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AFRIQUE

Centrafrique : Le départ des musulmans provoque une grave pénurie alimentaire


- 12 Février 2014



Marché en Centrafrique. Crédit photo : Sources
Marché en Centrafrique. Crédit photo : Sources
BANGUI (Reuters) - L'exode des commerçants musulmans fuyant les attaques des miliciens chrétiens en République centrafricaine menace gravement le ravitaillement de la population déjà soumise à la disette.
 
Selon les Nations unies, 1,3 million de personnes, soit plus d'un quart de la population totale, ont déjà besoin d'une aide alimentaire d'urgence en Centrafrique, après des mois de violences qui se poursuivent malgré l'intervention des forces françaises et africaines.
 
Des dizaines de milliers de musulmans craignant les représailles des chrétiens ont fui la capitale Bangui.
 
La plupart étaient des commerçants en relation avec les pays voisins, qui assuraient le ravitaillement de cette ville de 800.000 habitants en produits de base comme le sucre, la farine, le fioul et le savon.
 
Sur le marché de Petevo, près des rives de l'Oubangui, dans le sud de la capitale, des dizaines d'étals poussiéreux restent désespérément vides et la viande est rare depuis le départ des marchands qui contrôlaient le commerce du bétail en provenance du Tchad.
 
On trouve seulement un peu de porc, venant d'élevages locaux.
 
"Nous sommes très inquiets parce que si cette pénurie se poursuit, il n'y aura plus rien et beaucoup de gens mourront de faim", déclare entre les étals vides Nadège Kodo, une femme revêtue d'une robe traditionnelle colorée.
 
D'après les Nations Unies, 90% des Centrafricains ne mangent qu'une fois par jour.
 
La majorité des chauffeurs routiers étant musulmans, le ravitaillement en devient encore plus problématique. Des centaines de camions sont immobilisés à la frontière camerounaise.
 
Selon une enquête d'Oxfam et d'Action contre la faim, 40 grossistes géraient jusqu'à il y a peu le ravitaillement de Bangui en produits de base. Ils sont aujourd'hui moins de dix et certains menacent de s'en aller eux aussi si la sécurité ne s'améliore pas.
 
LES PRIX EXPLOSENT
 
Les prix ont grimpé en flèche à Bangui. Le manioc est 20% plus cher qu'en novembre et le prix du boeuf a plus que doublé.
"Maintenant, je dois faire 150 km pour trouver de la viande", constate Patrick Blossangar, président de l'association des bouchers du marché du quartier de Combattant. Le prix de la tête de bétail est passé de 600 à environ 1.600 dollars.
"Il y a déjà en République centrafricaine une très sérieuse crise alimentaire et elle va encore s'aggraver", explique Steve Cockburn, directeur des opérations d'Oxfam dans la région.
 
L'ONG Médecins sans frontières (MSF) a déclaré avoir soigné la semaine dernière une centaine de personnes blessées par balles et à coups de machette dans le camp qui accueille 100.000 réfugiés près de l'aéroport international de Bangui.
"On voit des gens arriver sans nez, sans oreilles, les femmes parfois le bout des seins coupé", dit Lindis Hurum, coordinateur de MSF dans le camp.
 
"Un type est arrivé en se tenant la tête pour l'empêcher de tomber... Il avait été frappé au cou avec une hache", ajoute-t-il.
Plus de 245.000 Centrafricains et 30.00 étrangers ont déjà fui le pays.
 
L'insécurité gêne aussi la distribution de l'aide humanitaire internationale.
 
Le Programme alimentaire mondial (Pam) a annoncé que 27 de ses camions transportant du riz et de la farine de maïs étaient bloqués à la frontière camerounaise, les chauffeurs refusant d'aller plus loin.
 
Le Pam ne voit pas d'autre solution qu'un pont aérien. L'agence de l'Onu prévoit de livrer 90 tonnes de vivres par jour dans le mois qui vient, une opération qui coûtera cinq fois plus cher que les convois routiers, a précisé Alexis Masciarelli, un de ses responsables sur place.
 
Avec Misha Hussein pour la Thomson Reuters Foundation; Guy Kerivel pour le service français



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