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AFRIQUE

Lettre ouverte du CODE à Monsieur François Hollande Président de la République Française: Le Cameroun ne mérite pas d'être visité par vous.


Alwihda Info | Par Cellule de Communication du CODE - 19 Juin 2015


Monsieur le Président,

Les valeurs partagées qui renforcent les liens de coopération entre la France et le Cameroun, nous poussent à venir auprès de votre bienveillance dans la foulée de votre prochain séjour officiel au Cameroun pour évoquer le cas de ce pays miné dans ses fondements (politiques, économiques et sociaux) depuis 1982, date à laquelle Paul Biya accède au pouvoir .


Au moment où vous vous apprêtez à vous rendre au Cameroun, ce que les Camerounais ne souhaitent plus Monsieur le Président, c'est d'une France des mallettes d'argent et de soutiens aux dictateurs, celle-là même qui, depuis les indépendances, se refuse à se mettre du côté des peuples et des droits de l'Homme, préférant s’associer non pas à des Etats, mais à des familles, non pas à des gouvernements légitimes élus par les peuples, mais à des dictateurs et régimes illégitimes s’imposant au pouvoir par la fraude, la force militaire et l’impunité.


Bruxelles, le 16 juin 2015

Présidence de la République
Palais de l'Elysée
55, rue Faubourg ST-Honoré 75008-PARIS
Tout d’abord monsieur le président, en novembre 2014 lors du sommet de la francophonie à Dakar, devant une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement réunis à Dakar au Sénégal pour le XVe sommet de la Francophonie, vous aviez averti les dirigeants africains qui voudraient se maintenir au pouvoir.

Vous avez également cité «la belle démonstration» du peuple burkinabé qui venait de chasser du pouvoir le président Blaise Compaoré et qui a poussé à sa démission le 31 octobre par un soulèvement populaire. «Ce qu'a fait le peuple burkinabé doit faire réfléchir ceux qui voudraient se maintenir à la tête de leur pays en violant l'ordre constitutionnel», aviez vous averti dans votre discours.

Ceci dit monsieur le président, nous, Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la Diaspora en abrégé CODE, constatons ensemble que depuis 1982, malgré les multiples élections présidentielles organisées sous Biya dont les résultats sont truqués d'avance, la République du Cameroun n’offre plus la possibilité de promouvoir la démocratie et de retrouver les bases politiques, économiques et sociales d'un État de droit. Bases qui prennent en compte nos valeurs communes partagées. C’est là que réside le mal camerounais.

Et, le pire est qu’il n’a jamais réussi à redresser l’image démocratique du Cameroun malgré la reconnaissance et le soutien international de son régime.

Le Cameroun vit actuellement des bouleversements sans précédent et connaît une crise de légitimité qui conduit à des élections en trompe-l’œil à chaque scrutin. Rien n’a changé pour les Camerounais, du moins pour ceux qui ne sont pas au pouvoir. Les détournements de la fortune publique par le clan de Monsieur Paul Biya et ses ministres, les calamités dues à la bêtise humaine et la présence des milliers de sinistrés abandonnés à eux-mêmes, conséquences de la mauvaise gestion de la chose publique, confirment cette vérité. Leur politique fait que nous avons à craindre le pire.

De plus, la crise camerounaise qui au demeurant était une crise de personne, de régime, tout au plus de légitimité tant aujourd’hui à devenir un vrai obstacle pour le présent et l’avenir démocratique du Cameroun. Ce qui est plus grave, elle sert de tremplin au tribalisme et aux discriminations qui provoquent des frustrations, des tensions et des conflits dans le pays.

Au moment où vous vous apprêtez à vous rendre au Cameroun, ce que les Camerounais ne souhaitent plus Monsieur le Président, c'est d'une France des mallettes d'argent et de soutiens aux dictateurs, celle-là même qui, depuis les indépendances, se refuse à se mettre du côté des peuples et des droits de l'Homme, préférant s’associer non pas à des Etats, mais à des familles, non pas à des gouvernements légitimes élus par les peuples, mais à des dictateurs et régimes illégitimes s’imposant au pouvoir par la fraude, la force militaire et l’impunité.

Excellence Monsieur le président de la République française, nous nous opposons par contre à toute caution de la France à un gouvernement dont le niveau de corruption attire tous les médias du monde entier avec plus d'une vingtaine de ministres et autres pontes emprisonnés, pour détournements de fonds publics…

Les Camerounais ne demandent pas non plus à la France de venir en terre africaine les débarrasser de leurs dictateurs à leur place. Tel n’est pas, nous le comprenons très bien, le rôle de la France. Il appartient aux peuples d'Afrique eux-mêmes, comme le fit le peuple de France au 18e siècle, de se soulever contre toutes les formes de dictature et, ainsi, de se choisir, en toute autonomie, en toute souveraineté et hors ingérence étrangère, des destinées démocratiques irréprochables au bout desquelles se profileraient les bienfaits d’un développement économique qui profitât à tous et non à une seule famille de kleptocrates arrimée au pouvoir de manière éternelle et indéracinable comme c’est le cas depuis 1982 au Cameroun avec Biya.

Le Cameroun n'a jamais été aussi relégué au plan de la décrépitude en place actuellement. Il est donc inadmissible et intolérable que des despotes s'accrochent au pouvoir

Avec votre visite officielle au Cameroun, ce que votre prédécesseur avait refusé, vous apportez votre soutien et la reconnaissance diplomatique du régime illégitime de Yaoundé. N'oubliez pas cependant que c'est ce régime qui a contribué à la mort du Cameroun.

Toute présence d'un chef d'Etat étranger au Cameroun contribuera à la décrédibilisation de ce dernier.

Au moment, donc, où vous êtes en train d'achever votre quinquennat, M. le Président, les Camerounais attendent la rupture avec le pouvoir en place au Cameroun. Par conséquent, c’est au mot mais aussi à la pratique que, d'une part, les Camerounais et, de l’autre, les Africains vous prendront. Il en ira de votre crédibilité pour les élections présidentielles prochaines en France.

Monsieur le président François Hollande, au moment où vous vous apprêtez à vous rendre au Cameroun, le peuple Camerounais dans sa très grande majorité attend de vous une intervention ferme et urgente qui contribuerait à mettre résolument le pays sur la voie du respect des droits humains, de la démocratie, du développement et du progrès social. Ceci passe par des mesures concrètes et immédiates d’apaisement parmi lesquelles :

• la libération des prisonniers politiques actuellement détenues au Cameroun

• la mise en place d’une commission d’enquête internationale, seule à même de faire émerger, de manière impartiale, la vérité sur la kyrielle de tueries lors des émeutes qui ont secoué le Cameroun en février 2008 dont les auteurs et les commanditaires de ces assassinats restent impunis et d'exiger l'indemnisation des victimes de ces émeutes.

• la mise en œuvre d'une commission électorale indépendante et la réforme du code électoral garantes de la démocratie, des libertés.

Si par votre entremise, en dépit de la realpolitik, le Cameroun s’engageait dès à présent dans cette voie, la France ne pourra que s’enorgueillir d’avoir permis de régler définitivement un contentieux lourd d’un demi-siècle, désamorçant ainsi le prochain conflit qui risque de frapper l’Afrique centrale.
Dans l’espoir que vous agirez pour la bonne cause et que vous regarderez la situation camerounaise avec les yeux d’un démocrate épris de paix, de justice et de liberté, nous osons croire que vous donnerez à la présente la suite qu’elle comporte.

Tout en vous remerciant d’avance pour votre diligence, le peuple camerounais, victime directe du silence des démocraties euraméricaines, prend votre conscience à témoin et vous prie par nos voix, de bien vouloir agréer l’expression de ses sentiments les meilleurs.

Pour le peuple camerounais et pour la communauté politique camerounaise agissante de la diaspora,

La cellule de communication du CODE
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