ANALYSE

Enjeux de la visite royale au Sénégal et au Gabon


Alwihda Info | Par - 16 Mars 2013


Le séjour royal au Gabon, sera quant à lui placé notamment sous le signe du renforcement des liens de coopération économique. Traditionnel allié du Maroc, le Gabon est la tête de pont de l’Afrique centrale. De plus, une solide amitié lie le souverain marocain au chef de l’Etat gabonais


Le continent africain possède un potentiel de développement considérable, et présente l’avantage de disposer de ressources naturelles et humaines importantes, ainsi que de liens culturels et linguistiques communs à plusieurs espaces sous-régionaux. L’Afrique reste toutefois l’une des régions les moins intégrées du monde, ce qui explique que son potentiel de développement soit généralement resté inexploité.

Dans cette optique, le Maroc place le renforcement des relations de coopération avec les pays d’Afrique sub-saharienne, à l’instar du Sénégal ou du Gabon, parmi ses priorités, dans le cadre d’une dynamique d’intégration africaine et de coopération « sud-sud ». L’engagement croissant du royaume en Afrique élargit le panel des voies à suivre pour la réalisation de la croissance du pays, et présente de réelles possibilités pour le développement des pays africains. Parmi lesquelles on retrouve, en particulier, la mise en œuvre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). De plus, compte tenu de la crise économique et financière mondiale, cette coopération devient encore plus importante. On constate en effet que la densification des liens de coopération va de pair avec la réduction des disparités de développement entre les Etats africains, d’une part, et avec l’engagement de stratégies d’intégration régionale, d’autre part.

Visite au Sénégal dominée par la crise au Sahel

Cependant, la visite de Sa Majesté Le Roi du Maroc au Sénégal, en plus des liens historiques liant les deux pays, portera sur la situation sécuritaire préoccupante au Sahel et sur la crise malienne. En effet, le conflit au Mali, entre le pouvoir central et les indépendantistes du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), fut très vite supplanté par la mouvance islamiste. L’enlisement de la situation a donc constitué une menace à la stabilité de toute la sous-région sahélienne. Avec l’intervention de la France, dans le cadre de l’opération « Serval », ainsi que des forces africaines, se pose la question de l’insécurité dans cette zone, menaçant celle du royaume, surtout, depuis qu’il est établi que des éléments du Polisario ont intégré des groupes armés présents au nord du Mali. De plus, les camps de Tindouf sont infiltrés par des membres d’Al Qaida aux pays du Maghreb Islamique. La région est donc devenue une poudrière, et le risque de contagion et de « balkanisation » de la bande sahélienne est grand.

De ce fait, le Maroc, de par sa grande expérience dans les missions de maintien de la paix onusiennes, pourra jouer un rôle important dans l’encadrement de la future force de maintien de la paix au Mali.

Aussi, en matière économique, le Sénégal sert de tremplin à la coopération entre le Maroc et l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), espace économique regroupant quinze pays et avec lequel le royaume a signé un accord de libre-échange.

Consolidation de la coopération avec le Gabon

Le séjour royal au Gabon, sera quant à lui placé notamment sous le signe du renforcement des liens de coopération économique. Traditionnel allié du Maroc, le Gabon est la tête de pont de l’Afrique centrale. De plus, une solide amitié lie le souverain marocain au chef de l’Etat gabonais.

Cette visite vient témoigner de l’importance qu’accorde la diplomatie marocaine à cette partie du Continent, d’autant plus qu’une importante communauté marocaine vit dans la sous-région.

Ainsi, les entreprises et les investisseurs du royaume pourront tirer profit d’un développement accru des échanges commerciaux et d’une intégration plus poussée des marchés des Etats de la zone de la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC). Ce qui non seulement donnerait accès aux entreprises marocaines à des marchés d’exportation plus vastes, mais leur permettrait également d’intégrer les Etats appartenant à la CEMAC dans leurs réseaux de production. La suppression des obstacles existants au commerce, l’ouverture des espaces économiques et l’intégration des Etats de la CEMAC dans les chaînes d’approvisionnement et les réseaux de production pourraient donc se révéler être une véritable opportunité pour les différentes parties.

Mahamat Samba Touré
Doctorant en Droit Public et Sciences Politiques
lemag.ma

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