Accueil
Envoyer à un ami
Imprimer
Grand
Petit
Partager
TCHAD

Tchad : Une leçon militaire à méditer


Alwihda Info | Par Libération - 2 Juin 2009



Tchad : Une leçon militaire à méditer
Deux conflits du "Sud" ont connu, durant le mois de mai, des évolutions très importantes dont il est possible de tirer quelques réflexions militaires (avec toute la prudence nécessaire, au vu des informations parcellaires).

TCHAD / Le 6 mai, la rébellion lance une offensive destinée à renverser le régime du président Déby. Elle avait échouée en février 2008, défaite dans les rues de la capitale N'Djaména. Elle a de nouveau été sévèrement battue par l'armée nationale tchadienne, mais cette fois-ci bien avant de menacer la capitale. Cette bataille, qui aurait fait 300 morts, illustre une évolution notable de la manière de faire la guerre en Afrique. Sur ce continent aussi, le durcissement des opérations est à l'ordre du jour.

Traditionnellement, les parties en présence s'affrontaient par le choc de colonnes de 4x4 lancées à vive allure l'une contre l'autre. Ces Toyata ont remplacé les chevaux d'antan, mais la tactique était celle des charges de cavalerie. Chaque Toyata transporte une petite dizaine d'hommes, de l'essence et des armes légères (Kalach, lance-roquettes RPG7 et mitrailleuses lourdes de 14,5). Autant dire qu'à chaque coup au but, c'est l'explosion assurée du véhicule. L'armée du président Déby est parvenu à imposer à son adversaire un conflit asymétrique, mais pas comme on l'entend d'habitude. Elle s'est considérablement renforcée en s'appuyant sur trois choses : 1- une volonté politique. 2- de solides traditions guerrières (partagées par les deux camps); 3- de l'argent, provenant du pétrole, et donc des armes.

L'armée nationale est désormais équipée d'une force aérienne, servie par des mercenaires, mais qu'importe. Elle aligne quelques Sukhoï Su-25, hélicoptères de combat Mi-24 et Pilatus. Ces appareils lui donnent une sérieuse capacité d'attaque au sol et de reconnaissance. Ils ont largement été mis à contribution. Dans le même temps, l'armée tchadienne se blinde, avec des véhicules comme les BTR ou BMP et même des T-55. Elle dispose d'une sérieuse puissance de feu, avec des canons de 30mm ou des canons sans recul. Par ailleurs, elle a littéralement "fortifié" la capitale, avec des fossès, des espaces dégagés pour le tir et seulement trois portes d'accès très protégées. Les rebelles ont été défaits plusieurs centaines de kilomètres avant d'avoir eu le loisir d'affronter les défenses de la capitale.

Dans cette affaire, l'aide française est moins importante qu'on le croit souvent. Certes, les accords de coopération militaire entre les deux pays jouent et la France fournit une aide logistique, sanitaire et en matière de renseignement, ce qui est loin d'être négligeable. Mais c'était déjà le cas auparavant. Ce qui est nouveau, c'est le fait que le régime tchadien a pris sérieusement ses affaires en main et se donne les moyens de gagner, sans compter sur Paris.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)