Tchad : fête de la Saint Valentin, un héritage mal célébré

Héritage occidental, les africains en général et les tchadiens en particulier donnent un autre caractère à cette fête. Ce 14 février, la Saint Valentin autrement appelée la fête des amoureux est une occasion d’offrir des bouquets de fleurs, des nounours, des bijoux, des montres et un dîner au partenaire, tout cela pour donner une dimension féerique. Mais comme l’élève dépasse souvent le maître, un cachet particulier est donné à cette journée. Ainsi, les "petits" cadeaux n’ont pas d’importance aux yeux des filles et femmes tchadiennes, estime Fati, élève en classe de terminale au lycée de la Concorde.

« Comment peut-on offrir des bouquets de fleurs à une fille tchadienne à l’occasion de la Saint Valentin ? ». La tendance oblige à offrir un téléphone de valeur, des motos ou des ordinateurs car pour ces dernières, c’est la valeur du cadeau qui symbolise l’amour. Cette manière de célébrer cette fête mécontente certains jeunes. « Le 14 février est devenu un rituel de cadeaux imposé par le partenaire », estime Vincent.

« Le pire est que certaines filles reçoivent deux cadeaux venant de X et Y. Alors où est le sens de l’amour ? », s’interroge-t-il. En milieu jeune comme adulte, la Saint Valentin est une occasion pour certains couples de revitaliser leur union, témoigne Jacques.

« J’offre toujours des robes et chaussures à ma femme le 14 février ». Cette tendance d’imiter la culture des autres sans discernement, « c’est mal connaitre les filles et les femmes tchadiennes qui, à l’occasion de cette fête, attendent des cadeaux au prix exorbitant venant de l’homme, sans rien offrir en retour », déplore Amadou Adoum, étudiant en Histoire.

Face à cette façon de célébrer la journée du 14 février, l’on se demande si les filles et femmes comprennent la signification de la Saint Valentin. Pourquoi tant d'intérêt à une fête qui n’est pas de la culture africaine ? À-t-on besoin d’un jour sur les 365 jours pour manifester son amour à l’égard de son partenaire ?

Pour les chefs religieux, la Saint Valentin est une fête païenne. Selon Abdoulaye, enseignant coranique, « à l’occasion de cette fête, les jeunes s’offrent le plaisir corporel sans être unis par le mariage ». Quoi qu’on dise, le 14 février a fait irruption sur la scène culturelle tchadienne. Le mieux est de célébrer avec l’esprit du discernement car l’amour doit s’entretenir tous les jours à travers des actes.