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Afrique subsaharienne: le trafic de la drogue, un nouveau fléau!


Alwihda Info | Par - ҖЭBIЯ - - 14 Juillet 2008


Essayons de voir ensemble l’impact délétère que pourrait avoir ce nouveau fléau sur les systèmes fragiles de certains pays de la sous région. Selon le journal de TV5, beaucoup conviennent que le problème de l’utilisation des pays d’Afrique comme une nouvelle plateforme pour le trafic de la drogue est une « réalité ».


Afrique subsaharienne: le trafic de la drogue, un nouveau fléau!

Par Dr Djimé Adoum

Selon le reportage de TV5 du dimanche 13 juillet 2008, « l’Afrique de l’Ouest devient une étape du trafic de drogue entre l’Amérique du Sud et l’Europe ». Ce nouveau fléau qui s’ajoute aux multiples maux, qui minent déjà une bonne partie de l’Afrique subsaharienne, risquent de frustrer les efforts timides de certains pays qui cherchent à se développer. Nos lecteurs ont déjà eu un avant goût sur ce problème lors de nos dernières livraisons sur la Guinée-Bissau, premier état africain déclaré « narco-état » par M. Antonio Maria Costa, Directeur Exécutif de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Pour mémoire, relire l’article sur tchadnews.info

Essayons de voir ensemble l’impact délétère que pourrait avoir ce nouveau fléau sur les systèmes fragiles de certains pays de la sous région. Selon le journal de TV5, beaucoup conviennent que le problème de l’utilisation des pays d’Afrique comme une nouvelle plateforme pour le trafic de la drogue est une « réalité ».

Toujours selon la TV5, « Le trafic de drogue devient une menace de plus en plus sérieuse en Afrique » et cela inquiète M. Costa, qui est actuellement en tournée sur le continent. Toujours selon le journal, M. Costa « a de nouveau mis en garde les pays européens. » Selon ses estimations, les quantités de drogue qui passent par l’Afrique ont connu une augmentation exponentielle. Selon les estimations de l’ONUDC, « le trafic de la drogue est passé de 0 pourcent il y a quatre ans à 5 pourcent il y a deux ans mais a atteint 12 pourcent aujourd’hui ». Ce responsable de l’ONUDC estime que la situation risquerait de devenir catastrophique si rien n’est fait.
Voici quelques indicateurs qui inquiètent M. Costa :
· Les trafiquants se sont installés dans le golfe de Guinée et utilisent leur réseau
· Une partie de la drogue est acheminée à travers le Sahel à bord de 4x4 très puissants
· Les trafiquants peuvent atteindre le Tchad et le Darfour et même plus loin en quatre jours.

Les conséquences de ces indicateurs portent atteinte aux grands acquis historiques. M. Costa en rappelle quelques uns : « Les routes qui ont été empruntées autrefois par les caravanes et qui ont été bénéfiques à l’humanité en terme de commerce, de culture et d’expansion de civilisation sont maintenant utilisées pour les trafics de la drogue»

Quelques problèmes qui compliquent le combat contre ce fléau ? Selon toute vraisemblance, le trafic de la drogue s’est installé assez rapidement en Afrique, surtout en Guinée Bissau. Il devient donc très difficile de le solutionner. Les exemples les plus connus sont ceux liés à la lutte contre la drogue en Amérique latine et en Asie. Les réseaux narcotiques se construisent dans la clandestinité. Les barons du réseau sont très difficiles à débusquer parce qu’ils intègrent les réseaux mafieux locaux. De manière générale, plus les pays sont corrompus, plus il est facile que le réseau de la drogue trouve un sanctuaire. A cela s’ajoute le fait que le trafic de la drogue répond bien à la loi de l’offre et de la demande. Il est aussi intimement lié au pouvoir d’achat des consommateurs. Dans le cas de figure et selon les récits recueillis de la TV5, l’Europe consomme et l’Afrique sert de zone tampon. Nul besoin de disculper les africains mais d’une manière générale, leur pouvoir d’achat est limité. Les conséquences désastreuses se font vite sentir sur les consommateurs à faible revenu, tel que nous l’avons déjà rapporté pour la Guinée Bissau. Le trafic de la drogue permet aussi aux actionnaires de s’enrichir de manière illicite et très rapidement. Avec la misère ambiante et l’absence de perspectives pour beaucoup de pays africains, la tentation ne peut être que grande en plus de la cupidité de certains dirigeants.

Les efforts de lutte : Les efforts de lutte menés sur le continent africain semblent timides. A cet effet, le patron de l’ONUDC appelle les pays occidentaux « principaux débouchés de ce trafic mondial à agir rapidement avant qu’il ne soit trop tard. » Sa demande n’est pas moins ciblée à l’égard des pays africains. Mais il est inquiet du fait que beaucoup des pays africains n’ont ni les moyens financiers ni le personnel qualifié pour mener une lutte efficace contre le narcotrafic. Il faut ajouter à cela la corruption que ces trafics engendrent.

Les grands enjeux de ce fléau : Nous avons appris que le réseau du narcotrafic part du golfe de Guinée pour l’Europe en passant par le Mali, le Tchad, le Darfour etc. Parlons terre à terre autour de ce danger. Nous savons que ces pays cités sont infestés ou minés par des guerres fratricides interminables. Ces guerres nécessitent des moyens faramineux pour l’achat des armes. Elles occasionnent aussi des pertes humaines très considérables. En prenant par exemple le cas du Tchad, il n’est pas du tout exclu que les narcotrafiquants trouvent facile de corrompre les uns et les autres pour faciliter leur sale besogne. De par les expériences dans ce petit monde, nous savons tous que plus l’appétit pour l’argent illicite et facile grandit, plus il sera extrêmement difficile d’arracher la tétine (vous comprenez ce que je veux par là). Le sevrage devient donc quasi-impossible. Les conséquences socio-économiques déjà accentuées laisseront la place à un véritable état qui ressemblerait à un far West!
En somme : les appels de M. Costa sont très sérieux et nécessitent une prise de conscience collective sans précédent. Les africains et plus particulièrement ceux des pays identifiés qui servent de cordon pour le narcotrafic doivent se réveiller.

Le Mali pourra faire plus vite et mieux parce qu’il a une démocratie qui marche. Il suffirait que les maliens réalisent le danger et l’expérience des autres pays pris dans la spirale du narcotrafic. Ils peuvent se défaire de la corruption et sauver l’honneur. Aux narcotrafiquants de trouver une autre route.

Le Tchad doit arrêter d’être un état néant. Les partenaires connaissent bien les grands enjeux du siècle. Un pays sans paix et sans démocratie n’existe que dans la fantaisie. Il devient un pays de rêves pour les narcotrafiquants surtout lorsque l’insécurité est entretenue à dessein pour servir des causes aussi mafieuses. Un tel état ne saurait se prévaloir d’être le véritable berceau d’humanité car il expose ses citoyens à des risques incalculables.
Comme l’a si bien rappelé M. Costa, il faut déployer beaucoup d’efforts et de moyens pour ramener et donner aux routes de ces pays leur valeur historique, socio-économique, de culture et de civilisation. Ces valeurs narcotiques n’ont pas leur place, surtout pas dans des pays qui se cherchent et sont au bord du gouffre.


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