Tchad : des voyages de trop du chef de la junte

Un président de la République, certes voyage incessamment. Mais les odyssées du chef de la junte s'apparentent plutôt aux interminables voyages de Koyaga, le héros de "En attendant le vote des bêtes sauvages" du célèbre écrivain ivoirien Amadou Kourouma. Koyaga, un chasseur devenu général, puis président dictateur de la République de Golfe, après avoir assassiné puis émasculé son prédécesseur,  entame un "voyage  initiatique" dans les pays de grands tyrans. Tiékoroni, le tyran au totem caïman lui a tout de suite enseigné qu'il est le seul  maître de son pays. Le pouvoir étant un bief, il ne peut y avoir deux hippopotames mâles. Un autre tyran au totem hyène lui a enseigné quant à lui, les stratégies  d'enrichissement éhonté. Il loue ses avions personnels à l'armée à un prix d'or.

Puisque les présidents  s'imitent,  Mahamat Kaka fréquente assidûment l'école de ses pairs. A Paris, il est un secret de la comédie que le putschiste rend régulièrement compte de la gestion de la transition à son mentor Emmanuel Macron et se fait sermonner par moments.

Quant à ses autres tournées, elles sont indispensables pour renforcer les liens avec les autres despotes soutenant son coup de force d'une part. D'autre part, il est impératif d'avoir d'autres soutiens surtout que briguer   un mandat n'est pas à exclure. 

Sources de dépenses 

Même si la junte ne communique jamais le coût du voyage, il est indiscutable qu'il se chiffrerait à des milliards  (on ne connait pas les millions au Tchad). Aussi qu'une pléthore des membres de la délégation logés dans des hôtels cinq étoiles décorées pour la circonstance à la tchadienne. Pourtant, une vidéo-conférence, un coup de téléphone ou encore l'envoi d'un émissaire mettrait le pays à l'abri de ces dépenses absurdes.