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REACTION

RD Congo : Appel du 30 Juin de Félix Tshisekedi


- 30 Juin 2017


"Ensemble, nous pourrons retrouver la liberté et la fierté d'être Congolais pour nous, nos enfants et par respect des valeurs altruistes transmises par nos anciens."


Felix Tshisekedi.
Felix Tshisekedi.
PEUPLE CONGOLAIS ET CHERS COMPATRIOTES,

En ce jour mémorable du 30 juin 1960, notre pays recouvrait sa souveraineté internationale au terme d’une lutte héroïque, glorieuse et acharnée. Notre peuple se prenait alors à rêver d’un Congo fort, puissant, d’un pays bien gouverné et offrant à tous des conditions de vie décentes, une vie juste et une répartition équitable des richesses nationales, d’une nation en paix avec elle-même et avec ses voisins.

30 juin 2017, 57 ans, aujourd'hui cette immense espérance a été déçue.

La République démocratique du Congo est menacée dans ses fondements. Le peuple congolais, écrasé par la violence politique, militaire, économique, se meurt. S’il en était besoin, les agences spécialisées des Nations unies et plusieurs organisations non- gouvernementales réputées ont documenté la gravité de la situation. Elles ont mis en valeur la recrudescence des violations graves des droits de l’homme commises par des groupes armés et, plus grave, par des membres des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), de l’Agence nationale de renseignements, de la Garde Républicaine et de la Police nationale congolaise. Elles ont mis en lumière le niveau élevé des attaques ciblant la population civile, le caractère systématique des violences sexuelles et sexistes, le recrutement et l’utilisation d’enfants par des groupes armés et des milices, les déplacements forcés et massifs de civils, les exécutions extrajudiciaires et les arrestations arbitraires.

Le bilan fait froid dans le dos. Les chiffres donnent la nausée.

Malgré les richesses du Congo, le budget de l’Etat demeure dramatiquement faible pour un pays aussi vaste et aussi peuplé que le nôtre. La profonde crise de gouvernance et de légitimité de nos dirigeants actuels fait peser de lourdes incertitudes sur la sécurité et l’économie, poussant les investisseurs nationaux et étrangers à l’attentisme. Les conditions de vie de nos concitoyens, déjà difficiles, se dégradent de façon inquiétante, alors que notre monnaie nationale, le franc congolais, ne cesse de perdre de sa valeur et que les prix des denrées alimentaires de base et des transports n’en finissent plus d’augmenter.

PEUPLE CONGOLAIS ET CHERS COMPATRIOTES,

C’est en raison d’une mauvaise gouvernance et de l’échec de nos dirigeants successifs que la situation actuelle vit encore ce dernier soubresaut. La non-tenue des élections en 2016, comme le prévoyait pourtant notre Constitution, a provoqué une crise politique aiguë. Certes, un accord politique global et inclusif a été signé par les institutions en place, l’opposition et la société civile, le 31 décembre 2016 à Kinshasa. Cet accord stipule que des élections doivent avoir lieu d’ici fin 2017, et qu’un gouvernement d’union nationale doit être formé en vue d’y parvenir. Cet accord est le cadre actuel de toute réflexion au niveau national et international. Il a vu le jour grâce aux efforts déployés par les médiateurs de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). Il a obtenu un fort soutien de la communauté internationale par l’intermédiaire de la résolution n°2348 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée à l’unanimité le 31 mars 2017.

L’accord dit de la Saint-Sylvestre a permis d’éviter un désastre, une flambée de violence. Mais ni l’esprit ni la lettre de cet accord ne sont aujourd’hui respectés. La sortie de crise impose pourtant la mise en œuvre sans délais de cet accord, en toute bonne foi et dans son intégralité, afin que soient organisées, au plus tard en décembre 2017, des élections crédibles et inclusives pour sortir le pays de l'absence d'un État de droit.

Il est temps que chacun d’entre nous, quelles que soient nos responsabilités, nos fonctions, parvenions à dépasser les questions d’égo, d’amour propre, les ambitions personnelles, les querelles politiciennes pour placer l’intérêt supérieur de la Nation au dessus de tout. L’avenir de notre pays et le bien-être de nos compatriotes en dépendent.

L’urgence absolue pour tous les acteurs de la scène politique nationale est simple : créer les conditions nécessaires pour que le processus électoral soit libre, juste, crédible, ouvert, transparent et pacifique. Ce processus électoral doit s’accompagner d’une campagne électorale libre et constructive, ce qui signifie que doivent être assurés la liberté d’opinion et la liberté d’expression - y compris pour la presse - , la liberté de réunion, un accès équitable aux médias - y compris aux médias d’État. Sont également indispensables à la réussite de ce processus, la sécurité de tous les acteurs politiques et la liberté de circulation de tous les candidats, ainsi que des observateurs internationaux, des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et des acteurs de la société civile.

PEUPLE CONGOLAIS ET CHERS COMPATRIOTES,

Je lance ainsi l'APPEL de ce jour mémorable au peuple Congolais et à sa conscience patriotique, pour éloigner durablement la République démocratique du Congo du bord du précipice. Je lance ainsi l'APPEL du 30 JUIN à tous les acteurs de la scène politique nationale, du gouvernement comme de l’opposition, qu’il revient d’envoyer des signaux forts, de promouvoir des messages clairs et cohérents tant à l'intérieur qu’à l’extérieur de la République démocratique du Congo. C’est le sens de cet Appel, prononcé en ce jour anniversaire du 30 juin. C'est un message de responsabilité et d’engagement auprès de nos compatriotes et de l’opinion publique nationale et internationale. Ce qui importe, c’est de lancer un processus associant tous les Congolais de bonne foi qui sont prêts à placer l’intérêt supérieur de la nation au dessus de tout et à privilégier toujours et en toute occasion les intérêts de nos populations.

Nous avons rendez-vous avec l’Histoire. Ne laissons pas passer l’opportunité qui se présente à nous !

Ensemble, nous acteurs de la scène politique nationale, nous devons relever le défi pour assurer la paix, la sécurité et le bien-être du peuple.

Ensemble, établissons sans délai une feuille de route consensuelle, en prenant soin d’y associer toutes les forces vives de la nation, y compris les mouvements citoyens et les organisations congolaises de défense des droits humains et de la société civile.

Ensemble, pour agir efficacement, nous devons compter avec la communauté internationale, qu’elle fasse entendre un leadership diplomatique fort, qu’il vienne tout à la fois de l’Afrique, des Etats-Unis, des pays européens ou d’ailleurs.
Ensemble, invitons les dirigeants de la région, avec les hauts représentants de toutes les confessions religieuses, avec les anciens chefs d’Etat de notre cher continent à jouer un rôle dans la consolidation de la démocratie, de l’état de droit et dans le transfert pacifique du pouvoir dans notre grand pays, dont la stabilité est cruciale pour la sous- région et au-delà pour l’ensemble de l’Afrique.

L’heure n’est plus aux tergiversations ni aux calculs politiciens mais à l’action de la mise en œuvre sans délai d’un processus électoral libre, juste, crédible, ouvert et transparent. Car grâce à ce processus, il reviendra au peuple souverain de trancher par les urnes, selon le calendrier arrêté et conformément à l'accord de la CENCO, entre les différents projets de société qui leur seront proposés durant la campagne électorale. Fort de cette légitimité, le futur Président de la République et le Gouvernement qu’il formera auront la légitimité nécessaire pour mettre en œuvre les grandes réformes que nos compatriotes appellent de leurs vœux.

Ensemble, nous pourrons retrouver la liberté et la fierté d'être Congolais pour nous, nos enfants et par respect des valeurs altruistes transmises par nos anciens.

Ensemble, comme le proclament les paroles de notre hymne national, nous chanterons « Ô peuple ardent, Par le labeur, Nous bâtirons un pays plus beau qu’avant, Dans la paix. »

VIVE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO ! QUE DIEU BÉNISSE NOTRE PAYS !
JE VOUS REMERCIE.
Félix TSHISEKEDI TSHILOMBO



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