premier serviteur de Dieu congolais à prêcher en anglais dans son pays francophone, se fait désormais appeler Miracle man ou encore Miracle money. Il n'en fallait pas davantage pour que les personnes méfiantes, à propos de son évangile, le chargent de plus belle en le traitant de pédant : « Que veut-il démontrer en prêchant en anglais ? ». Il promet et prophétise beaucoup de choses à son auditoire parmi lesquelles la prospérité, le mariage avec un Européen ou un Américain pour les femmes, le voyage en Occident, des maisons, de bons jobs... De plus, il semblerait qu’après avoir déversé un liquide rouge sur les gens, les fous retrouvent leur bon sens.

Critiqué sans relâche, l'apôtre-prophète a pourtant pris du grade. Il estime que les Kinois sont les champions de la critique : « Kinshasa n'accepte pas les mérites de quelqu'un, mais mon Jésus mettra tout le monde d'accord… » Gamaliel dira aux chefs religieux : « Si cette entreprise ou cette œuvre vient des hommes, elle se détruira ». En attendant un éventuel épilogue, les nouveaux évènements au Parlement céleste nous rappellent la célèbre phrase de l'ancien tribun des ondes congolaises, Georges Embana : « Tambola na mokili, o mona makambo ; promène-toi sur terre et tu verras des choses ».

Franck CANA



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