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TCHAD

Quelle gouvernance pour le Tchad ?


Alwihda Info | Par Abbas Kayangar - 31 Octobre 2013



Le gouvernement tchadien soumettra à l’évaluation citoyenne un projet sur sa gouvernance. Même si l’initiative est louable, nous dirons d’emblée que la gouvernance au pays de Toumaï est largement ternie par la corruption, les détournements des deniers et biens publics par ceux-là même qui ont la lourde responsabilité et la confiance du chef de l’état de diriger nos institutions. Des ministres, des élus parlementaires, des directeurs pour ne citer que ceux-là, se sont forgé une autre manière de conduire la mission qui leur a été confiée : voler, détourner et piller les ressources du pays! Ils ne craignent rien, car une fois leur forfaiture découverte, ils se barrent dans la discrétion pour se faire oublier, le temps d’appeler à la rescousse les marabouts, féticheurs, charlatans et de déclencher les balises de leurs nombreux réseaux pour ressortir au grand jour, occuper un autre prestigieux poste. D’ici là, les millions voire les milliards volés atterriront dans une destination occultes des banques étrangères ou tout simplement thésauriser quelque part dans leurs nombreux domiciles construits par les fruits des biens publics volés.

Le 26 janvier 2013, le Tchad a fait sa déclaration d’adhésion au Mécanisme Africain d’Évaluation par les Pairs (MAEP), mais cela est-il suffisant pour parler de la bonne gouvernance? Le pays est grandement englué dans le bourbier de la corruption, des détournements des deniers publics, du trafic d’influence, du délit d’initié et autres maux qui minent toute société moderne. Au Tchad, ceux qui détournent et volent ne craignent même pas d’avoir un casier judiciaire Sali(les casiers judiciaires qui se salissent sont ceux des pauvres, vous et moi!), ils reviennent toujours aux affaires comme si le pays est en manque de cadres pouvant occuper des postes. Le système est si bien rodé que les cadres consciencieux, honnêtes et travailleurs ne peuvent évoluer dans cette sphère. Ceux qui gagnent sont ceux qui fraudent, détournent et volent. Le Tchad a besoin de corriger les erreurs du passé, « démuseler » la presse, condamner sévèrement les voleurs et autres prédateurs des deniers publics, revaloriser les droits de l’Homme et les libertés, assainir les finances publics, créer une véritable « police » anti-corruption composée essentiellement d’individus intègres(en trouve-t-on encore dans l’administration?), redorer le blason de la justice pour qu’elle soit équitable, impartiale et incorruptible, etc.

On ne pourra jamais discerner cette manière de faire. Des détourneurs des deniers publics qui réoccupent les hautes fonctions dans les ambassades, les ministères, l’Assemblée nationale, les grandes sociétés, etc. Comment accepter qu’un fraudeur, qu’un détourneur des deniers publics et un criminel puisse représenter le peuple en tant qu’élu, ministre, ambassadeur, directeur général, conseillé, etc.? On doit toujours savoir une chose, ne jamais confier la viande à des hyènes, de surcroit à une meute d’hyènes insatiables. On ne doit plus « élever » des piranhas dans les lits des fleuves de notre Administration. On détourne, on pille et on vole en rejetant à tord, toutes les fautes sur le Président de la République qui ne peut-être partout à la fois. Mais, il lui incombe de choisir désormais, l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Et mettre définitivement dans un enclos bien protégé les prédateurs aux dents acérées jamais repus « dévorer » nos deniers publics.

Abbas Kayangar.
Abbas Kayangar.
Contrairement à cette pensée qui dit « ceux qui vivent sont ceux qui luttent », au Tchad, ceux qui vivent mieux sont ceux qui volent à répétition l’état. Le petit peuple est le seul à souffrir de faim et de misère et à écoper des peines sévères de la justice et se retrouver dans des prisons insalubres pendant des mois voire des années. Nos détourneurs des deniers publics, une fois coincés se retrouvent en « prison », assis confortement sur des moelleux moquettes achetés à des prix exorbitants, la tête mielleusement calée sur un doux oreiller parfumée, humant à fond l’air frais diffusé par un climatiseur portatif branché sur un réseau électrique payé par l’état. Les petits larcins quant eux, se retrouvent dans des cellules exsangues, étouffant sous la chaleur, le corps luisant de sueur et dégageant une forte odeur de malpropreté. Nous ne pouvons accepter et comprendre que ceux qui volent l’état se fassent cajoler, dorloter et respecter comme des véritables pachas par les gardiens de prisons transformés en baby-sitters, serveurs, en garçons de courses, etc.

L’auto-évaluation du Tchad dans les domaines de la gouvernance politique, de la gouvernance économique et de gestion, de la gouvernance des entreprises et du développement socio-économique, permettra-t-elle de régler définitivement les problèmes des droits de l’homme, de la liberté de la presse, de la corruption généralisée et des détournements tout azimut de nos ressources? Rien n’est moins sûr, nous sommes habitués à accouché des textes, des lois, des directives, des résolutions et autres prises de décisions en grande pompe qui finissent souvent dans les placards de l’oubli. La volonté politique est-elle sincère pour sortir le pays de cet engrainage malsain? On a fait un travail de contrôle à la police, il faudra aussi des veritables contrôles pour déterminer la provenance des biens des ministres, députés, directeurs et autres cadres de l’état. Le Président de la République doit comprendre que le Tchad est entré dans la cour des grand en devenant membre non permanent du conseil de sécurité des nations-unies, on doit donc changer de fusil d’épaule et faire l’apologie du concept « zéro tolérance » pour mettre définitivement hors d’état de nuire à nos ressources tous ces prédateurs multirécidivistes. Sans complaisance, on doit récupérer tous les véhicules, les villas, les sommes astronomiques et autres biens acquis illégalement.

(Ironiquement)Habillés de l’uniforme des prisonniers, des écriteaux au dos « ancien ministre », « ancien parlementaire », « ancien directeur général », etc., nos « aimables » voleurs nationaux doivent faire des travaux d’intérêt général comme nettoyer les rues, les hôpitaux, les édifices publics, les marchés, distribuer des vivres aux pauvres (sans avoir la tentation de détourner ces vivres!).Humilier et punir sévèrement ces bandits en cravate pour que le petit peuple puisse dormir sur ses deux oreilles, confiant que les biens publics ne soient volés pour une nième fois. On doit les promener dans les écoles, les administrations et autres services pour sensibiliser les autres sur les méfaits des détournements, des fraudes et autres maux causés à l’état. On doit les apprendre à comprendre la souffrance quotidienne des populations, on doit les empêcher de mener la vie de prince dans nos prisons. Ils doivent goûter aux mêmes « plaisirs » des prisons à arme égale que tous les autres citoyens. Ils doivent faire la machette des journaux et passés en boucle à la télévision, les mains entravées de menottes. Un vœu pieux mais irréalisable, à moins que…!



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