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POLITIQUE

Egypte : Le maréchal Alsissi s'érige en dictateur


- 29 Janvier 2014



​Une analyse faite par Liberté Sans Frontière (LSF)

Egypte : Le maréchal Alsissi s'érige en dictateur
La vrai visage du maréchal Alsissi se confirme
 
Ceux qui avaient encore de doute sur la vraie intention du Maréchal Alsissi sont surpris par le communiqué du haut conseil militaire égyptien qui plébicite son canddidat à la présidence de la République. Il était clair, pas pour les naïfs, que l'armée avait bien concocté un putsh pour renverser le régime islamiste dirigé par Mohammed Morsi. 
 
Les officiers supérieurs qui se sont sentis humiliés par le printemps égyptien qui a emporté le Raïs Hosni Moubarak en 2011, sont restés aux aguets pour attendre les islamistes au tournant. Pour combattre le régime islamiste, l’armée a entreprit une panoplie de démarches basée sur le sabotage du régime et la manipulation de la population. Appuyé par des hommes d’affaires, des industriels et des libéraux proches de l’ancien régime de Hosni Moubarak, il a été décidé de faire subir à la population le délestage d’électricité, la coupure intempestive de l’eau et du Gaz, surtout provoquer la pénurie du carburant…
 
Pour bien préparer la chute « légale » du régime islamiste, rien n’a été laissé au hasard. Cinq chaînes de télévision et plusieurs nouveaux journaux ont été crées pour médiatiser les manifestations et diaboliser Morsi et les islamistes. Ces organes de presse étaient trop agressifs envers Morsi accusé de tous les noms d’oiseaux pour le salir.
 
Parmi les accusations propagées par le média pro Sisi :
 
Morsi est incapable de gérer le pays ;
 
Morsi apporte un soutien aux Djihadistes du Sinaï ;
 
Morsi propose la vente de 7 km du territoire égyptien à Israël ;
 
Morsi complote avec Hamas contre l’Egypte ;
 
Morsi a vendu le carburant et l’électricité à Hamas en créant de pénurie en Egypte ; Morsi céde la bande égyptienne de Halaïb au Soudan. Morsi est tout sauf un être humain. Il est d’origine palestinienne et ses enfants sont des américains. Pire, il a la bénédiction des Etats unis d’Amérique…
 
Le sabotage suivi d’une campagne de dénigrement contre Morsi a très bien marché et la population a commencé par grogner. Selon Dr. Bassim Oda, l’ancien ministre égyptien des vivres, « la proposition du ministre de la défense Elsissi concernant les votes était une farce stratégique car l’armée égyptienne ne fait pas quelque chose d’improvisée, le coup d’état militaire a été minutieusement préparé depuis plus de six mois (...) Personnalité charismatique, Elsissi pense incarner la personnalité de Nasser mais je lui dirai cette époque est révolue à jamais et le peuple n’acceptera pas le fait accompli» 
 
Alsissi semble avoir pactisé avec un groupe d’activiste nommé Tamarod. L'armée a aidé Tamarod dès le début, en communiquant avec elle par des tiers. Ce groupe constitué de jeunes a lancé une campagne de manifestation à Altahrir pour exiger le départ du président Morsi.
 
Des millions d’égyptiens ont envahi les rues ce qui semble avoir fourni une occasion en or pour El-Sissi d’avancer dans son plan pour se débarrasser du président.
 
Lorsque le président Morsi s’est rendu compte vers le 20 juin des intentions d'Al Sisi, il était déjà trop tard pour lui de faire changer les cours des événements. Mais il a décidé d’évincer quand même son ministre de la défense.
 
Le 23 juin 2013, le ministre de l’intérieur que Morsi croyait travailler pour lui, a discrètement informé le ministre de la défense que le président s’apprêtait à le remplacer. Elsissi déforme le rapport parvenu en impliquant tous les chefs de l’armée. Il les réunit et les informe des intentions de Morsi à vouloir se débarrasser de tous les chefs de l’armée. Ainsi Elsissi reçoit le feu vert des chefs militaires et passe à l’étape suivante pour prendre le président Morsi de cours. Il lance un ultimatum aux deux parties, les appelant à trouver une solution dans les deux prochaines semaines, sinon l’armée prendra sa responsabilité. Furieux, Morsi demande des explications pour ce communiqué militaire. Mais les chefs militaires qui sont tous, désormais, unanimes, pour le renversement, informent le président que le communiqué n’est autre qu’une manière d’apaiser la situation et pas plus. Morsi est alors anesthésié mais pas rassuré.
 
 
Les conseillers du président Morsi l’ont déconseillé de remplacer le ministre de la défense car il lui donnera l’occasion d’être un héros. Morsi se trouve les mains liées et Elsissi saute de joie lorsqu’il constate la réussite de la manifestation du 30 juin sur la place Altahrir et à Al itihadia (palais présidentiel). Les rues étaient noires du monde. Pour impressionner Morsi et consorts, l’armée a fait défiler au dessus des manifestants des hélicoptères en les aspergeant d’une pluie des drapeaux égyptiens. Une copie des images est remise aux télévisions pro Elsissi. C’est une sorte d’avertissement au président Morsi et à tous ceux qui se doutent encore, au sein de l’armée, de l’intention de Sissi.
 
Le jour du coup d’état 
Egypte
Selon l’Emir de Qatar Cheikh Tamim, « nous avons entretenus des contacts avec le président Morsi jusqu’au jour de son écartement par l’armée (…) nous avons proposé un plan de sortie de crise de huit points que le président Morsi a acceptés, excepté la modification de la constitution. Quelques minutes après, le général Mahammat Al-Assar, le vice ministre de la défense nous a appelé pour exiger le referendum ou le vote. Tout s’est passé le même jour de la destitution de Morsi,» C’est comme si l’armée a déjà décidé du sort de son président. Selon un des conseiller du président Morsi, "le ministre de la défense s'est entretenu avec le président la veille de sa destitution jusqu'à minuit (...) le président l'a chargé d'aller à la rencontre des manifestants avec des propositions (...) non seulement il n'est pas revenu mais il a éteint ses télephones pour reapparaitre deux heures après, avec un communiqué destituant le président Morsi".                                                            
 
Après le coup d’Etat
 
Dès le lendemain du 3 juillet, la police, qui n'assurait plus la sécurité, a repris son travail ; les distributeurs d'essence ont été à nouveau approvisionnés ; les coupures d'électricité sont devenues plus rares. Comme par enchantement ! Comme si l'"Etat profond" s'était, un an durant, soigneusement attaché à torpiller la présidence Morsi - premier chef d'Etat égyptien civil et premier démocratiquement élu.
 
Toutefois, le coup d’état a eu lieu sans tenir compte des réactions virulentes des islamistes. Les partisans du président déchu ont envahi les rues de toutes les villes égyptiennes. Cette démonstration de force a surpris les putschistes qui se sont réunis d’urgence. Pour les islamistes, il est désormais clair que les manifestations qui ont précédé le coup d'Etat du 3 juillet n'ont été qu'une façade. Elles ont été organisées en sous main par l'armée et soutenues par les institutions de l'"Etat profond" restées en place : police, justice, services secrets, complexe militaro-industriel. En un mot, l'ancien régime s'est vengé.
 
 Le vendredi 5 juillet à 9 H, soit 48 H après le coup d’état, et la réaction des islamistes dans les rues, le ministre de la défense s’est réuni dans son bureau avec tous les commandants de l’armée, excepté celui de la deuxième armée empêché par la situation au Sinaï. Après trois heures de discussion, les généraux ont estimé nécessaire de négocier une porte de sortie avec Morsi. Le chef d’état major de l’armée de l’air le général Sidkhi Soubhi et le chef d’état major de l’armée de l’air le général Younes Alseid Hamid sont chargés de diriger les négociations avec Morsi.
 
A 2 heures du matin (samedi 6 juillet), les deux généraux ont rencontré le président pour lui présenter un plan de sortie de crise qui se résume en deux points : Se retirer simplement et purement de la présidence, soit désigner comme premier ministre Albarad-i en lui attribuant tous les pouvoirs exécutifs et s’interdire de s’ingérer dans les affaires de l’armée, ni dans son armement, ni dans sa gestion. Le président a ri en rejetant fermement cette offre. « vous me faites rire (…) Que Dieu vous bénisse vous m’avez perdu le sommeil dans le vide. » La réponse du président a énervé le général Sidkhi le chef d’état major de l’armée qui a riposté en ces termes : « on peut vous exterminer pour faire de vous un ilot de sang. Rendez vous compte que vous ne pouvez plus diriger ce pays qu’en marchant sur nos cadavres. »
 
Le même jour à 6 h du matin, Sissi se retrouve avec tous les commandants militaires pour analyser les derniers rapports des services militaires. Les rapports indiquent qu’il ya un mécontentement au sein de l’armée. Elsissi fut soumis à un feu roulant de critiques. On reprocha explicitement au général Elsissi de n’avoir pas réussi à prévoir la réaction rapide et forte des partisans du président déchu.
 
Prenant la parole, le commandant de la 3ème armée le général Oussama Askar s’est attaqué à Elsissi pour la rapidité de sa décision de démettre Morsi. La décision a été prise au moment où l’Emir de Qatar Cheikh Tamim a réussi à convaincre le président Morsi d’accepter son plan de sortie de crise en huit points, excepté la modification de la constitution.
 
Elsissi a rappelé que la décision a été prise à l’unanimité et qu’il n’est pas question de la remettre en cause maintenant. La réunion s’est vidée en queue de poisson.
 
Le même jour à midi, Alsissi se réunit avec le chef d’état major, le général Soubhi et le général Ahmat Abouldahab, directeur de sensibilisation. A l’ordre du jour, analyser les rapports des services de renseignement militaire et revoir le plan. Il a été décidé de :
 
1/ Tous les organes de presse anti Morsi sont sollicités pour répandre de fausses rumeurs, diaboliser les islamistes et noircir leur réputation.
 
2/ Coordonner avec le ministère de l’intérieur pour la provocation, les attaques, l’incendie des sièges des frères musulmans et la manipulation des images,
 
3/ Organiser une manifestation grandiose contre les frères musulmans,
 
4/ Renforcer la manifestation par des milliers des soldats et policiers en civil.
 
Le dimanche dans l’après midi, les services de renseignement militaire alertent le ministre de la défense Elsissi sur l’augmentation de l’effectif des frères musulmans dans les rues et sur le mécontentement de certains officiers supérieurs. Les services de renseignement militaire disent avoir intercepté une communication téléphonique du Directeur du génie militaire le général Tahir Abdallah qui a qualifié la destitution de Morsi d'irréfléchie et rapide et qu’il appelle à une sortie de crise rapide.
 
 Le 26 juillet, à la demande du nouvel homme fort, les anti Morsi sont sortis en masse pour charger l’armée de combattre le terrorisme et la violence ! Cette démonstration n’a pas été du goût de plusieurs hauts responsables égyptiens. L’ancien conseiller démissionnaire du président déchu, Mohammed Fouad Jadallah a indiqué que l’appel par le général Sissi à une manifestation de soutien dans les rues a fait perdre l’occasion de se réconcilier. Car, les frères musulmans ont déjà accepté un projet de médiation dirigée par Cheikh Al-Azhar. Cette manifestation a fait au moins 82 morts pro-Morsi lors d’affrontements avec la police anti-émeutes égyptienne et des hommes en tenue civile. De nombreux manifestants ayant reçu des coups de feu mortels à la tête ou à la poitrine, a déclaré Human Rights Watch. Ils ont été tués le 27 juillet lors d'affrontements ayant duré plusieurs heures sur une route à proximité d’un sit-in des Frères musulmans devant la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans l'est du Caire.
 
Human Rights Watch a mené des entretiens avec sept témoins des violences, et examiné plusieurs vidéos montrant les incidents. Les violences ont eu lieu quelques heures après l’annonce par le président intérimaire Adly Mansour que « l'État doit imposer l'ordre avec force et la détermination». Le même jour, le ministre de l'Intérieur, le général Mohammed Ibrahim, a averti que les forces de sécurité allaient « bientôt » disperser les sit-ins pro-Morsi sur les places Rabaaal-Adawiya et Al-Nahda.
 
Liberté Sans Frontière (LSF)
 
A suivre



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