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ANALYSE

Relations bilatérales : Quand la France se trompe d’époque sur le Congo


Alwihda Info | Par Claude Dinard Vimont, Analyste politique - 23 Avril 2016


C’est face à la presse, le vendredi 22 avril 2016, que le porte-parole du Quai d’Orsay a décliné la position de la France sur les conditions dans lesquelles s'est déroulée l'élection présidentielle au Congo, en évoquant particulièrement la coupure des télécommunications sur tout le pays pendant le vote du 20 mars 2016.


« Les conditions d'organisation du scrutin présidentiel au Congo, notamment la coupure des communications pendant l'essentiel des opérations de vote et de dépouillement, ne permettent pas d'en apprécier les résultats officiels. », soutient le porte-parole du Quai d’Orsay. Cette prise de position de la France appelle une objection. Elle s’appuie sur les notions de sécurité et de stabilité dans un Etat comme le Congo.

Face aux menaces terroristes qui pesaient sur elle, à l’approche de la COP21, tirant les conséquences des attentats de Paris, du 13 novembre 2015, les autorités françaises ont pris une décision courageuse d’instituer l’état de siège, encore en vigueur jusqu’à ce jour. Cette décision est motivée, on peut le comprendre, par un souci de sécurité et de stabilité de la France. De même, c'est pour des raisons de sécurité et de stabilité que les autorités congolaises ont décidé d'interrompre pendant quelques jours les communications téléphoniques.

En se focalisant sur cette décision pour émettre des doutes sur le processus électoral au Congo, le ministère français des affaires étrangères pense que la sécurité ou la stabilité n'ont de sens que pour les français et autres occidentaux. Et que les pays africains devraient se livrer à tous risques de déstabilisation sans user de leurs devoirs régaliens de les anticiper. Ou peut être qu'un État souverain comme le Congo a l'obligation de prendre une autorisation particulière auprès de la France pour régler ses problèmes internes.

Quand la France prend des mesures sécuritaires pour préserver l’intégrité de son territoire et la vie de ses populations même quand celles-ci visent à restreindre les libertés individuelles, cela s'accepte aisément. A l’opposé on crie au diable, lorsque le Congo le fait pour les mêmes motivations.

Parlant des restrictions, mieux, de la coupure des communications, le Tchad a fait, exactement la même chose le 10 avril dernier, lors de l’élection présidentielle, sans que cela n'émeuve outre mesure la puissance colonisatrice, la France. On peut y voir, sans doute, une faveur justifiée par le fait que le Tchad évolue aux cotés de la France dans la guerre contre le terrorisme au Mali.

En l'absence « d'une transparence suffisante pour certifier la crédibilité des résultats, la France encourage les autorités du Congo au respect, au dialogue et au rassemblement de l'ensemble des sensibilités politiques du pays », poursuit le Quai d’Orsay. A ce niveau, la France manque du respect aux délégués de l’Union Africaine et à d’autres observateurs internationaux ayant fait le déplacement de Brazzaville, pour suivre de façon régulière le déroulement du scrutin présidentiel du 20 mars dernier.

Les conclusions préliminaires des délégués de l'U.A, découlant de leur rapport d'observation du 1er tour de l’élection du président de la République, parlent d'un scrutin crédible. Le peuple congolais, y est même félicité pour maturité politique. Le rapport note, par ailleurs, des avancées démocratiques au Congo, surtout avec l’usage du bulletin unique.

Loin de toute réalité, mais prompte a l'intrusion dans les affaires d'un pays souverain, la France se refuse de s’appuyer sur le constat de ceux qui ont mené l'observation sur place. A moins d'une mauvaise foi, ou d'une volonté de puissance, l'attitude hégémonique de la France ne cadre plus, à tous égards, à la donne des relations internationales du 21 eme siècle.

En réalité, et cela n'échappe à personne, la France veut faire aboutir son plan machiavélique, visant à se débarrasser du président Denis Sassou N’Guesso. Encore, faut-il que cela intègre la volonté du peuple congolais. Ce qui n'est pas le cas, puisque les différentes manœuvres fomentées contre le pouvoir de Brazzaville se sont soldées par un rejet net du peuple congolais ; un peuple qui, usant de sa souveraineté a fait de Sassou le 1er président de la Nouvelle République dès le premier tour de la présidentielle.

La proposition d'une transition inexpliquée faite par la France envisagerait instaurer est encore une manœuvre qui milite pour la mise à l'écart du président congolais du jeu politique, car rien ne justifie une telle diversion; D’autant plus que l’essentiel des candidats malheureux à l’élection présidentielle a reconnu la victoire de l’élu, c'est-à-dire Denis Sassou N’Guesso.

Les propos tenus par un journaliste au cours de ce point de presse sont révélateurs. « Dans la mesure où monsieur Sassou n’entend que la voix de Paris, laquelle voix a soutenu son référendum constitutionnel, il devra tenir compte de sa recommandation, à savoir un dialogue immédiat qui mettra en place une vraie transition », commente ce journaliste étranger présent dans la salle de presse.

D’aucuns estiment qu’il est sinon impossible, du moins difficile pour le président autoproclamé de diriger le Congo, tant il est de plus en plus seul. Personne, en fait, ne reconnaît aujourd’hui le Sassou des années 1997-2000, qui faisait taire même les médias européens ; et ça sent la fin. Des propos aux relents impérialistes, relevant d’une époque révolue.

Aujourd'hui, la France doit revoir son logiciel diplomatique et se départir des illusions coloniales des décennies passées. Les temps ont bien changé, mais de toute évidence la Franche se complaît de garder des vieux clichés des années 80. Elle se trompe encore d’époque. Ce n’est plus l’ère des politiques des prés carrés. Face à l’évolution rapide des équilibres économiques, la France devrait revisiter la sa politique étrangère, en se montrant plus respectueuse des pays amis, moins paternaliste et plus lucide.

Le peuple Congolais, déterminé à faire échec à toutes ces manœuvres déstabilisatrices, pense émergence et développement. Il ne peut en aucun cas, confié son destin à un mercenaire politique pré-conçu depuis l'étranger. A l'heure où des partenaires plus lucides, moins directifs, moins arrogants tissent des relations plus équitables avec le continent noir, la France qui poursuit avec l'intrigue perd un à un ses alliés, comme récemment, le Rwanda qui s'est détourné de la francophonie, en bannissant en même temps le français comme langue. Peut voudrait t -elle voir le Congo emboîter le pas du Rwanda?

Tout comme, la poussée impitoyable de la Chine ne semble pas réveiller la France de son sommeil cataleptique qui la caractérise au plan diplomatique. Certains partenaires à l'instar de la Russie, la Chine, l'Italie qui n' exercent pas le management diplomatique directif comme la France, mais qui ont tout à apporter au Congo montrent leur intérêt a travailler avec ce pays.

L’illustration la plus récente est la présence à Brazzaville le 16 avril dernier, jour de l’investiture de Denis Sassou N’Guesso, des émissaires du président Russe, Chinois etc. La France ne peut donc pas rêver d'un isolement du Congo quand ces grands du monde coopèrent avec ce pays. Même le Secrétaire General de l'ONU avait marqué sa présence à Brazzaville en dépêchant Abdoulaye Batily.

Deux cas d’école seront évoqués à titre d’exemple, à partir desquels la France devrait résoudre qu’il ya urgence à repenser la vision de ses relations internationales, ses rapports avec d’autres pays, qui sont des Etats à part entière comme elle.

Le premier, c’est le cas du Rwanda, qui a coupé tout lien avec la France, même la langue, pour se tourner vers les USA. Une démarche adoptée en toute responsabilité, qui n’entrave nullement le développement de ce pays d’Afrique. Le second, c’est le Burundi, certes pays pauvre en matières premières, ne se nourrissant que d’aides de l’Union Européenne, s’est radicalisé. A ce jour la France n’a pas pu faire changer sa position.

Ces deux exemples, bien parlants, peuvent faire réfléchir la France. Au lieu de jouer à l’apprenti pyromane, la France se doit de méditer sur le devenir de ses relations avec les autres Etats, surtout africains, qu'elle s'ingénie de traiter comme des départements français. Dans le cas du Congo, L’ancienne colonie n’entend pas s’attarder sur les turpitudes de son ancienne métropole, pour tracer la route de son émergence.

Face à ce qui s'apparente à la colonisation d'un nouveau genre de la France, les congolais, mieux éclairés plus aujourd'hui qu'au paravant, n'entendent plus brader leur souveraineté, à moins d'une extermination totale de tout le peuple par la volonté d'assujettissement. L'issue de l'élection présidentielle au Congo, procède de cette volonté de liberté et de souveraineté du peuple.


 



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