Tchad : L'importation de véhicules limité à un âge de 3 ans

Cette décision n'est pas forcément une bonne nouvelle. Ce n'est pas non plus une mauvaise nouvelle. La protection de l'environnement et la prévention des multiples accidents de la route, appelaient depuis longtems déjà, à une telle initiative. Cependant les aspects pervers de cette décision se feront très vite ressentir. Elle renforcera davantage les inégalités criardes qui existent déjà au Tchad, et réduira la visibilité d'une classe moyenne très minoritaire, essentiellement constituée de jeunes intellectuels et commerçants émergeant, poduisant par là même des frustrations qui renforceront à long terme les clivages entre les différentes couches de la société tchadienne. On verra de plus en plus de bidasses analphabètes emplâtrés dans leur morgue faire crisser les pneus de leurs superbes 4x4 aquis sous l'extrême onction de son excellence M.Le président des barbouzes tchadiens qui considérera bien évidemment ces frustrations commes des détails aussi minimes que l'incroyable détail tchadien que fut l'assassinat assumé avec arrogance de M. Ibni O. Mahamat saleh. Quant aux intellectuels tchadiens, enseignants, médecins, avocats et autres zombies de l'intellect, leurs jérémiades interminables fourniront bien entendu, sur ce sujet comme sur la litanie d'aigreurs de toutes formes accumulées en 18 années de règne sans partage, une occasion supplémentaire de faire des gorges chaudes entre copains et frères du clan retranchés derrière les murs climatisés du Bunker rose. Enfin, le commun des tchadiens, on s'en fout. Et ce n'est pas la première fois qu'au nom de la lutte pour l'nvironnement on prend des décisions pour le moins surprenantes au Tchad, comme celle, si fraîche dans nos mémoires, de substituer du jour au lendemain l'usage du gaz au charbon de bois (sage décision du reste, mais hélas anachronique), sans avantages économiques en retour, et de surcroît contre toute logique puisque l'écrasante majorité de la population tchadienne avait à ce moment là une bien piètre connaissance du concept de gaz et de son application énergétique. Cet exemple illustre bien l'état d'esprit de nos dirigeants: ce sont des snobs mal informés des réalités les plus évidentes, et qui entrent dans l'inconnu avec pour seul argument leur arrogance, s'enferrant volontiers au passage, et à peine équipé du minimum de jugeotte pour comprendre l'étendue du ridicule dans lequel les plonge indéniablement toutes ces décisions, passez-moi le mot, complètement "à la con". Lorsque le quiddam Oumar Boukar Gana (désolé excellence, mais votre nom ne me dit rien de spécial, comme le mien ne vous inspire sans doute que l'inconnu) déclare: "Quand un véhicule de 6 ans arrive au Tchad, une année plus tard, vous avez l’impression que c’est un véhicule vieux de 10 ans", il donne exactement l'exemple de l'huile politique tchadienne bouchée des facultés cognitives. Nul n'est besoin d'être grand clerc pour savoir que dans tous les cas de figure, que cela fut par usage abusif des conducteurs, manque d'entretien, ou mauvais état des routes, le fait que les voitures vieillissent trois fois plus vite au Tchad, un petit peu à l'image de leurs propriétaires d'ailleurs, est d'abord imputable aux multiples incuries de l'état tchadien. Et puis, entre nous, qui irait acheter un vieux tacot s'il a les moyens de s'octroyer une auto flambant neuve? La solution, chers compatriotes, n'est-elle pas plus simple à la fin? Stopper l'hémorragie financière en sanctionnant la gabégie des supercitoyens bien connus, arrêter les achats d'armes de guerre, octroyer des salaires plus convenables au travailleur tchadien, et on n'aura plus besoin d'acheter de la ferraille poussive. On ne verra surtout plus notre Cher Secrétaire d'Etat pérorer devant l'Assemblée somnolente de nos députés abrutis (dans leur majorité, s'entend, il y en a que je respecte), et avec un peu de chance, si du côté des membres aux dents tranchées et à l'appétit insatiable du clan élu, on se résoud à la sagesse, on pourra même espérer que les intempestives délestages qui affectent de manière bien plus grave l'économie du pays que les quelques brindilles que Mariam pousse sous sa marmite, ne seront plus qu'un mauvais souvenir. Mais cela, c'est une autre affaire! Vu que personne ne s'inquiète de la paupérisation de la société, et que l'encanaillement semble plutôt bien partagé, nul ne viendra se soucier de quelques désagréments sans doute mineurs. En effet, qu'a-t-on besoin d'électricité au Tchad? pffuittt! n'est-ce pas encore un de ces besoins inutiles dont on sait si bien faire le deuil? Et puis, qu'est-ce que 42°C à l'ombre, sans climatiseur, pour de la chair à canon qui semble apprécier qu'une fois par an (c'est presque devenu une tradition!!!), on vienne la titiller avec des bruits de canon?
Voilà,ches compatriotes, à quel point nous sommes descendus. Si cela ne dérange personne, moi ça m'embête, et je tenais à le faire savoir, sans rancoeur.