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ANALYSE

​Burkina-Faso : mobilisation générale ou autocratique ?


Alwihda Info | Par Koffi Dieng - 28 Novembre 2023


Le samedi 30 septembre dernier marquait l’anniversaire du coup d’État au Burkina Faso. Un an plus tard, où en est la situation sécuritaire ?


Illustration. © Etat-Major Général Des Armées Du Burkina Faso
Illustration. © Etat-Major Général Des Armées Du Burkina Faso
Un décret de « mobilisation générale » a été voté pour lutter contre les djihadistes. Les innombrables réquisitions récentes ciblant particulièrement les voix discordantes mettent le Mouvement Patriotique pour la Défense et la Restauration (MPSR) sous le feu des critiques.

Selon le Mouvement pour les Droits de l'homme et des Peuples (MBDHP) du Burkina Faso, les réquisitions actuelles visent des segments de la population burkinabè qui pourraient être en désaccord avec le pouvoir.

Avec le soutien de la Confédération générale des travailleurs du Burkina-Faso (CGT-B), de nombreux collectifs ont tenté de se réunir le 31 octobre dernier, jour anniversaire du soulèvement de 2014. Leur objectif était de souligner le caractère biaisé de la liste de réquisition, qui comprend de nombreux citoyens critiques à l'égard du pouvoir en place, comme le Dr Daouda Diallo, secrétaire général du Collectif contre l'impunité et la honte communautaire (CISC).

Une semaine plus tard, le 5 novembre, ces mêmes collectifs ont exprimé leur choque en apprenant que voir la liste de réquisition se rallongeait avec douze personnes de la scène publique burkinabè.

L’expression démocratique en souffrance !

Bassirou Badjo, Rasmane Zinaba, Yacouba Ladji Bama, Issaka Lingani, Dr Daouda Diallo, Gabin Korbéogo et le président du parti politique Ablassé Ouédraogo ont tous un point en commun : ils sont des personnalités publiques qui n’hésitent pas à se montrer critiques vis-à-vis des autorités.

Certains militants de ces organisations se sentent opprimés, exclus et tiennent le MPSR pour responsable direct. Ils dénoncent également une entorse aux valeurs démocratiques et à la volonté de l'instauration d'un État.

Cette situation représente un dilemme sans précédent pour l'opinion publique : elle veut se protéger des violences djihadistes d’un côté, mais, d’un autre côté, voit sa propre liberté d'expression supprimée en même temps. Les soutiens au pouvoir, eux, peuvent tranquillement vaquer à leurs préoccupations.

Ce lundi 20 novembre 2023, la juge des référés a rejeté la demande des avocats de certains membres d’organisations de la société civile sur la demande de la suspension de la décision de leur réquisition. À ce propos, Me Prosper Farama, l’un des avocats de la défense exprime son désaccord avec la décision du tribunal et compte faire appel. « Nous avons démontré à l’audience que ces décisions même entrant dans le cadre de la sécurisation du territoire sont en réalité une sanction. Nous avons aussi posé le problème de détournement de pouvoir en ce sens que les décisions ont été prises par des autorités dans un cadre prévu par la loi mais pour d’autres objectifs », affirme l’avocat. Cette décision judiciaire peut être interprétée comme un feu vert pour les futures réquisitions. Elle symbolise également un environnement où les libertés les plus basiques sont menacées.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)