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Tchad: Ahmat Yacoub se confie au journal "La Voix"


Alwihda Info | Par - 20 Décembre 2014


Le contexte n'est pas le même et je ne vois même pas le rapport, parce qu'au Burkina Faso, c'est un chef d'Etat qui est arrivé à la suite d'un coup d'Etat sanglant ayant coûté la vie à son propre ami Thomas Sankara l'homme populaire en Afrique.


Tchad: Ahmat Yacoub se confie au journal "La Voix"

La Voix: Vous soutiendrez bientôt une thèse de doctorat en gestion des conflits, qu'est ce que cela fait pour vous d'allier la théorie à la pratique? <br /> <br />

Ahmat Yacoub Dabio: A mon retour au Tchad en 2009, je ne m'attendais pas à travailler sur la gestion de conflits, surtout à la Médiation nationale qui est devenue Mediature de la République à partir de décembre 2009. Au départ, quand on m'a nommé comme conseiller, j'avoue que&nbsp;je n'étais pas très chaud parce que c'est une institution à la quelle je ne suis pas habitué. Ce n'était pas facile, mais par la suite , et au fur et à mesure que je travaillais dans cette institution, je me suis rendu compte que je suis dans une école. A travers cette institution, j'ai découvert qu'elle regorgeait des hautes autorités, notamment des anciens ministres.... j'ai appris la patience et l'écoute. Mais ce que je n'ai pas appris c'est la technique de la médiation. Il est vrai que quand j'étais arrivé, la médiation nationale n'avait pas de siège, ni des textes fondamentaux. C'est après quelques mois nous avons eu à travailler et avons obtenu la loi 031 qui régit la Mediature de la République actuelle. Au départ, cette Mediature n'était pas reconnue. Mais&nbsp;c'est à partir de décembre 2009 qu'on a eu à la restructurer. Il reste alors le volet formation. Même si on était dans une école, en six années on devait obtenir un diplôme. C'est pourquoi après avoir totalisé six années je me suis dis qu'il faut se professionnaliser. <br /> <br />

La Voix: Vous avez pris part, avec d'autres conseillers, sous les auspices du Médiateur, à la conciliation des frères ennemis de Biliam Oursi. Le conflit est il définitivement réglé? <br />

Ahmat Yacoub Dabio: Bien sûr, vous avez suivi le mercredi 17 décembre sur les antennes de la radio que ce peuple s'est réconcilié. Le problème a commencé depuis 2006. Les habitants se sont révoltés contre leur chef. C'est ainsi que cela a fait plusieurs victimes. En août 2014, des affrontements ont fait 12 morts. Ce qui a fait que le Premier Ministre Kalzeubé Payimi Deubet, se déplace personnellement accompagné d'une forte délégation. C'est ainsi qu'il a chargé le Médiateur de la République de régler ce conflit. Après trois mois d'intenses négociations que la Mediature est arrivée à cette solution dont la signature d'un accord de paix et de réconciliation le 17 décembre 2014 entre les frères ennemis.

La Voix: Le Tchad est un pays enclin à des conflits politiques et sociaux. Pour vous, à quoi sont ils dus?

Ahmat Yacoub Dabio: Si on fait la comparaison avec d'autres pays comme le Rwanda, et ce qui se passe actuellement au Soudan ou en Libye, nous constatons que nos conflits sont maîtrisables. Dieu merci, nous n'avons pas eu des conflits inter-religieux, ni inter-ethniques. Nos conflits sont généralement communautaires dont l'origine est le foncier et l'eau. Il faut savoir que la gestion de conflit comporte plusieurs volets. Faire la paix c'est facile, la consolider, c'est la chose la plus difficile.

La Voix: Pourquoi est il difficile de consolider la paix?:

Ahmat Yacoub Dabio: Partout au monde la question relative à la consolidation de la paix pose problème. Prenons l'exemple de la Libye où l'occident a intervenu pour éliminer Kadhafi sans pouvoir instaurer et consolider la paix. Ils n'ont pas envisagé "le service après vente", comme l'a dit le président Deby au sommet de Dakar sur la sécurité.

La Voix: Vous êtes promoteur d'un journal de la place, comment trouvez vous le paysage médiatique tchadien?

Ahmat Yacoub Dabio: L'image de la presse tchadienne en 2014 montre qu'elle a fait un bond en avant. La presse a évolué en ce sens qu'il y a de titulaires d'une maîtrise qui acceptent par vocation d'y travailler alors qu'il y a vingt ans cela n'était pas possible. Mais il n y a pas une forte implication de l'Etat pour aider la presse. Et moi, je souhaite de tout mon cœur que l'Etat intervienne fortement sans pour autant ériger de barrière ou de restriction à la presse. Parce que c'est l'image du pays. Et cela va renforcer la démocratie et la liberté d'expression.

La Voix: Un mot sur la fuite du Président Blaise Compaoré par rapport aux actualités du Tchad...

Ahmat Yacoub Dabio: Le contexte n'est pas le même et je ne vois même pas le rapport, parce qu'au Burkina Faso, c'est un chef d'Etat qui est arrivé à la suite d'un coup d'Etat sanglant ayant coûté la vie à son propre ami Thomas Sankara l'homme populaire en Afrique. Par contre chez nous, le président Deby est l'auteur de renversement d'une dictature atroce responsable de la mort de plusieurs milliers de personnes. Ce sont deux situations différentes. Ce n'est pas pour autant dire qu'il n'y a pas eu d'erreurs. Il y a des erreurs qu'il faut corriger.

Propos recueillis par R. Frederic et D.P
Journal "La Voix" Tchad



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