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COMMUNIQUE

Tchad : Un parti d'opposition (dénommé M3F) dit non à l'opération Barkhane et prône un nationalisme "ouvert"


Alwihda Info | Par - 9 Août 2014



MOUVEMENT DU 3 FEVRIER
 
Communiqué n°016
 
 
 
Bâtir la nation tchadienne (1) : Sus aux ingérences extérieures !
 
 
Le Mouvement du 3 Février a, par le biais de ses nombreux communiqués, laissé entrevoir son programme politique sur bien des sujets : éducation, santé, société, économie... Il a démontré à l'ensemble des tchadiens et de la communauté internationale qu'il s'est imposé comme la seule force d'opposition constructive, loin devant des partis qui l'ont certes précédés mais qui ont été incapable d'élaborer une vision cohérente pour le Tchad, se contentant de couvrir d'avanies la dictature en place. 
 
Ces dernières semaines, par mail ou sur les réseaux sociaux, nombreux ont été ceux ayant réclamé une clarification du M3F sur sa ligne idéologique. Et ils ont eu bien raison. Car aussi fouillées furent nos propositions pour remettre le Tchad sur les rails du développement, celles-ci ne sont rien sans un contenant bien défini, un vase granitique visant à recueillir l'ensemble de nos propositions et à éviter qu'elles ne deviennent tonneau des danaïdes.
 
Les trois prochains communiqués seront consacrés à définir en profondeur la pensée du M3F. Cette pensée peut déjà se résumer en un mot : NATIONALISME.  Mais attention, il ne faut pas ici se méprendre sur son sens intrinsèque. Le nationalisme que prône le M3F n'a rien à avoir avec la racisme de « l'ivoirité », ou bien encore celui fasciste des dictatures européennes des années 30 et des partis d'extrême-droite d'aujourd'hui.C'est un nationalisme « ouvert », qui n'a pas pour but d'inférioriser celui qui serait exclu de la communauté nationale ni de l'écarter de tout système d'échanges marchand. Il a pour objectif de faire du Tchad, aujourd'hui un ramassis d'identités claniques placé sous la coupe d'un régime qui ne l'est pas moins, une véritable nation ; non pas une communauté partageant la même langue, la même origine, la même culture car le Tchad est pluriel dans tous ces domaines, mais le même sentiment d'appartenance, celui d'être tchadien. C'est ce que Ernest Renan, le célèbre théoricien de la nation, appellait la communauté imaginée. 
 
Et cette communauté imaginée ne pourra se faire sans un retour plein et entier de la souveraineté. C'est donc l'objet de notre premier communiqué, et il est on-ne-peut-plus d'actualité. Ces dernières semaines, la souveraineté du Tchad a été bradée par le pouvoir en place au nom d'intérêts prétendument supérieurs. Une présence étrangère, en l'occurrence française, sur le sol national, a été accrue, comptant jusqu'à 3000 hommes dans le cadre de l'opération Barkhane. Celle-ci vise en théorie à combattre le terrorisme dans la bande sahélienne. Mais n'est-ce pas un feu de paille destiné à masquer des réalités moins nobles, comme le maintien au pouvoir de certains dictateurs de la région comme Idriss Deby ou encore l'exploitation de matières premières ? On se souvient avec une froide terreur de Colin Powell agitant à l'ONU les images des prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein, ces photos satellites qui devaient justifier l'invasion de l'Irak et la mise sous tutelle de ses incroyables ressource pétrolifères. Tout à chacun peut constater dans quel chaos l'Irak est plongé aujourd'hui, plus de dix ans après l'entrée des troupes américaines sur son sol. Alors, oui, le Tchad n'est pas l'Irak, et François Hollande n'est pas Georges W. Bush. Mais tout de même...
 
Les propos absolument scandaleux de l'ambassadrice de France à Ndjamena, Evelyne Decorps, qui, au mépris de toute réalité, a affirmé que la France ne soutiendrait pas des révoltes contre ce qui est pourtant une des pires dictatures du continent, font planer le doute. Plus encore, on se souvient avec quelle partialité les forces françaises de l'opération Epervier, la prédécesserice de Barkhane, étaient intervenues dans le conflit opposant Idriss Deby à des forces rebelles dans les années 2006-2008.
En conséquence, le M3F adopte une position claire sur la question. Il n'est nullement question pour notre mouvement de remettre en cause la menace que constitue la terrorisme au Sahel et même maintenant aux portes du Tchad, avec la résurgence de Boko Haram. Ces mouvements qui font régner la terreur sur la région doivent être combattus avec la plus extrême vigueur. Mais pas au prix d'un abandon de souveraineté.
Le M3F réclame donc la fin de l'opération Barkhane et la mise sur pied d'une force de lutte contre le terrorisme sous la tutelle des Nations Unies, ou le cas échéant sous une tutelle conjointe UE-UA. La France pourra bien entendue prendre part à cette force, mais n'en sera plus l'élément moteur. Le M3F soutient par ailleurs l'idée que le camp de base de cette force puisse continuer à être situé à Ndjamena, mais avec la pleine et entière coopération des autorités tchadiennes. Pas question de créer une zone grise dans la souveraineté tchadienne, un Etat dans l'Etat, comme c'est actuellement le cas avec Barkhane. Enfin, cette force devra être entièrement dévolue à sa mission principale, à savoir la lutte contre les mouvements terroristes et non à l'étouffement de velléité libertaire dans les pays couverts. 
 
Que cela soit clair : le M3F ne développe en aucune façon une politique anti-française mais bien une idéologie de la souveraineté comme moteur de la construction nationale.  Et qui dit refus de l'ingérence à l'intérieur des frontières du Tchad dit également refus de l'ingérence de l'Etat tchadien envers d'autres territoires. Une fois porté au pouvoir par la rue, le M3F promet de mettre un terme aux manoeuvres de déstabilisation des pays limitrophes (RCA, Nigeria, Cameroun, Libye) entreprises par Idriss Deby et de limiter les interventions du Tchad à un cadre multilatéral (CEEAC-UA-ONU). Ainsi, le pays de Toumaï sera considéré à l'extérieur comme un facteur de pacification et non plus comme un facteur de destruction.
 
Toutes les grandes nations se sont notamment construites sur le refus d'une ingérence étrangère et sur la conquête de leur souveraineté. On se souvient par exemple de Bismarck qui fit l'unité de l'Allemagne contre les français ou de Victor-Emmanuel II, qui fit celle de l'Italie contre les autrichiens. En Afrique, l'Ethiopie a longtemps été un modèle de « nationalisme ouvert », se prémunissant de toute invasion extérieure tout en pérennisant un commerce vivace avec l'étranger. Mais là n'est peut-être pas l'essentiel car une nation doit d'abord et avant tout se solidifier de l'intérieur, se débarrasser des oripeaux de la division, de la peur de l'autre pour adopter une identité commune. C'est ce que nous défendrons dans notre second communiqué, pour que le Tchad devienne enfin ce grand pays auquel nous aspirons tous. 
 
Fait à Doba le 1er août 2014,
Collectif
Gloria Ronel
Coordinatrice de rédaction. En savoir plus sur cet auteur



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