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TCHAD

Tchad : 103 millions d'euros réclamés par les familles


Alwihda Info | Par M.A KEBIR/ Source Web - 25 Décembre 2007


Les parties civiles ont tenté hier de présenter les prévenus français comme des «trafiquants d'enfants». De notre envoyé spécial à N'Djamena


Tchad : 103 millions d'euros réclamés par les familles

Nonumy eirmod tempor invidunt

«TRAITE négrière», «mépris colonial», «humiliation collective» : les mots de la colère africaine ont longuement retenti, hier, à la barre de la cour criminelle de N'Djamena. Trois heures durant, les avocats de la partie civile se sont relayés pour tenter de démontrer que les sixmembres français de L'Arche de Zoé ont voulu tirer profit de la misère sévissant dans l'est du Tchad pour s'emparer de 103 enfants sans avoir, à ce jour, exprimé le moindre regret.

Dans la matinée, cinq pères originaires de la région frontalière entrele Tchad et le Soudan avaient raconté dans quelles circonstances ilsont confié leurs enfants à l'association, en septembre. « À l'époque, Souleymane (un intermédiaire soudanais, NDLR) est venu nous dire que des Blancs étaient arrivés à Adré et qu'ils proposaient d'accueillir nos enfants dans une école où ils apprendraient le français et le Coran, retrace, en arabe, Abdallah Arbab Mahamat. Lorsque l'imam de la mosquée m'a dit que ce serait une bonne chose, j'ai accepté. »

Souleymane Mahamat Mahmoud, lui, explique : « Jusqu'alors, c'est moi qui devais nourrir et habiller mes enfants. Quand j'ai appris que les Blancs pouvaient m'aider, je leur en ai confié deux. Jamais je n'aurais imaginé qu'ils allaient partir avec eux. »

Ce préambule tracé, les avocats des familles entreprennent de convaincre la cour que l'évacuation projetée par Éric Breteau et ses compagnons ne pouvait pas se justifier, quand bien même les 103 enfants auraient tous été des orphelins du Darfour. « Qu'ils soient soudanais, bosniaques ou tchétchènes n'a aucune impor­tance, s'insurge Me MagloireBadgé. Le seul vrai problème est : M. Breteau avait-il le droit defaire sortir 103 enfants du Tchad sans en référer à personne ? »

À cette question, le conseil de l'État tchadien, M e Philippe Houssiné, répond par la négative, estimant que la convention de Genève sur les droits des victimes de guerre, signée en 1951, n'autorise aucunement une organisation humanitaire à évacuer des réfugiés sans en référer au pays qui les héberge, contrairement à ce que L'Arche de Zoé soutient depuis le début.


« Un terrible traumatisme »

« Dès lors, M. Breteau ne peut être décrit que comme un trafiquant d'enfants », tranche l'avocat avant de préciser que le Tchad, outre lasaisie de l'avion espagnol affrété pour assurer l'évacuation, réclamele versement d'un franc symbolique en réparation du préjudice subi.

Voix rocailleuse et colère mal contenue, c'est apparemment au nom de toute l'Afrique que Me Josiane Laminal entend plaider lorsque, son tourvenu, elle lance : « Cette affaire, qui humilie toute une nation, me rappelle de mauvais souvenirs. Quand on vient ainsi ramasser des enfants après avoir ciblé expressément un milieu pauvre et analphabète, ça s'appelle de la traite négrière. Et ça, ça me fait mal. »

Me Laminal et cinq de ses confrères de la partie civile ont tenté d'estimer la valeur finan­cière du « terrible traumatisme » vécu parles familles des enfants « enlevés ». Devant la cour, ils ont réclamé hier un million d'euros par bambin, soit 103 millions d'euros au total. Subodorant que Breteau et les siens, dans l'hypothèse où ils seraient condamnés, auront probablement du mal à régler l'ardoise, Me Laminal demande que l'État français soit déclaré civilement responsable. « Il était au courant des manœuvres de l'association et n'a pris aucune mesure pour les arrêter » , croit savoir l'avocate.

Du fond de son box, Éric Breteau sourit, visiblement imperméable au torrent de reproches qui se déverse. Au premier jour du procès, il avait estimé que « personne ne pouvait contester l'assistance légitime et nécessaire à la survie des orphelins du Darfour ». Demain, se savocats prendront la parole pour tenter de faire partager son inébranlable conviction à la cour.

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