Tchad : N'gueli-Kousseri, circulation à sens unique

Pont de N'gueli. Ce 19 juin, l'image contraste au coucher du soleil avec celle d'il y a une année. La passerelle qui fourmillait de monde les week-end présente un autre visage. Seuls des gros porteurs transportant du bois ou des pommes de terre traversent le pont en provenance de Kousseri, la ville voisine de N'Djamena. Quelques rares piétons traînant péniblement leurs valises hèlent à leur descente du pont des mototaxis. Ces piétons autorisés à entrer en territoire tchadien sont spécifiés. "Je suis étudiant venant de Maroua. C'est pourquoi on m'a laissé passer", semble se glorifier un trentenaire tirant sa valise sur le pont complètement dégagé et exhibant sa carte d'étudiant.

Une dame accoutrée dans son hijab noir a visiblement hâte de rejoindre son N'Djamena natal. "J'étais à l'hôpital à Kousseri", lance-t-elle furtivement pendant que la police camerounaise fouille de fond en comble la Toyota Corolla de son conjoint. "Je suis élève. Je veux composer le bac au Tchad. On me connais parce que je passe régulièrement ici", informe Séid.

Restrictions en sens inverse

Trois jeunes, panier à l'aisselle, se rendant à Kousseri sont refoulés par un policier camerounais gourdin à la main. "Nous sommes camerounais", clament deux d'entre eux avec un accent distinctif. "Moi, je suis tchado-camerounais", tonne le plus âgé, exhibant une carte de la Croix Rouge.

Deux jeunes fréquentant un institut sanitaire à N'gueli, un quartier tchadien, passent sans grande difficulté. Ils possèdent un laisser-passer valable les week-end. Les autres jours, ils "s'arrangent", montrant du doigt les pirogues qui servent à traverser frauduleusement.