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« Parler de Rose », une histoire de la terreur sous Hissène Habré


Alwihda Info | Par Le Monde/ journadutchad - 24 Janvier 2015


La salle était comble, samedi 17 janvier, à l’Institut français du Tchad (IFT), à N’Djamena pour assister à l’avant-première du documentaire d’Isabel Coixet,« Parler de rose ».



Par Le monde


La salle était comble, samedi 17 janvier, à l’Institut français du Tchad (IFT), à N’Djamena pour assister à l’avant-première du documentaire d’Isabel Coixet,« Parler de rose ». Le film raconte, à travers l’histoire exemplaire de Rose Lokissim, prisonnière de Hissène Habré, comment les arrestations, les emprisonnements, la torture et les exécutions furent érigés en mode de gouvernement sous le régime de l’ex-dictateur tchadien (1982-1990).

En 2001, lors d’une mission d’inspection, Reed Brody et Olivier Bercault, de l’ONG Human Rights Watch , découvrirent par hasard des milliers de pages d’archives à même le sol, abandonnées depuis plus de dix ans dans les locaux désaffectés de l’ancienne Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS), la terrible police politique de Habré. Les documents contenaient des informations sur les détenus, les dates d’arrestation et d’exécution et des procès-verbaux d’interrogatoires. C’est ainsi qu’ils purent reconstituer l’histoire de cette femme devenue un symbole de la résistance à la terreur.

Farouche opposante, Rose Lokissim est arrêtée le 14 septembre 1984, incarcérée et torturée. Son courage et sa détermination frappent ses co-détenus autant que ses tortionnaires. Elle supporte la douleur, réconforte celles et ceux qui partagent sa cellule... Surtout, elle écrit. Sur des morceaux de papier récupérés, des feuilles de papier à cigarette, des bouts de boîtes de lessive. Méticuleusement, elle consigne tout ce sui se passe dans la prison et fait passer à l’extérieur des informations aux familles des détenus. Finalement dénoncée, elle fut exécutée en 1986, à l’âge de 33 ans. A la veille de sa mort, ses tortionnaires écrivent : « Elle affirme que, même si elle doit mourir au cachot, elle ne regrette rien car le Tchad la remerciera et l’Histoire parlera d’elle. » C’est son histoire qu’Isabelle Coixet raconte à travers la voix de Juliette Binoche.

L’organisation de cette avant-première – le film sera distribué à partir de février dans les salles – intervient alors que le Tchad est améné à travers deux procès à réexaminer les heures sombres du régime Habré. Depuis le 14 novembre s’est ouvert, dans la capitale, le procès d’anciens membres de la Direction de la Documentation et de la Sécurité. Dans le même temps, les magistrats des Chambres Africaines Extraordinaires (CAE) pousuivent à Dakar, l’instruction des crimes présumés d’ Hissène Habré dont le procès pourrait s’ouvrir en mai prochain.

A l’issue de la projection à l’institut français, un échange fut proposé avec Reed Brody, de l’ONG Human Rights Watch (HRW) et Mahamat Hassan Abakar, président de la Commission d’Enquête Nationale. Plusieurs victimes purent s’exprimer. L’un d’entre eux formula ce voeu : « Que les jeunes, enfants des victimes et enfants des tortionnaires, se tiennent main dans la main et s’embrassent comme des enfants du Tchad ». Si les victimes d’Habré souhaitent que justice soit rendue, elles veulent aussi que le procès des tortionnaires, permettent de faire progresser la paix.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)