Accueil
Envoyer à un ami
Imprimer
Grand
Petit
Partager
POINT DE VUE

Tchad: 'Facteurs endogènes et embarras'


Alwihda Info | Par - ҖЭBIЯ - - 24 Août 2008


Selon certaines sources, 25 personnes y compris le Premier Ministre et le Ministre de la jeunesse et des sports ont accompagnés deux athlètes tchadiens aux jeux olympiques de Beijing. Le déplacement a couté 280 million de FCFA au trésor public tchadien (95 million pour le ministre de la jeunesse et sports et 185 million pour le PM). Selon toute vraisemblance, « Les deux athlètes n’ont pris part à aucune compétition. »


Tchad: 'Facteurs endogènes et embarras'

Par Djimé Adoum

Tchad - facteurs endogènes et embarras. Par Djimé Adoum, tchadnews.info

Ce récit s’inspire des événements qui font la Une des medias tchadiens et bien d’autres. Nous essaierons aussi de rassembler les réactions et les idées des uns et des autres pour voir ce que les tchadiens doivent faire pour apporter une contribution modeste au solutionnement de la crise que traverse le pays. Toutes les analyses s’inscrivent dans le contexte socio-politico-démocratique et du manque de bonne gouvernance. Nous rappelons qu’il n’y a pas de bâton magique. Plus nous passons le temps dans les tergiversations, plus nous sombrons. En fin de compte, c’est notre responsabilité collective. Le récit s’articule autour du judiciaire, du fiscal et du manque de cohérence.

La justice tchadienne, quasiment inexistante (si elle l’était, le pays ne serait pas descendu dans les ténèbres les plus profondes) a organisé une kermesse de confusion. Elle condamne par contumace tout un nombre de personnes. Une confusion s’en est suivie en provoquant des analyses et contre analyses. Cet état d’esprit est loin de permettre au pays de trouver des solutions aux multiples crises. Les insuffisances, incapacités et la sélectivité de cette justice par rapport aux événements de l’Arc de Zoe témoignent du manque de son indépendance ont été élucidés (lire les récits de Makaila et du Dr Ngardigal).

La gestion informelle des finances bat son plein. A ce sujet, les récits de Mahamat Ahmat du site Tchadactuel sont édifiants. Selon Mahamat Ahmat, il semble avoir un duel « Younoussmi vs Daoussa » que le ministre des infrastructures Younoussmi gagne haut la main. Mahamat Ahmat nous apprend aussi que Younoussmi est appelé « fils » par le Président. Le ministre Younoussmi a démontré à tous ses détracteurs pourquoi il est incontournable. Selon le récit de Mahamat Ahmat, le Ministre Younoussmi pond 8 milliards à la demande « urgente » du Président Deby. Il s’indigne du fait que le pognon serait fait de multiples devises. Ce n’est pas donné à n’importe qui d’avoir accès à une telle somme à n’importe quel moment

Lyadishblog nous apprend que le tout nouveau ministre des finances (selon le journal le Progrès) Mallah Mourcha est limogé. Lyadishblog cite le quotidien Le Progrès qui « confirme l’implication de celui-ci dans des affaires de détournement d’argent public. L’ancien ministre des finances aurait opéré des transactions financières lourdes en "devises" en toute illégalité empochant ainsi une somptueuse somme d’argent (+ 2 milliards) de la part de la Banque commerciale du Chari (BCC) qui aurait racheté des parts ou actions de l’Etat détenues par une autre banque de la place. »

Le déblocage de l’argent ne s’arrête pas là. Selon certaines sources, 25 personnes y compris le Premier Ministre et le Ministre de la jeunesse et des sports ont accompagnés deux athlètes tchadiens aux jeux olympiques de Beijing. Le déplacement a couté 280 million de FCFA au trésor public tchadien (95 million pour le ministre de la jeunesse et sports et 185 million pour le PM). Selon toute vraisemblance, « Les deux athlètes n’ont pris part à aucune compétition. »

Le Docteur Albissaty Saleh Allazam a dévoilé le secret de polichinelle. Le gars de Mandoul nous rappelle que la déclaration du médecin « guérillero » ne fait que corroborer les déclarations d’un autre guérillero Koulamallah et beaucoup d’autres. Le gars de Mandoul s’exprime : la course solitaire des groupes ethniques pour l’accaparation du pouvoir s’amplifie à la grande défaveur d’une course d’équipe pouvant donner la victoire à la résistance nationale, œuvre des tchadiens qui croient au changement politique.» En effet toutes ces déclarations trouvent leurs racines dans le fait que le pays des Sao va très mal. Elles montrent du doigt le fait que le Tchad a du mal à s’en sortir parce que chacun tire la couverture vers lui, son clan ou sa région. C’est aussi en partie ce qu’a dit le guérillero (terme puisé du directeur de publication d’alwihda qui l’a utilisé comme titre) Ahmat Yacoub «On tourne en rond. Je suis le premier retraité de l'Opposition.»

Le Tchad en tant que pays ne répond pas et ne remplit pas les critères d’un pays organisé dans tous les sens et selon les conventions contemporaines (lire Joe al sur librafrique et Ramadji sur laleonline). Ahmat Youssouf Harris s’indigne de la déclaration du médecin dissident (lire la suite sur lyadishblog). Abakar Haroun A. réagit aux propos de M. Youssouf Harris et recadre le débat en ces termes «….qu’il faut qu’on parle à haute voix, c'est-à-dire démocratisons-notre conception, ne semons pas la confusion dans les débats démocratique, la vérité sur les choses publiques que le peuple tchadien a besoin à l’heure, ou qu’on soit, en rébellion ou dans la « légalité » ». Michelot Yogogombaye nous rappelle qu’au Tchad, le contexte géopolitique actuel exige de nous un sursaut national. » Le Dr Lyadish Ahmed ne cache pas son amertume quand à l’état actuel dans lequel se trouve le pays des Sao : A la place d’un Etat reconstruit après de tant d’années de privations (demi-salaire, pensions de misères), s’est substituée une véritable anarchie où les puissants dépouillent impunément les faibles, détournent allègrement les deniers publics, foulent aux pieds les lois de la République et se moquent éperdument de la Justice. Arrêtons-nous un instant et que chacun de nous se pose cette question : le Tchad est-il encore un Etat ?

C’est d’ailleurs ce qui sort des récits du Dr Félix Ngoussou: « Chaque année, quand on veut regarder l’avenir avec un sourire d’espoir, la déstabilisation se poursuit aussi avec ses calamités. Le tableau est très sombre. Le destin de notre pays paraît de plus en plus préoccupant et fragile, parfois même tragique. » Ngoussou de conclure : Nous, fils et filles du pays, de l’intérieur comme de l’extérieur, devons nous réunir dans un nouvel esprit et entreprendre le redressement du Tchad. Nous avons le potentiel nécessaire pour réussir, il suffit de le vouloir réellement. » Il jette aussi un regard sur Djibrine Assali pour voir dans quelle mesure celui-ci « pourra se démarquer du lot «pour apporter sa neutralité à l'union des politico-armés très difficile à enfanter? »

L’ancien président Goukouni Wedeye est aussi en pèlerinage dans les pays africains. C’est toujours dans le souci de stimuler les amis du Tchad de venir en aide à un pays agonisant. En fin de compte, il se passe beaucoup d’activités, beaucoup de déclarations, beaucoup de peines mais peu de consolidations et de rapprochement des uns et des autres. De ce constat émane la déclaration de Claude Mbaitoloum : « Nous sommes toutes et tous la majorité silencieuse de ce pays qui est le Tchad, pays monopolisé depuis trente ans par des clans Nordistes – puisé de Lyadish ».

A quand le réveil national ? Sommes-nous tout simplement entrain d’amuser la galerie tout en sachant que le pays sombre d’avantage dans les abimes ? Le tour d’horizon et les sources citées dans ce récit ne sont pas fortuits. Qu’en dites-vous ? Autrement dit, la société civile ? La jeunesse ? les religieux, les partis politiques ? Les amis du Tchad ? les politico-militaires ? Le Président Deby ? Ou bien qu’en disons-nous ?

Nous reviendrons plus tard sur les déclarations du Secrétaire General des Nations unies et la lettre écrite par les Sénateurs américains au Dr Condoleezza Rice évoquant le fait que le pays a atteint un point de non retour et qu’il faudra faire quelque chose. Peu importe l’appellation, il faut trouver une porte de sortie. Les tchadiens doivent jeter les premiers jalons.


Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)