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REPORTAGE

Tchad : Les causalités et les vrais motifs de la manifestation "anti-casque"


Alwihda Info | Par Adil Abou - 11 Mars 2015


L’interview est un échantillon qui a pour objectif de comprendre les causalités de la manifestation « anti casque » qui s’est produite cette semaine. Ce qui nous intéresse c’est de chercher à comprendre les vrais motifs ayant poussé les étudiants à sortir dans les rues.


Crédits photo : L'Union.
Crédits photo : L'Union.
L’interview est un échantillon qui a pour objectif de comprendre les causalités de la manifestation « anti casque » qui s’est produite cette semaine. Ce qui nous intéresse c’est de chercher à comprendre les vrais motifs ayant poussé les étudiants à sortir dans les rues. Bien que l’interview soit loin de constituer une étude sur les événements qui ont secoué la capitale, Alwihda Info a réalisé plusieurs interviews avec des manifestants, dont deux différentes réactions qu'il met à la disposition de ses lecteurs. L’interview suivante a eu lieu avec un étudiant qui a exigé de ne pas mentionner son nom.

Comment jugez-vous les manifestations contre le port de casque qui ont marqué la capitale N’Djamena ?

Excusez-moi de vous dire que la formulation de votre question n’est pas bien conçue. croyez-vous que c’est une question de port de casque ? Personne ne s’oppose à l’utilisation de casque. Il y a une sorte d’impréparation de la mesure par les autorités et d’exploitation de la vente par les commerçants. Jusque quand allons-nous accepter d’être sauvagement exploités ? Le ciment, le sucre, le pétrole...savez-vous que le marché de casque a permis à certains responsables de s’enrichir ? Nous avons toutes les preuves qu’un commerçant bien placé a monopolisé ce marché moyennant le versement d’un pourboire de 10% à certaines personnalités politiques. Maintenant, pour nous humilier, on parle de notre refus de port de casque. Où allons-nous trouver 25.000 FCFA pour se payer ce luxe ? Je dis bien, c’est une mesure irréfléchie, impréparée et on nous demande de se sacrifier.

Vous parlez d’exploitation sauvage, n’est-ce pas une question de port de casque en rapport avec votre sécurité ?

Vous insistez sur le port de casque. Si l’objectif de votre entretien avec moi est d’avoir une information adéquate et non ambiguë, ayez une vision lointaine en regardant les arbres et non la forêt.

Alors expliquez-nous qu’elle est la signification de cette manifestation pour ceux qui ont pris part ?

C’est une forme de plainte sociale complexe et diversifiée, une sorte de contestation, de revendication. Prendre au sérieux cette plainte implique l’engagement en personne du Président de la République dans une réforme profonde sur le plan social et rien que social.

Qu’est-ce que vous entendez par réforme profonde et sociale ?

Revendication sociale veut dire faire en sorte que nous soyons tous concernés par nos richesses sur les plans de logement, santé et travail. N’est-ce pas le devoir d’un Etat de s’assumer dans ses priorités de la vie quotidienne du citoyen ? Je vous pose une question. Qu’est-ce que vous faites si un de vos parents est mourant alors que vous n’avez pas la possibilité de le soigner ? Quelqu’un que vous aimez et qui meurt sous vos yeux sans avoir la possibilité de lui acheter des médicaments alors que certains s’envolent pour la France, la Tunisie, le Soudan pour se faire soigner d’un simple rhume. Qu’est-ce que vous faites si un de vos parents vient d’avoir un grave accident de circulation et que les médecins vous demandent de payer les soins alors que vous manquez d'argent. Qu’allez-vous faire alors qu’un petit nombre d’indivudus vivent le luxe sous nos yeux en s’accaparant des richesses nationales dont nous sommes tous propriétaires. Il existe un dysfonctionnement dans la gestion de la richesse du pays et il faut vite intervenir pour revoir cela. Nous n’avons pas droit aux postes juteux, ni au logement, ni aux soins, ni à la justice ordinaire. En moins de six mois, il y a eu deux manifestations importantes qui ne sont pas encore politiques. J’espère que le message est bien compris pour éviter une sortie politique.

Qu’est-ce que vous appelez "justice ordinaire" ?

Il suffit de faire un accident de circulation avec un proche du pouvoir pour le savoir. Toute votre vie bascule même si c’est l’autre partie qui a tort. Tout cela doit changer. Il faut une justice pour tous.

Que dites-vous des informations selon lesquelles il y a eu des mendiants et des domestiques dans la manifestation et que chacun de ces intrus touche 1000 F par jour ?

(Rires) Mendiants, domestiques et autres font partie de la société. J’ai vu le témoignage de quelqu’un qui peut être infiltré par la police pour nous salir mais je ne crois pas qu’ils sont payés pour soutenir la manifestation.

Le ministre de l’administration territoriale a avoué que la majorité de deux-cent jeunes arrêtés n’étaient ni élèves, ni étudiants et il a accusé des associations et des partis politiques.

La manifestation est nationale, initiée par les élèves et étudiants mais elle concerne toutes les couches sociales et je ne crois pas qu’on donne des sous à quelqu’un pour manifester mais je n’exclus pas que des partis politiques puissent exploiter la situation car nous on ne maîtrise rien de cela.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)