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Non! Mahamat Kamoun n’est pas le principal problème centrafricain


Alwihda Info | Par Perrière - 2 Janvier 2015


Qui sera le prochain Premier ministre centrafricain? Bien malin qui peut le dire car, pour le moment, on n’a toutes les peines du monde à faire le point sur les différents noms qui voudraient bien occuper le fauteuil de Mahamat Kamoun à défaut de ravir celui de Catherine Samba Panza.


Et la réunion, si c’est comme cela que l’on doit appeler ça, de Nairobi entre les différents protagonistes de la crise centrafricaine est venue, à cause de l’opacité dans laquelle elle est organisée, relancer les spéculations sur l’avenir de la transition. En écartant, comme c’est le cas, les actuelles autorités de la transition des tractations qui ont lieu dans la capitale kenyane, on donne en effet l’impression de travailler à l’avènement d’une troisième transition. Dans l’intérêt de qui et pourquoi? La question mérite d’être posée.

Mais au-delà, même si nous savons que ni la crise ni les Centrafricains eux-mêmes n’ont ces derniers moins laissé beaucoup de répit à la communauté internationale, se pose la question du respect des institutions et de la souveraineté du pays. Il est aussi maladroit que contre-productif d’afficher autant de mépris vis-à-vis des autorités centrafricaines, fussent-elles de transition. Car aucune solution durable à la crise ne peut être envisagée sans tenir compte de l’avis de ceux qui font tourner la boutique Centrafrique au quotidien. D’ailleurs en le faisant, on prend le risque d’accréditer les arguments spécieux de ceux, très nombreux, qui vitupèrent à longueur de journée les représentants de la fameuse communauté internationale avec leur fâcheuse tendance à décider de l’avenir du pays en catimini et à l’étranger? D’autant que l’humiliation de la démission de Michel Djotodia en terre étrangère demeure encore vivace dans la mémoire collective des Centrafricains.

Il faut avoir le courage politique et l’honnêteté intellectuelle de reconnaitre que malgré ses erreurs, nombreuses, le gouvernement Kamoun a engrangé quelques succès sur le double plan économique et social. Comme par exemple la reprise des cours dans les établissements scolaires (ce qui n’a vraiment plus été le cas depuis décembre 2012) et le timide redéploiement de l’administration centrafricaine en province: 11 préfets sur 16 ont pu être installés malgré l’adversité et les menaces des groupes armés. L’effort de mobilisation des ressources propres fait son petit bonhomme de chemin et porte ses fruits, puisque l’État ajoute sans encombre sa quote-part de l’enveloppe destinée à payer le salaire des fonctionnaires. Il en est de même des dépenses obligatoires qui sont réalisées sans tracasseries majeures. De l’avis même des spécialistes, il y a une vraie tendance à la maitrise des dépenses publiques.

Comme on le voit, Mahamat Kamoun a la volonté nécessaire mais la volonté seule ne suffit pas. Il est confronté, comme ses prédécesseurs et ce sera le cas de son successeur, à la déliquescence de l’État qui a laissé s’installer au sein de ses structures des baronnies qui vivent des rapines et autres détournements de fonds publics. Il est aussi confronté, à l’instar de ses prédécesseurs et ce sera le cas de son successeur, au manque de conscience professionnelle des fonctionnaires et agents de l’État.

Remplacez Kamoun par cent voire même deux ou trois cent autres Premiers ministres, les vrais problèmes centrafricains vont demeurer. Par contre posez les vraies problématiques à savoir: comment remettre les gens au travail? Comment rendre les fonctionnaires ponctuels et responsables? Comment leur apprendre à respecter les biens publics? Comment leur faire prendre conscience que la richesse, le développement ne résulteront que de ce qu’ils vont produire eux-mêmes et non de l’assistanat ou de la charité de la communauté internationale? Vous aurez fait un grand pas vers la prise de conscience, donc l’éventualité d’un éveil national.

Une fois que vous auriez apporté des réponses claires, précises, circonstanciées à ces questionnements, il ne vous restera plus qu’à travailler. C’est alors que vous comprendrez que Mahamat Kamoun est loin d’être le principal problème centrafricain.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)