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AFRIQUE

Tchad : les personnes fuyant les violences au Soudan attendent toujours une aide humanitaire


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 21 Février 2024



Depuis le début de la guerre au Soudan, 1.6 million de personnes ont fui les violences et sont réfugiées dans un pays voisin, dont 610 000 réfugiés qui ont traversé la frontière avec le Tchad.

Près d’un an après, presque 92,000 personnes, la plupart des retournés tchadiens continuent à survivre dans des conditions très précaires dans la région de Sila, à l’est du Tchad, où les maigres ressources existantes ne suffisaient déjà pas à répondre aux besoins de la communauté d’accueil.

Sur le site de retournés de Daguéssa et dans le village de Goz-Aschiye, où Médecins Sans Frontières (MSF) et d’autres organisations fournissent une assistance humanitaire, l'intervention reste actuellement insuffisante pour répondre aux besoins de plus de 50 000 personnes qui font encore face à d’énormes difficultés. « Au Soudan, j’ai vu des choses horribles. J’ai vu des gens tués et blessés devant mes yeux.

Et après, sur la route pour le Tchad, j’ai vu les gens en fuite se faire dépouiller du peu de choses qu’ils avaient », témoigne Alimè. Elle a fui le Soudan pendant la nuit avec sa fille et a trouvé refuge à Daguéssa, au Tchad. Comme la plupart des gens là-bas, le peu d’aide qu’elle reçoit pour vivre est loin d’être suffisant.

Beaucoup de Tchadiens ayant fui le Soudan, même s’ils ont des liens ancestraux avec le pays, n’y ont plus aucune attache. Comme les autres réfugiés, ils sont arrivés au Tchad à la recherche de protection et d’assistance. « Je suis seule ici. Mon mari est resté au Soudan. Je suis venue à la clinique MSF parce que mon fils est malade », explique Awa, venue faire soigner son nourrisson.

Le fils d’Awa souffre de paludisme et de diarrhée. Il est hospitalisé au centre de santé de Daguéssa où les équipes MSF stabilisent les patients dans un état critique. « Dans le camp, nous venons tous d’endroits différents, il n’y a pas de relation entre nous qui me permettrait d’avoir de l’aide de qui que ce soit. Je n’ai pas de carte pour recevoir des rations alimentaires, nous récoltons de la paille dans la brousse, et nous la vendons aux locaux pour avoir quelque chose à manger ».

Dans le village de Goz-Aschiye, les habitants partagent leurs maigres ressources avec les nouveaux arrivants, mais la nourriture manque cruellement. Les distributions de nourriture sont rares dans cette zone et ne suffisent pas à couvrir les besoins de l'ensemble des habitants, la majorité étant des Tchadiens rentrés au pays depuis le début du conflit au Soudan.

« Une femme m’a confié que ses enfants n’avaient rien mangé depuis 4 jours. Comment parler de santé et de prévention à quelqu’un qui meurt de faim ? », rapporte Goumsou Mahamat Abadida, promotrice de santé MSF dans le projet d’urgence dans la région de Sila, où 1563 patients ont été admis dans le programme nutritionnel de MSF en 2023 (dont 500 enfants pour la Malnutrition Aigüe Sévère (MAS), et 1063 de Malnutrition Aigüe Modérée (MAM)).

« Notre intervention vise à garantir un minimum de services de santé dans le camp de Goz-Aschiye mais elle ne peut pas pallier les énormes besoins humanitaires que l’on voit dans ce camp. » La malnutrition aiguë affaiblit le système immunitaire et expose ces populations à de graves épidémies.

Depuis mai 2023, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) gèrent une clinique mobile trois jours par semaine et une tente de stabilisation d’une capacité de 10 lits dans le centre de santé de Daguéssa. Elles réfèrent vers des centres médicaux plus spécialisés les patients qui souffrent de pathologies nécessitant des soins secondaires. MSF déploie également chaque semaine des cliniques mobiles sur les sites de Goz-Aschiye et Andressa, qui reçoivent en moyenne 300 et 200 consultations par semaine respectivement.

Les équipes notent plusieurs cas d’infections respiratoires, de diarrhées, de paludisme ainsi que beaucoup de cas de malnutrition aigüe sévère chez les enfants de moins de cinq ans. Afin d’améliorer les conditions d’hygiène et l’accès à l’eau potable, les équipes ont aussi commencé à fournir de l’eau potable avec des camions citernes et construit plusieurs forages.

Néanmoins, l’accès à l’eau potable n’atteint toujours pas les standards minimums qui sont de l’ordre de 15 à 20 litres par jour et par personne, alors que la plupart des gens à Daguéssa n’en ont que 6 litres. Associé aux conditions de vie précaires, cela augmente le risque d’émergence de maladies infectieuses.

« La réponse humanitaire dans cette région isolée reste encore inadéquate, en raison du manque de fonds et d’acteurs présents sur place, ce qui ralentit l’aide nécessaire aux populations déplacées.” explique Khatab Muhy, chef de mission MSF au Tchad.

« Même avant la crise soudanaise, les régions orientales du Tchad étaient déjà confrontées à une insécurité alimentaire chronique. L’afflux de réfugiés soudanais et de retournés tchadiens depuis l’année dernière, ainsi que les besoins croissants qui en résultent, mettent à rude épreuve les ressources très limitées et les infrastructures sanitaires fragiles du pays ».




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