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Tchad : Les enfants bouviers expliquent leurs périples après avoir fui


Alwihda Info | Par Abba Issa - 13 Janvier 2024


Le Tchad est confronté à un grave problème : celui des enfants bouviers qui ont fui leur pays. Ces enfants, victimes de trafic et d'exploitation, racontent les épreuves qu'ils ont traversées pour échapper à leur triste sort.


Tchad : Les enfants bouviers expliquent leurs périples après avoir fui
La région du Mayo-Kebbi est particulièrement touchée par ce phénomène. Des individus sans scrupules profitent de leur statut social ou de leurs liens avec le pouvoir en place pour commettre leurs méfaits, souvent avec la complicité de certains habitants de cette province.
 
En effet, certaines communautés possédant des troupeaux de dromadaires dans le nord-est du Tchad exploitent la pauvreté de certaines familles en offrant quelques billets à leurs intermédiaires. Ces derniers jouent le rôle d'intermédiaire avec les parents naïfs qui pensent avoir trouvé une opportunité pour leurs enfants afin qu'ils travaillent et prennent soin de leur famille en retour.
 
Un enfant bouvier témoigne : "Je m'appelle Hagassou et je viens du village Guisandjorio dans la sous-préfecture de Moulkou, située dans le Mayo-Kebbi Est. Au début, on nous a dit que nous allions travailler dans les jardins. Arrivés à N'Djamena, ils nous ont fait déménager d'une maison à l'autre pendant la nuit avec mon frère. Ils nous ont donné deux draps puis transportés en pick-up par l'armée jusqu'à Amdjarass."
 
Malheureusement, cette pratique moderne esclavagiste prend de l'ampleur car certains propriétaires n'ont pas d'enfants pour garder leurs troupeaux de chameaux et se tournent donc vers les enfants des autres. Dans d'autres régions, il s'agit carrément d'acheter ces enfants pour s'occuper du bétail.
 
Un autre enfant bouvier, Ramadan, raconte : "Une fois la nuit tombée, ils m'ont forcé à dormir. Je me suis posé beaucoup de questions et j'ai profité de leur sommeil pour m'échapper. J'ai marché pendant quatre jours en pleine brousse sans eau ni nourriture à la recherche d'un village. La nuit, je dormais dans les arbres puis je reprenais ma route au petit matin. Après quatre jours de séparation, j'ai retrouvé mon ami Hagassou qui avait également pris la fuite. Sur notre chemin, nous sommes tombés sur un soldat du Sud qui a écouté notre histoire et nous a conduits chez un parent de notre communauté. C'est là que nous avons trouvé refuge et pu appeler nos parents au village afin qu'ils nous envoient l'argent nécessaire pour rejoindre Abéché."
 
Il est important de reconnaître que l'élevage est l'un des piliers de l'économie tchadienne. Chaque année, le pays est confronté aux conflits entre les communautés agropastorales liés à l'accès aux ressources naturelles, qui entraînent souvent des pertes humaines tragiques. Le Tchad occupe la deuxième place mondiale en termes de nombre de têtes de dromadaires après les Émirats arabes unis.
 
Il est essentiel que les organisations des droits humains mènent une lutte acharnée pour dénoncer et mettre fin à ces trafics d'enfants. Les responsables doivent être traduits en justice pour répondre de leurs actes.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)