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TCHAD

Tchad : Comment le Tiers-Etat doit-il prendre le Pouvoir en 2021 ?


Alwihda Info | Par - 24 Juillet 2014



Sadam Ahmat Yacoub
Sadam Ahmat Yacoub

Le Tiers-Etat vit la grande misère humaine au Tchad, 2021 sera sa date !

Nous ne cessons d’écrire, d’écrire et encore d’écrire, mais nous n’avons pas le choix, nous devons le faire pour la bonne conscience humaine, le faire pour ces pauvres gens si nombreux qui souffrent dans ce pays qui pourtant est aussi le leur, écrire parce que la plume est pour nous la seule arme la plus noble et efficace que nous avons pour dénoncer une situation donnée mais aussi écrire pour avertir ce qui pourrait probablement arriver dans un avenir proche.

Durant des années le Tchad est divisé, d’un côté le peuple qui souffre de l’injustice sociale, de la misère et de la mauvaise gouvernance appelée le « Tiers-Etat » et d’un autre un peuple qui vit si bien, profite si bien de la misère des autres pour s’enrichir quotidiennement constituant ainsi la « noblesse ».

Le Tchad va très mal, la stabilité politique aussi bien criée par ceux qui y trouvent intérêt n’est qu’une fatale illusion. Derrière cette stabilité politique se cache une très grande misère sociale, une profonde injustice. Où sont les responsables ? Le gouvernement ? Les dirigeants exécutifs ?

Non, ils ne sont points les premiers responsables, les vrais responsables ne sont autres que nous, oui nous sommes les vrais responsables de cette grande misère humaine car chaque jour que nous vivons nous acceptons cette situation, nous acceptons l’humiliation, nous acceptons le déshonneur mais nous acceptons aussi d’être étranger de notre propre pays, de se taire et de penser que c’est un devoir voir même une obligation et de mendier le développement comme si nous mendions de l’argent, mendier des dispensaires, mendier des routes, des infrastructures sociales, mendier la paix, le développement et concrètement vendre notre voix, notre parole, notre humanité et nos droits.

Inutile de compter sur la bonne conscience de la majorité des responsables qui peuplent les bureaux administratifs et institutionnels de l’Etat pour condamner l’injustice, car eux-mêmes jouent un double jeu et ne sont en aucun cas prêt à se sacrifier. Parmi eux, rares sont ceux qui ont osé agir une fois au nom du peuple, agir pour la Nation. Mais halte à la jeunesse ! Halte à son inaction ! La jeunesse constituant la nouvelle génération tchadienne, celle qui s’éduque et s’instruit de jour en jour n’a pas du tout le droit d’abandonner ses aînés, ses sœurs, frères et enfants qui souffrent depuis des décennies.

Inutile de détailler les fatalités misérables qui touchent la très grande majorité des tchadiens.    Quand on est à la tête de l’exécutif national et qu’on a eu la chance de gouverner pendant plusieurs mandats, que le pays que nous gouvernons est pétrolier, et qu’à seulement 20 kilomètres de la capitale, de nombreux citoyens tchadiens marchent à dos d’ânes pendant plusieurs kilomètres sous un soleil ardent et frappant pour quelques bidons d’eau non potable voire même du marigot ; Je me permets à titre personnel de dire que c’est très honteux et cela prouve à quel point le peuple n’a qu’à aller se faire foutre ! Et pourtant ce ne sont pas les moyens qui manquent mais nous sommes une administration très mal organisée, pervers et corrompue, des dirigeants qui ne pensent qu’au « moi personnel », qui ne veulent pour la plus part d’entre eux, que s’empiffrer. Des dirigeants inefficaces et qui n’ont pas la notion du « bien être commun » et de « l’intérêt général », des dirigeants qui sont très fiers de construire des immeubles, de rouler dans de belles voitures luxueuses avec l’argent très souvent de l’Etat mais qui honnêtement se foutent de la situation du Tiers-Etat, se foutent de la souffrance dans laquelle « survit » le peuple. Et pourtant ces dirigeants, ces Ministres, ces directeurs, ces responsables avaient l’ultime et l’unique devoir de servir leur peuple. Nous avons un peuple qui meurt de faim et de soif, qui se perd de l’analphabétisme, un peuple déscolarisé, un peuple humilié et abandonné, un peuple qui mise tous ses espoirs dans le doute. Peut-on être fière de montrer au monde que l’on dirige un peuple affamé ? Que l’on est à la tête d’un Etat qui se fiche de ses administrés, de ses citoyens ? A la tête d’une administration corrompue ?  Peut importe de ce qu’il adviendra mais c’est en sortant du silence que nous pouvons chacun défendre le bien être même ne serait-ce que d’un citoyen de plus.

Le Tiers-Etat s’est trop longtemps tu ! Ce Tiers-Etat a d’abord le devoir de revendiquer pacifiquement en usant de tous les moyens légitimes pour honorer et arracher ses droits, de revendiquer le mérite de son travail car énormément de citoyens aujourd’hui n’ont pas ce qu’ils méritent et pour obtenir ce mérite une seule voie leur est ouverte : la Prostitution intellectuelle.

On crie à l’intérieur tout comme à l’extérieur que le Tchad est une nation solidaire, quelle solidarité ? Pourquoi mentir ? La seule solidarité qui existe n’est que fraternelle mais n’a jamais été et en aucun cas une solidarité nationale. On se permet de marginaliser les citoyens d’une certaine zone géographique du pays, alors qu’ils sont les plus instruits et méritent le plus, comme à l’inverse on généralise le mal chez tous ceux qui porteraient les mêmes traits caractéristiques que ceux qui dirigent le gouvernement. Nous sommes donc moralement faible et détruits, nous manquons de sagesse et d’initiatives, la génération des dirigeants actuels est donc bloquée et n’est pas conforme au mode de vie du 21ème siècle.

Aujourd’hui les seuls Etats qui survivront ne sont autres que les Etats sociaux et pour enclencher un le vrai commencement d’un Etat social, il faut un Etat de droit avec un puissant système judiciaire et juridictionnelle et de nombreux juristes capables de commenter, de critiquer de faire évoluer le droit or au Tchad les juristes sont tous exégétiques et ne font qu’appliquer le droit sans pour autant réfléchir et donc à ce moment là, le droit meurt suivit de l’Etat de droit.

Mais l’Etat de droit c’est aussi une Administration puissante qui respecte et qui est respectée, c’est un ensemble d’administrant qui jalouse la notion du service public, qui comprend la notion d’intérêt général or au Tchad l’administration est une « vache à lait » un moyen rapide pour assouvir ses besoins économiques, une ombre contre la misère, une issue sociale, les administrés n’ont pas confiance à cette administration nationale qui représente leur pire cauchemar.

L’administration doit contenir d’excellents cadres et techniciens, hélas c’est parfois tout le contraire, on y trouve souvent des « cadres » perdues et parachutés à des postes de hautes responsabilités non pour servir mais pour se servir.

Pour enclencher un vrai Etat social il faut aussi inévitablement des réformes sociales qui doivent être entrepris par le gouvernement mais lequel ? Au Tchad il y a trois saisons dont l’hiver, l’été et les remaniements ministériels, c’est un gouvernement instable qui change souvent comme sous la Troisième République française. Nous avons impérativement besoin d’une déconcentration, Déby doit déléguer avec efficacité certaines de ses compétences aux Préfets et supprimer les gouverneurs afin de rendre les hauts postes de responsabilités régionales décentralisés tout comme par exemple les Conseils régionaux avec des élections et une grande autonomie pour la gestion indépendante de la Région et créer par le même moment le poste de préfet de région délégué aussi du pouvoir central. Mais il doit aussi rendre une autonomie budgétaire et politique aux communes en supprimant les délégués du gouvernement auprès des communes. C’est la Cour des Comptes et l’inspection générale des finances qui ont les prérogatives d’agir et de mener des enquêtes sur les gestions financières auprès des communes et non le gouvernement par l’intermédiaire du contrôle d’Etat ce qui viole le principe de non-ingérence politique car le gouvernement n’a que le pouvoir envers les communes d’éclairer les élus ou la Nation sur une situation donnée concernant la Commune.

Sans trop s’attarder sur ces détails, nous devons être conscients du système politique défaillant qui mine le Tchad, nous avons besoin d’une nouvelle classe politique jeune et ambitieuse qui se réunit et se représente à toutes les prochaines élections, les jeunes doivent s’affirmer, s’imposer et manifester leurs présences sur tous les plans politiques et non chercher à se coller aux mamelles de l’Etat. C’est la jeunesse et seule elle, qui pourra au mieux représenter le peuple, la Nation et c’est elle qui à l’heure actuelle détient un très grand potentiel politique sans le savoir. Les jeunes sont perdues tout comme la Nation et ont besoin de leaders capables d’être au dessus de l’esprit divisionniste et individualiste. Par conséquent même si les élections de 2016 qui s’approchent paraissent encore assez tôt pour manifester la présence de la jeunesse, les futures élections de 2021 doivent être le pas ultime de la future jeune classe politique tchadienne qui se constituera afin d’assurer une transition politique pacifique et légitime du pays. La transition politique du pays semble être proche, nous la sentons, son odorat devient de plus en plus fort mais nous ne sommes pas du tout prêts, chacun compte sur l’initiative de l’autre et si nous continuons ainsi nous risquerons de rater la prochaine porte de transition tant attendue et nous tomberons (ce que nous ne souhaitons pas) dans un nouveau conflit qui nous sera fort préjudiciable car on aura d’abord une explosion politique avec la naissance de plusieurs partis politiques « écrans » qui revendiqueront la présidence du pays, les hommes armées de l’ancien régime se convertiront en des milices officieusement et seront prêts à affronter les pacifistes, d’autres se réuniront derrière une idéologie de vengeance et persécuteront des innocents sous l’effet de la « généralisation ». Au final quel sera le résultat ?

Le sang coulera, l’instabilité politique règnera avec des conseils de transitions, la communauté internationale prendra du temps à réagir pendant même que des milliers de citoyens mourront même avec la présence de l’armée française au Tchad, des familles seront décimées, les armes seront une nouvelle fois à la portée des civils, mais aussi des maisons, immeubles et bâtiments d’Etats seront détruits, des pillages organisées auront lieu et enfin tout l’investissement de l’Etat actuellement n’aura servit à rien pour demain, tout comme les investissements privées, car de nombreux citoyens seront lésées de leurs biens et ne lesretrouveront probablement plus. Nous tomberons dans un chaos économique se traduisant par une chute budgétaire donnant l’occasion aux multinationales d’exploitations pétrolières de prendre de grandes parts sur les revenus, aboutissant à la fuite des investisseurs, l’arrêt de projets des ONG, les fermetures de frontières, et l’installation cette fois-ci de la famine d’où une plus grande misère humaine au finale. A ce moment là il nous faudra encore des décennies pour reprendre une stabilité politique et à la fois économique avant d’enclencher de nouveaux projets.

Est-ce une situation comme l’Egypte que nous voudrions avec une armée putschiste qui dirige le pays sans considération du peuple avec une flambée jusqu’à 80% des denrées alimentaires et même du carburant ?

Est-ce une situation comme la Libye que nous voudrions avec une forte instabilité politique et une forte insécurité nationale et guerre civile créée par des milices présentes dans tout le pays ?

Est-ce une situation génocidaire comme la Centrafrique que nous désirions ? Avec la traque d’une population donnée pour motif religieux ?

Est-ce une situation comme le Mali que nous désirions ?

Ou est-ce encore une situation de partition que nous désirions comme le Soudan et le Soudan du Sud suivies de tentatives de coups d’Etats ou la situation que les ivoiriens ont connues après la chute de Gbagbo ?

Les exemples sont multiples tout comme dans le monde arabe, où aucun pays n’a réussit à se démocratiser alors qu’ils ont les plus grands moyens économiques. Tous ces pays ont un évènement en commun, la chute catastrophique d’un régime et d’un Chef. Le monde est devenu un écran télévisé, tout se voit, plus rien ne se garde secret. Tous ces pays cités ont été précédemment dans la même situation que le Tchad : incapables d’anticiper pour une transition politique par peur de représailles incapable de voir loin en sous-estimant toujours l’avenir, anticiper une transition ne se traduit pas ici et comme on peut toujours le croire par la volonté de voir un Président de la République renversé mais pour justement prévoir une transition politique sans « mécontents », prévoir une transition sans effusion de sang car tout Chef d’Etat doit un jour partir .            Aujourd’hui dans la sous région de l’Afrique Centrale le Tchad est le pays qui a su joué un rôle médiateur, ne parlons pas des interventions militaires tchadiennes au Mali ou en Centrafrique ce qui est fort critiquable mais aussi à la fois louable mais parlons juste de la stabilité politique sous-régionale, le Tchad est entouré de pays frontaliers pour la plus part instables politiquement. Prenons l’exemple de la Libye pays instable, qui rêve de voir l’actuel régime tchadien écroulé officieusement alors que des milliers de tchadiens subissent les pires injustices en Libye actuellement.

Prenons l’exemple de la Centrafrique, avec la milice « Antibalaka » qui ne ratera aucune occasion pour atteindre le Tchad si elle en trouve. Comment peut-on donc compter sur ce Pays qui par son gouvernement ne condamne pas le massacre des tchadiens sur son sol et ne leur offre aucune véritable protection ?

La frontière tchado-centrafricaine sous haute surveillance est l’explication directe des probables conséquences qui pourraient se répercuter sur le Tchad.

Le Cameroun pays voisin du Tchad ayant une frontière commune et dont « N’Djamena-Kousseri » ayant de fortes migrations présente un grand danger aussi pour la capitale. Si Yaoundé ne parvient pas à faire face à Boko-Haram, parviendra-elle à maîtriser cette frontière ? Non, le Tchad est par conséquent obligé de déployer des moyens sécuritaires, car c’est la Capitale qui est en danger et donc aussi le Pouvoir central. Mais le Cameroun est aussi l’un des pays qui « bougera » dans les années à venir et connaîtra surement une phase d’alternance politique.

Nous ne sommes pas du tout prêt à revivre une situation chaotique, mais c’est un choix qui ne nous appartient pas totalement, C’est au Président Déby de décider, seul lui peut décider de l’avenir du Tchad car c’est lui qui est aux manettes de l’Etat, nous ne pouvons que lui conseiller de prendre le même exemple que l’ex Président sénégalais Abdoulaye Wade et grâce à sa sagesse politique qui a conduit Macky Sall aux manettes du pouvoir, le Sénégal a poursuit tranquillement son développement économique et démocratique, c’est ce que le Sénégal est en train de nous prouver. Mais nous comptons aussi sur un futur bon leader tchadien comme le Président Moncef Marzouki de la Tunisie qui assume avec sagesse sa fonction.

Il appartient donc  à l’actuel Président tchadien de décider : soit on se tourne vers une future crise politique engendrant un probable génocide comme l’a prédit récemment un groupe de chercheurs australiens soit nous nous tournerons vers une transition politique réussie avec un ancien Président qui sera applaudit et protégé par son peuple pour cette courageuse action.

Sadam Ahmat
Rédaction d'Alwihda Info. En savoir plus sur cet auteur



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