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POINT DE VUE

Focus sur les charognards politiques centrafricains


Alwihda Info | Par Maurice KOURIGA - 22 Janvier 2014



Les membres du Conseil national de transition (CNT), le 14 janvier à Bangui. © AFP
Les membres du Conseil national de transition (CNT), le 14 janvier à Bangui. © AFP

Par Maurice KOURIGA.

Après avoir longtemps pactisé avec le diable et de causer la grande désolation au sein de la population centrafricaine, l’ex coalition FARE 2011 gérée par le tandem Tiangaye, Ziguélé refait surface sous une nouvelle formulation baptisée l’Alliance des Forces Démocratiques de la Transition (AFDT) ,ainsi que d’autres structures connexes du même genre qui poussent ces derniers jours comme des champignons ne tarissant pas d’éloges dithyrambiques à l’égard de la nouvelle présidente de la transition Son Excellence Mme Catherine SAMBA PANZA. ; Histoire de se frayer une voie mais aussi, de se tailler une place dans la nouvelle ossature politique de la transition. Un jeu futé d’avoir le contrôle du levier politique de cette transition et de rafler la mise pouvant permettre leur prochain holdup électoral à défaut d’une légitimité populaire par voie de suffrage universel.
 
Or quand la Séléka activa sa frénésie meurtrière, le noyau d’une lignée d’hypocrites était au four et au moulin en s’agglutinant autour de Djotodia puis de le manipuler tacitement tout en tirant sur les ficelles. Puisque ce dernier est d’autant plus adoubé et considéré comme étant leur cousin germain mais en dessous, ils planifient leur plan de putsch et autres collusions. Ce qui est d’ailleurs leur seconde nature connue de la majorité des centrafricains. Ce qui apparait plus cocasse encore et d’une puérilité ostentatoire, est la déclaration faite par le candidat malheureux du 2nd tour à la présidence de la transition qui reconnaissant non seulement sa défaite et d’adresser sa félicitation à la vainqueur, mais de demander publiquement par médias interposés à la nouvelle présidente de la transition de penser à El Hadj Bilal Désiré Zangha Kolingba. Sniff !
 
Pour la petite histoire, il faut savoir que la victoire a été savourée par préemption dans une sorte de « veillée d’arme »dans le camp de ce candidat. Un jour avant le scrutin, des cotisations coulaient à flots et l’ambiance carnavalesque a atteint son paroxysme au sein du clan familial du candidat malheureux. Dommage qu’il est passé à coté de la plaque et obligé de demander « l’aumône ».
 
Ceux qui se proclament opposants politiques hier ainsi que leurs affidés politicards prises dans la pétoche en s’abstenant de dénoncer les exactions de Séléka sortent aujourd’hui de leur dernier retranchement et fourbissent leurs armes. N’en parlons pas du suzerain dictateur sanguinaire IDRISS DEBY ITNO qui envoie ses escadrons de la mort tuer les centrafricains, imposer son diktat en jetant même l’opprobre sur les politicards centrafricains « déshabiller » devant les médias pour son immaturité politique et de sa légèreté sans qu’aucune voie ne puisse s’élever pour prendre l’antithèse. Ce qui apparait paradoxal du moment où ils inondent les plateaux des TV et autres chaines pour faire la démonstration de leurs rhétoriques et de leur maitrise syntaxique en la forme. Mais qu’au fonds, ils font l’objet de la risée populaire. Réduit en une simple expression de folklore.
 
A titre de preuve, dans le débat qui divisait la classe politique s’agissant de la démission de Djotodia, une frange partie avait réclamé à cor et à cri la poursuite de la transition jusqu’aux prochaines élections. Et que Djotodia Tiangaye leur servaient de passerelles ou de tremplin pour leur arriver au pouvoir. Mais que la décision du sommet de N’djamena était tombé comme un coup de tonnerre, poussant les uns et les autres à échafauder un nouveau plan. Une Alliance des Forces Démocratiques de la Transition par ci et là. Car il faut à tout prix se saupoudrer en désespoir de cause d’un pseudo onction capable d’attirer l’adhésion de la population. Une manière retorse pour soigner leur image écornée puis d’avoir le contrôle des organes sensibles de la transition au prorata de quota et de la taille de poste à pourvoir.
 
Devant le déni de responsabilité et la versatilité de propos de la classe politique centrafricaine qui hier réclamait à cor et à cri la poursuite de la transition malgré la forfaiture et l’incompétence notoire de ces détenteurs, elle s’incline aujourd’hui sans coups férir devant les injonctions de la CEEAC. Ce qui leur ôte toute crédibilité. Voici quelques déclarations faites au lendemain de l’interview qu’accordait l’ex président BOZIZE sur rfi demandant la démission de Djotodia. Tandis que Joseph BENDOUNGA, président du MDREC, le Mouvement Démocratique pour la Renaissance et l'Evolution de la Centrafrique qui a mesuré le degré de l’enjeu pour demander « (…) à Monsieur Djotodia de prendre ses responsabilités, de s’assumer, de démissionner, s’il veut garder un brin d’honneur ! En un an (Michel) Djotodia a détruit les fondements de la République centrafricaine ! Le cadre juridique de la transition n’est plus adapté. Une rencontre des chefs d’Etat de la sous-région, ainsi que les acteurs politiques centrafricains, tant ceux de la société civile, doit se tenir dans les meilleurs délais pour pouvoir sauver la République centrafricaine1»,
 
Une autre tendance de prédateurs politiques en commençant par Martin Ziguélé, le président du MLPC le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain, car cela va nous placer « (…) dans des difficultés extrêmes, il faut faire attention à une personnalisation de la situation. Je pense qu’il faut se concentrer sur le désarmement, (…) Il faut que ce problème soit absolument résolu, et à ce moment-là la transition peut se développer, à mon avis, sans encombre. Mais il ne faut pas mélanger les problèmes… et ça va nous installer dans une situation longue et difficile… et nous ne nous en sortirons pas2».
 
Le porte-parole du RDC, le Rassemblement Démocratique Centrafricain Blaise Fleurry Hotto, lui préfère «(…) aller jusqu’au bout de la transition, en prenant toutes les dispositions nécessaires, (et cela passe) par la transformation de la Misca en une force onusienne, pour nous permettre d’être sûrs que nous arriverons à bon port, avec les prochaines élections3».
 
Il y’avait enfin, Anicet George Dologuélé, président du parti politique, l'URCA (Union pour le renouveau centrafricain), qui « note que la transition est en panne durable. Je pense qu’il est plus responsable de dire qu’il faut réparer rapidement, très rapidement, cette panne qui dure depuis maintenant neuf mois, pour avancer. Il faudrait qu’ils s’occupent un peu moins de la gestion de leurs egos…4».
 
Des quatre variantes, nous notons une lecture objective et sans partie prit de la part de Mr. Joseph BENDOUNGA qui a compris que les principaux acteurs de l’ex transition n’ont pas les épaules assez larges pour mener à bon port le processus et qu’il fallait changer son fusil d’épaule. A quelques exceptions près, même si Mr. Dologuélé n’a pas demander expressément la démission de la tête de l’exécutif, a su néanmoins prit conscience qu’il y’a une panne dans le processus qui durait déjà 9mois. Mais qu’il faut le raviver en essayant à chaque fois de corriger les erreurs. Ce qui apparait plus ou moins raisonnable de prime abord.
 
S’agissant soit du 2è, soit de la 3è intervention, même si elle se différencie par quelque nuance près, convergent au fond sur la même chose à savoir la poursuite de la transition sans la remise en cause de ses principaux acteurs.
 
S’agissant de l’épineuse question relative au désarmement dont il est fait allusion ici, nous nous posions la question si un chef d’exécutif impuissant à donner des ordres à ses khalifes, qui ne jouissait d’aucune autorité sur ses troupes fut il un interlocuteur valable de travailler en synergie avec la force internationale pour un désarmement sans accroc ? Non. Sa présence constituait un grain de sable dans le fonctionnement de la transition.
 
En cela, il y’a un premier ministre qui a reçu la caution morale de la communauté internationale, jouissant d’un pouvoir prépondérant en matière de contreseing dans la de textes réglementaires prises par le président de la transition. Mais qui brillait d’une indolence amorphe devant les dérives et autres crimes commises. Plus pire encore, la tête de l’exécutif n’arrive jamais à s’accorder leurs violons à un moment fatidique où la souffrance devenait endémique au sein de la population. Devant ce sombre tableau, ceux qui y trouvaient leur compte s’escriment mordicus au maintien de cette transition moribonde qui dément l’exultation de monsieur louis Michel qui, jubilant devant ses lingots de diamants parlait de « (Tiangaye NDLR comme d’un) (…) homme d’une classe supérieure providentielle et c’est ce qui fait que je sens chez Djotodia, une vraie estime pour son premier ministre (…) ce (qu’il appela NDLR : Louis Michel (…) une dynamique vertueuse5».
 
L’autre versant du problème concernait l’image que donnait la classe politique pour ce qui est de la mutabilité de la force MISCA en force Onusienne en raison de la gravité de la situation où cette dernière est à même d’y apporter une solution idoine. Là encore il y’avait divergence du fait qu’une partie craignant pour leur avenir politique et au risque de susciter la colère du faiseur de roi Deby, s’alignaient tous derrière la poursuite de la mission de la Misca arguant qu’elle vient de s’installer et qu’il faut leur donner la chance de travailler un peu. Un raisonnement mesquin d’autant plus que la superficie du territoire centrafricain demande une couverture au maximum de troupes en nombre et moyens subséquents. Là encore leur raisonnement s’inscrivait en faux, puisqu’il n’a qu’une visée politique. Le porte parole du RDC avait quand même analysé cet aspect du problème avec clairvoyance.
 
Aussi, les centrafricains doivent se poser la question sur les actions ayant contraint la CEEAC à pousser Djotodia à la porte de sortie et au minimum, d’être redevables envers ces acteurs même si aujourd’hui les poltrons sortent de leur cachettes pour jouer à la récupération.
 
Enfin, il nécessaire d’attirer l’attention de son Excellence Madame la Présidente de la Transition de faire un dépassement de soi, de se méfier de personnes qui mangent dans tous les râteliers et qui changent de couleur à chaque occasion. Surtout ceux qui se tapissent dans l’ombre. Ce n’est qu’à ce prix qu’elle atteindra ses objectifs puis d’honorer l’espérance que le peuple lui a placé. A contrario ils vont tous la précipiter dans l’abime. A la jeunesse centrafricaine de prendre leur responsabilité pour créer un déclic au niveau politique permettant une nouvelle configuration du microcosme politique avec des hommes et des femmes capables de dépasser les passions, qui ont le sens de l’intérêt général et l’amour de la patrie.
 
Maurice KOURIGA



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