Maroc : Prison avec sursis pour rupture publique du jeûne de Ramadan

Jeudi 16 Juillet 2015

Quatre des cinq personnes arrêtées lundi 6 juillet à Marrakech, au sud du Maroc, pour avoir rompu le jeûne en public sur la place Jemaâ El Fna n’iront pas en prison. Ils ont été condamnés à deux mois de prison avec sursis, a annoncé une ONG de défense des droits de l’Homme.


« Ce jugement est courageux même si nous aurions souhaité qu’ils soient innocentés », a déclaré Omar Arbib, le représentant local de l’Association Marocaine des Droits de l’Homme (AMDH), qui insiste sur la nécessité « d’annuler l’article 222 du code pénal criminalisant la rupture du jeûne en public pendant ramadan ».


Cet article prévoit « l’emprisonnement d’un à six mois ainsi que d’une amende » à tout citoyen « notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane » qui « rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du Ramadan, sans motif admis par cette religion ».


« Dans le procès verbal, aucun article du code pénal pour lequel ils ont été poursuivis n’a été mentionné. C’est sur cela que la défense à basé sa plaidoirie », a assuré le militant pour les droits humains, Omar Arbib.


La cinquième personne, âgée de moins de 18 ans, sera présentée pour le même motif vendredi devant un juge des mineurs.


Ces cinq marocains ont été arrêtés lundi 6 juillet à Marrakech à la place Jemaâ El Fna. Ils accompagnaient un de leurs amis à l’aéroport. « La chaleur les ait poussés à acheter du jus de fruits à des vendeurs de la place Jamaa El Fna et à boire en public », avait déclaré Omar Arbib, ce qui a poussé d’autres vendeurs à alerter la police locale.


Un projet de réforme du code pénal, actuellement au stade de débats, maintient les peines de prison en cas de rupture publique du jeûne durant le ramadan, mais prévoit désormais qu’une amende maximale de 10 000 dirhams (950 euros) puisse s’y substituer.


Ce projet divise la société et suscite depuis son apparition début mois d’Avril 2015 de vives controverses. Les modifications qu’il apporte n’ont pas plu à beaucoup de monde, appartenant à divers courants politiques et idéologiques. Ils ne sont pas du goût même des islamistes modérés.


Le penseur musulman, Kamal Znidar, avait assuré que « Cet avant-projet de loi du Code pénal constitue une violation aux libertés et aux droits que la religion islamique accorde aux non-musulmans ». Selon lui, « En Islam, ne pas observer le jeûne du mois de ramadan est certes un péché mais pas un crime sanctionné par les lois ».


L’auteur du livre « Islam : meilleure religion au monde » avait estimé que « Inviter les déjeuneurs à suivre les préceptes moraux de l’Islam est certes une obligation pour chaque musulman. Mais tout musulman doit prendre en considération qu’il lui est interdit de forcer ces gens à croire à l’Islam ou observer ses enseignements ».


« La contrainte religieuse va à l’encontre de l’esprit et l’essence de l’Islam. La foi et le culte doivent être embrassés avec la volonté et la conscience libres. Ils n’ont une valeur que lorsqu’ils visent le contentement d’Allah et l’obtention de Son agrément », avait-il ajouté.


Par contre, le prédicateur Abdelbari Zemzmi est totalement contre le respect de la liberté des déjeûneurs. Pour lui, « La devise du royaume est : Dieu, la Patrie, le roi. C’est pour cela qu’il faut respecter la religion musulmane. Discuter d’une liberté individuelle qui ne respecte pas l’Islam ouvre la porte au non-respect de la patrie et de l’institution monarchique ».


« Ceux qui veulent déjeûner publiquement violent la sa sacralité du ramadan. Ils blessent les sentiments des musulmans. Pour cela, ils doivent donc être punis en application des lois en vigueur », avait assuré la même source.
 




Profil
Salma Boughanbour
Salma Boughanbour

Derniers tweets