Tchad : « on a tout raté, il faut revoir notre politique », affirme le Président Idriss Déby

La ferme pilote de production bovine et de formation de Mandalia, prétendument appelée ferme présidentielle, a reçu, tôt ce mardi, la visite du Chef de l’Etat ; une visite inopinée qui a permis au Président de la république de faire un constat d’échec : « tous les investissements que nous avons fait n’ont pas donné grand-chose » a relevé Idriss Déby Itno pour le déplorer. L’aspect physique des animaux (240 vaches toutes faméliques) aux antipodes de ceux gardés et de l’objectif de départ mais aussi les explications peu convaincantes du gestionnaire de la ferme qui ont fait remonter le chef de l’Etat. 

En effet c’est la toute première visite que le président de la république effectue dans cette ferme créée en 2009 par les grands projets présidentiels (rétrocédée depuis 2011 au ministère de l’élevage) avec pour mission l’amélioration génétique des races bovines locales, la production laitière et la formation aussi bien des jeunes vétérinaires que des éleveurs. Depuis, grâce aux inséminations artificielles, le nombre des vaches a relativement augmenté mais la diffusion de l’expérience dans les autres régions, comme il a été notifié au départ, n’a jamais eu lieu ; la production laitière elle, est en deçà des attentes ; ce qui a fait dire au chef de l’Etat « on a tout raté, il faut revoir notre politique ». 

Cela est d’autant plus vrai que l’objectif de départ est «d’empêcher les Tchadiens de consommer Nido mais plutôt le lait de vache et de la chamelle », l’objectif global étant d’aller vers un élevage de production et arrêter cet élevage contemplatif qui n’apporte rien à l’éleveur. « Il faut, pour permettre aux éleveurs d’accéder à l’éducation et aux soins, les fixer et arrêter ainsi le nomadisme ».  

Séance tenante le président de la république, qui incrimine vertement le ministère de l’élevage et les responsables en charge de la ferme, a instruit pour « reprendre tout à zéro » avant de souhaiter la création d’autant de fermes modernes, conformément à l’esprit de départ, à l’intérieur du pays pour améliorer les races, produire plus de lait et le commercialiser à l’échelle continentale ; et c’est seulement dès lors que « nous pouvons nous targuer de pays d’élevage », a conclu le chef de l’Etat.