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ANALYSE

La Centrafrique comme monnaie de change entre la France et le Tchad ?


Alwihda Info | Par Jean-Gualbert Togba - 29 Décembre 2013



Jean-Gualbert Togba.
Jean-Gualbert Togba.
La France intervient en Centrafrique pour faire enterrer la hache d’un conflit mais se retrouve avec l’épée d’Idriss Deby sur la tête et la machette des anti-balaka dans le dos, pendant que les balakas eux s’arment de confiance avec comme soutien les troupes tchadiennes de la MISCA qui expédient dans le couloir de la mort des paisibles citoyens innocents. Tout parait anodin mais c’est une soupe de bouillon chaude indigeste assez corsée qu’il faudrait manger, si elle est consommable, avec beaucoup de méfiance.

La France à force de céder à la pression du président tchadien Idriss Deby son allier indéfectible, est entrain de bâcler l’opération de désarmement en Centrafrique pour satisfaire les désirs gargantuesques d’un Idriss Deby devenu trop encombrant pour ses voisins voire même pour son pays. Et c’est la tête de la Centrafrique, affaiblie par ses hommes politiques que François Hollande veut offrir au président tchadien pour son apport militaire au Mali. Et quand les commentateurs et experts français reconnaissent que François Hollande n’a pas intérêt à froisser le président tchadien qui reste un dispositif indispensable et incontournable sur l’échiquier de la sphère géopolitique de la France en Afrique, on comprend aisément pourquoi les centrafricains se battent, se sacrifient comme jamais, à la reconquête de leur pays.

Tout porte à admettre que l’opération Sangaris est un désarmement qui cloche mais ne donne pas de bourdon. Si Le but de l’opération humanitaire est salutaire et incontestable, la politique qui l’accompagne n’en est pas un. Il n’aurait pas fallu attendre aussi longtemps pour voir apparaitre les fissures et les failles tant prévisibles et attendues dans cette opération Sangaris. Le temps a donné raison à une partie des français très critiques à l’égard de la floue de la politique de François Hollande qui s’est servi de l’humanitaire comme un écran de fumée pour exercer une politique du pourrissement et de l’enlisement de la crise.

Il est à rappeler que si la France a obtenu le vote à l’unanimité du conseil de sécurité des Nations-Unis, c’est parce qu’une organisation criminelle, la Séléka massacrait la population civile et a suscité l’émoi de la communauté internationale. On se souvient que dès l’annonce de la rentrée des troupes française sur le territoire Centrafricain, les éléments de la Séléka pour une partie se sont refugiés à la RDC, pour l’autre partie ont simplement quitté Bangui pour le Tchad, soudan ou le Nord de la Centrafrique. Et pour les restes, fondus au sein de la population. Et voila, la France n’a pas pu maintenir cette pression et cette autorité mais a préféré lâcher sous la pression de son partenaire le chef tchadien.

Le mécontentement d’Idriss Deby face au désarmement de la Séléka qu’il a armée et qu’il soutient, envenime la bonne marche du désarmement et conduit à une politique du pourrissement. Une armée tchadienne qui se confond à la Séléka dans les opérations de représailles contre les non musulmans a laissé planer le ton d’un début d’une guerre interconfessionnelle. Cette même armée n’hésitant pas à tirer mortellement sur les troupes congolaises, burundaises mais curieusement qui ne tire pas sur la Séléka, parce les troupes citées veulent désarmer la Séléka. Est-ce c’est à cause de leur appartenance non musulmane ? Où sont le sens du professionnalisme et de la discipline militaire ? A quoi sert une chaine de commandement dans ce cas? Il faut que les tchadiens se fassent violence et se demandent pourquoi le comportement de leurs militaires ont suscité la haine, au Nigeria, en Ouganda, au Cameroun, en Libye, au Congo, en Angola et j’en passe.

Les anti-balakas sont des groupes d’autodéfense dans l’arrière pays de la Centrafrique. Ils existaient de puis le temps des temps. Leur instrumentalisation dans la capitale centrafricaine est une intention malsaine de déporter la crise en un conflit interconfessionnel. Ils doivent être anéantis en cas d’enfreins au respect de la loi. Leur montée est due par la présence des éléments de la Séléka qui bravent la loi et qui continuent à commettre des exactions. Tout refus d’obtempérer doit entrainer leur destruction systématique.

Le Nord de la Centrafrique en phase de devenir une zone d’occupation du Tchad

Le scénario évoqué par le président du Tchad est la porosité de la frontière avec la Centrafrique. Il craint un possible coup d’Etats venant de ses adversaires à partir de la Centrafrique. Dans ce cas de figure, Se dessine un scenario à la Palestine où le Nord de la Centrafrique deviendrait un territoire occupé et annexé, sous occupation tchadienne avec l’installation des colons tchadiens. Avec la France qui serait ce que les Etats-Unis représentent pour Israël. Quelle histoire !

Le maintien de Michel Ndjotodia comme président de la transition provoque la montée des groupes armés pour le déloger du pouvoir à cause de sa responsabilité et initiateur du malheur installé en Centrafrique, créant un surplus d’insécurité. Nous observons un phénomène assez étrange avec les éléments de la Séléka agresseurs et responsables des massacres de la population centrafricaine se transforment en victimes et se permettent même le luxe d’organiser des marches de protestation contre la France pour soit disant sa partialité. Alors que l’impartialité de la France aurait voulu un traitement sans pitié de la Séléka comme étant une organisation criminelle à éradiquer.

Avec cette politique de la non fermeté et de la fébrilité, la France a atteint ses limites et à très vite désenchanté. On se demande aussi si la France s’est donnée le moyen de cette politique d’intervention en Centrafrique ? Le vote de l’Onu est-il juste un moyen d’obtenir une carte blanche afin de s’aventurier dans ses conquêtes africaines à partir de la Centrafrique ? En toute connaissance de cause, l’appel de François Hollande en direction l’ONU à Ban Ki-Noon « pour jouer un rôle plus important encore » atteste cette

difficulté. Une certaine fébrilité et sonne comme un glas d’impuissance. Le même message a été relayé par l’archevêque de Bangui le Mgr Dieudonné Nzapalainga et le président de la communauté islamique de la RCA, l’Iman Omar Koboné Layama qui tous les deux ont estimé que les Forces Françaises et Africaines ne sauraient porter ce fardeau à elles seules dans le monde. Et de l’envoyée spéciale de la chaine française Tf1, Liseron Boudou de s’interroger comment éviter un autre bain de sang et les actes de vengeance quand l’arme française a du mal à contenir la violence ? Elle seule semble bien du mal à contrôler la situation.

Dans tout ça, les centrafricains sont tournés en bourrique dans ce montage macabre et sinistre. Devant le manque de conscience et du pragmatisme face à ce jeu de yoyo que joue la France comme si c’est pour faire durer le plaisir, mais de quoi ? Des morts horribles des êtres humains ? Ou pour offrir un décor grandeur nature aux metteurs en scène des films d’horreur.

Le marchandage sur la Centrafrique ne s’est pas fait derrière un rideau de fer au point de laisser dubitatif les observateurs de plus en plus critiques du manque de réalisme et du manque de visibilité dans la politique de François Hollande pour le désarmement qui d’après certaines presses françaises comme La Depeche.fr évoque « le spectre de l’enlisement pour les soldats français ». Et on se demande si sur la crise centrafricaine la France est passée sous la colonisation tchadienne ?

Idriss Deby qui commence à devenir encombrant pour la France et ses compères Africains, pourrait subir le même itinéraire que Bozizé. Attention la politique est une roue qui tourne très vite.

Jean-Gualbert Togba



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