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ANALYSE

Comment sortir le Tchad de l’enfer ?


Alwihda Info | Par - Җ€BIЯ - - 6 Février 2008


Le Président Sarkozy estime que la déclaration du conseil de sécurité qui vient d’être adoptée au conseil de sécurité lui donne mandat d’intervenir. Or, il s’agit d’une déclaration qui n’a pas force exécutoire selon les juristes. A cet effet, celle-ci ne confère aucune légitimité aux forces françaises d’intervenir aux côtés du gouvernement tchadien que le Président Sarkozy qualifie de “gouvernement légitime.”


Comment sortir le Tchad de l’enfer ?
Mercredi 6 février 2008 : Comment sortir le Tchad de l’enfer ? Dr. Djimé Adoum, tchadnews.info

Conformément à notre souci de s’en tenir aux faits, nous essayons d’identifier quelques uns autour desquels nous formulons des souhaits.

Nous avons déjà évoqué dans nos colonnes précédentes que le Tchad est dans l’abîme. Les combats du weekend du 3 au 4 février 2008 ont occasionnés des pertes humaines et matérielles très considérables.

Situons d’abord les faits par rapport aux images de ces derniers temps. L’image des tchadiens qui marchent à pieds sur le pont de Ngueli à la recherche d’un abri à Kousseri comparée à celle des expatriés qui montent dans les avions de sauvetage pour des endroits meilleurs (Libreville et Paris) fait très mal. Les images macabres dans la ville accompagnées des destructions tous azimuts ne font pas la fierté des Sao. A cela s’ajoute l’appel du Dr Coumakoye envers ses concitoyens de réintégrer le bercail Il jure que les politico-militaires sont pourchassés et se trouvent maintenant à Aldjinena. Dixit pour le ministre des Affaires étrangères Ahmad Alla-mi.

Toujours en s’en tenant aux faits, l’Union africaine a désigné le Colonel Kadhafi, le Président Sassou-Nguesso et le Burkinabé Blaise Compaoré pour une tentative de médiation de la crise. A cet égard, les propos des deux ministres sont édifiants. Par rapport à la question du cessez-le-feu, M. Alla-mi (interview sur AITV-Telesud repris par TV5) indique que les politico-militaires sont finis et se trouvent aussi Aldjinena, et qu’il n’y a plus de ligne pour situer le cessez-le-feu. Le premier ministre revient sur son sport favori et déclare sur les antennes de RFI qu’il connait tous ces acteurs et n’attend rien d’eux. En d’autres termes, il n’a pas confiance au Colonel Kadhafi, aux présidents Compaoré et Sassou-Nguesso. Le premier ministre d’ajouter que ce n’est pas avec un Koulamallah que son gouvernement va négocier et que de toutes les façons, la coordination mercenaire de Koulamallah est en débandade. Le premier ministre n’a pas fait cas des combattants soudanais du MJE et du MLS qui combattent aux côtés des troupes loyalistes. Il est connu de tout le monde que le MJE et le MLS sont bel et bien des maquisards soudanais qui combattent le régime du Maréchal El-Béchir. A cet effet, et selon les faits, ils sont de facto les mercenaires à la solde du Gouvernement Tchadien.

Autres faits : Le Président Sarkozy estime que la déclaration du conseil de sécurité qui vient d’être adoptée au conseil de sécurité lui donne mandat d’intervenir. Or, il s’agit d’une déclaration qui n’a pas force exécutoire selon les juristes. A cet effet, celle-ci ne confère aucune légitimité aux forces françaises d’intervenir aux côtés du gouvernement tchadien que le Président Sarkozy qualifie de “gouvernement légitime.” Les faits tels que les tchadiens les connaissent ne supportent pas cette assertion. Il n’y a jamais eu de gouvernement légitime issu des urnes en bonne et due forme au Tchad depuis l’indépendance. Le pays est gouverné par des coups d’état, des trucages et tripotages des élections. Les archives sont là et il n’y a aucune ambigüité à cet égard. Le Président Deby a modifié la Constitution pour s’éterniser au pouvoir. C’est un fait et quoique l’on dise, il est irréfutable.

Ajoutons aussi que l’Union européenne vient de débloquer deux millions d’Euro pour venir en aide aux populations tchadiennes, affectées par les récents évènements, particulièrement celles qui campent sous le chaud soleil à Kousseri au Cameroun. Toujours en se fiant aux faits, si le pays jouissait d’une gouvernance démocratique, juste et équitable, nous ne serions pas témoins oculaires de cette tragédie.

Les faits prouvent que le pays est très mal gouverné. A titre de rappel, les deux ministres qui « causent » tous azimuts tournent autour de la chose publique depuis bientôt 30 ans (le régime Hissein Habré est pris comme point de référence). Selon les Nations unies et la Millenium Challenge Corporation (MCC) tous les indicateurs socio-économiques et politiques du Tchad sont au rouge. Si seulement ces deux ministres avaient été plus conséquents, ils auraient pu jouer un rôle plus positif dans l’établissement d’un état de droit, de paix, de justice et qui serait développé. Loin de nous l’idée d’imputer tous les maux du Tchad aux deux parents ministres. Nous ne disons pas qu’ils sont les seuls responsables. Nous disons tout simplement que toutes choses étant égales, ils n’ont pas joué franc jeu et sont en partie responsables de la déconfiture du pays des Sao.

Ce qu’il y a lieu de faire:

Le président Sarkozy peut certainement user de son raisonnement qu’il a tenu avec le président Paul Kagamé lors du Sommet Europe Afrique de Lisbonne ou il a déclaré vouloir éviter les mêmes erreurs. Dans la mesure où les tchadiens aspirent à la paix, il pourra jouer un rôle plus déterminant en poussant les uns et les autres à discuter. Loin de l’idée de focaliser les efforts sur une personne, les règles élémentaires de la démocratie requièrent qu’il faille des institutions étatiques, solides et mûres pour garantir la survie d’un état. Pour y arriver, il faut aider à l’organisation d’une conférence internationale pour sauver le Tchad. Tout le monde souscrit à cette idée. Ca pourra être d’une grande utilité pour la stabilité du Tchad et de la sous-région.



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