L’intervention militaire du Maroc au Yémen dénoncée par l’AMDH

Vendredi 27 Mars 2015

L’Arabie saoudite a lancé dans la nuit du mercredi 25 mars une série de raids aériens contre les rebelles Houthis. Vingt-quatre heures après, les raids aériens ont repris faisant au moins trente-neuf morts depuis le début de l’intervention saoudienne.


L’intervention militaire du Maroc au Yémen dénoncée par l’AMDH

Ces raids impliquant plus de 10 pays ont comme objectifs : défendre le pouvoir d’Abd Rabbo Mansour Hadi et empêcher les rebelles chiites d’utiliser les aéroports et les avions du Yémen pour attaquer Aden et d’autres régions yéménites.
 

Cette intervention militaire lancée par l’Arabie saoudite a été condamnée par l’Iran, un système proche des rebelles Houthis. Le système iranien a qualifié ces raids de « démarche dangereuse (…) violant les responsabilités internationales et la souveraineté nationale ».
 

L’action militaire va « encore plus compliquer la situation, étendre la crise et faire perdre les chances d’un règlement pacifique des divergences internes au Yémen », a affirmé hier un communiqué de la porte-parole du ministère des affaires étrangères iranien.
 

A l’encontre de l’Iran, les Etats-Unis, alliés du président Hadi dans sa lutte contre la Qaida, ont de leur coté annoncé qu’ils fourniraient un soutien en logistique et en renseignement à l’Arabie Saoudite sans faire partie de la coalition.
 

Dans la foulée, le Maroc a confirmé dans la journée de jeudi avoir « décidé d’apporter toutes les formes d’appui à la coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen dans ses dimensions politique, de renseignement, logistique et militaire ».
 

Ce soutien comprend « la mise à disposition de la coalition des Forces Royales Air stationnées aux Emirats (…), afin de sortir le Yémen de la crise dans laquelle il s’enlise », assure le Maroc dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
 

La participation du Maroc aux côtés de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, Qatar, Koweït et Bahreïn, à cette opération militaire baptisée « Tempête de fermeté » a créé le débat sur internet et suscité de nombreux commentaires… surtout négatifs.
 

Les internautes marocains sont contre l’intervention militaire du Maroc au Yémen
 

Sous le choc de cette décision royale, les réseaux sociaux ont fourmillé et fourmillent toujours de réactions souvent hostiles à l’engagement militaire des Forces Armées Royales avec six avions F-16 dans le conflit yéménite.
 

Pour la majorité écrasante des intervenants, « le Maroc doit arrêter d’être le jouet des pétromonarchies ». Pour eux, « rester neutre et observer de l’extérieur serait préférable ».
 

Sur la réseau social américain Facebook, Younes Benkacem a fustigé le « double-poids, double-mesure » que pratique le Maroc. « Quand il s’agit d’attaquer des pauvres yéménites, on trouve les moyens. Mais quand il s’agit d’Israël, il n’y a personne », constate amèrement le jeune marocain.
 

Selon farid_h, « Le Maroc a reçu un don substantiel de KSA pour financer ses F-16. Les saoudiens ont rappelé au Maroc qu’il faut faire des choses en contrepartie, et c’est exactement ce que le Maroc fait ».
 

« C’est pour ça que les cadeaux saoudiens et qataris sont des cadeaux empoisonnés : ils nous mènent à prendre de mauvaises décisions, sachant pertinemment qu’elles sont mauvaises. Pauvres Yéménites et Bahreinis, victimes de l’impérialisme saoudien », a ajouté le membre de bladi.info.
 

Pour moss_26176, un membre de yabiladi.com, une poignée d’hommes politiques n’a pas le droit d’imposer la guerre à la grande majorité. Selon lui, le Maroc n’a rien à faire dans ce genre de pays : il ne va qu’attiser la haine durant des décennies de ces fous intégristes, au lieu du contraire.

  «C’est la misère, l’injustice et l’ignorance qui créent de la violence. A forcer de mener des combats qui ne sont pas les nôtres, notre pays risque de sombrer aussi », a-t-il ajouté.

  Sur le réseau social Twitter, le jeune vidéaste marocain Nadir Bouhmouch, activiste du Mouvement 20 février et réalisateur du film « My Makhzen & Me », a de son coté posté une image dans laquelle il exprime son opposition à l’intervention militaire du Maroc au Yémen.
 

Des appels pour une solution pacifique
 

En parlant de la position des associations des droits humains marocaines de cette intervention militaire du Maroc au Yémen, le penseur musulman Kamal Znidar a rappelé que ces associations ont demandé l’Etat marocain d’intervenir pour trouver une solution pacifique à la crise yéménite et ne l’ont jamais appelé à faire la guerre au Yémen.
 

« L’AMDH, Damir, GADEM et le reste des associations des droits humains marocaines ont appelé les autorités à intervenir dans le conflit yéménite afin de trouver une solution qui conviendrait à toutes les parties et pas seulement à l’Arabie Saoudite et le reste des monarchies du Golf », a-t-il assuré.
 

L’Islam ordonne de consulter le peuple avant de s’engager dans une guerre
 

Kamal Znidar a souligné encore que « Personne ne s’est attendu à cet engagement de notre armée au Yémen. Comme presque tous les marocains, les associations des droits humains marocaines ont été choquées par la participation de nos Forces Armées Royales dans cette guerre contre les Houthis ».
 

« Normalement, ce genre d’engagement militaire ne doit pas être décidé sans le consentement du peuple. Le Coran ordonne l’émir des croyants de consulter son peuple avant de prendre ce genre de décision. Malheureusement, cet ordre divin ne s’observe plus depuis des siècles », a déploré l’auteur du livre « Islam : meilleure religion au monde ».

  L’AMDH monte au créneau

  L’AMDH (Association Marocaine des Droits Humains) a condamné « fermement l’intervention militaire au Yémen » et a appelé au « respect du droit du peuple yéménite à l’autodétermination ».

  Dans un communiqué publié hier sur son site officiel, l’AMDH a exprimé son « rejet total de toute intervention militaire dans la région et toute exploitation de la situation au Yémen pour servir les agendas des dictatures arabes et les forces impérialistes de l’Occident ».

  L’ONG marocaine a accusé ces dictatures arabes et ces forces impérialistes occidentales d’avoir manœuvré pour « avorter le printemps arabe et enterrer les aspirations des peuples de la région » à la liberté et la démocratie.

  Dans son communiqué, elle a réitéré sa demande de « trouver une solution pacifique » à la crise yéménite qui conviendrait à toutes les parties et a demandé à la communauté internationale « d’endosser son entière responsabilité afin de protéger le peuple du Yémen et de garantir son droit à l’autodétermination ».

  Son dernier appel était adressé à l’ensemble des forces démocratiques et de défense des droits humains. Elle les a appelé à « être solidaires, unis et fermes pour faire face aux plans de ces forces hostiles à la démocratie et au respect des droits de l’Homme et des droits des peuples ».
 

Larmée marocaine en état dalerte

  Pendant ce temps dans lequel les Marocains expriment leur opposition à cette intervention militaire du Maroc au Yémen, le quotidien Al Massae, dans son édition d’aujourd’hui, a révélé que les Forces Armées Royales ont été mises en état d’alerte. Les congés ont été suspendus et les militaires qui sont déjà en vacances ont été invités à mettre fin à leurs congés pour regagner leurs casernes, apprend-on de cette source arabophone.

  Cette mise en état d’alerte a été prise quelques heures après la décision des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe de créer une force militaire arabe, composée de 20 à 40 mille soldats. Cette force devra conduire des interventions militaires pour faire à la menace terroriste et au reste des menaces sécuritaires auxquelles pourraient être confrontés les pays arabes.

  Cette décision arrive en pleine offensive lancée par l’Arabie saoudite et ses alliés arabes contre les milices chiites Houthis qui cherchent à renverser le président yéménite d’Abd Rabbo Mansour Hadi. Elle est un signe annonciateur de l’imminence d’une opération terrestre au Yémen.
 




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Salma Boughanbour
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