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COMMUNIQUE

Le MRC rend hommage aux femmes centrafricaines


- 7 Mars 2014



Marie-Reine Hassen, Présidente du MRC-Centrafrique

Marie-Reine Hassen.
Marie-Reine Hassen.
Chères femmes de Centrafrique, mes chères filles, sœurs et mères. Le 8 mars nous célébrons la journée internationale des droits des femmes. Cette journée est issue de l'histoire des luttes féministes menées sur les continents européen et américain. C’est une journée de manifestations à travers le monde, et l’occasion de revendiquer l'égalité et de faire un bilan sur la situation des femmes dans la société. Traditionnellement les groupes et associations de femmes militantes préparent des manifestations partout dans le monde, pour faire aboutir leurs revendications, améliorer la condition féminine, fêter les victoires et les avancées.
 
En République Centrafricaine, ça ne devrait donc pas être une fête, car les problèmes des femmes viennent au second plan. Ca devrait être une journée pour faire le bilan du combat pour les droits des femmes et du chemin qui reste à parcourir.
 
Femmes de Centrafrique, nous et nos enfants sommes les premières victimes des conflits dans notre pays la République Centrafricaine. Nous sommes celles qui souffrons le plus des violences à répétition que connaît la RCA depuis des décennies. Nous souffrons des atrocités, des déplacements internes et externes, sommes confrontées à des difficultés pratiques accablantes et souvent insurmontables.
 
Depuis décembre 2012 notre pays a été envahi par une horde destructrice, aggravant la situation en utilisant massivement le viol comme arme de guerre. Ce n’est pas juste pour nous, femmes centrafricaines, nous qui depuis des décennies avons été traumatisées par les viols, les brutalités, les humiliations, les tueries perpétrées par des bandes armées incontrôlables, nous qui sommes épuisées par la misère sanitaire, économique et sociale, et qui ne voulions plus revivre cela. Ce n’est pas juste pour vos familles.
 
Le statut des femmes reste pour moi un souci majeur en RCA : le taux très élevé du VIH/SIDA chez les filles et les femmes, les conflits, les violences et les abominations, les femmes réfugiées, les pratiques traditionnelles très dommageables, l’exclusion des femmes en politique et dans les domaines de prise de décision, l’illettrisme, l’accès limité des filles à l’éducation.
 
Malgré l’expérience séculaire des femmes en matière de construction de la paix, nous sommes exclues de la prévention des conflits, des négociations de paix, des processus de reconstruction. En dépit de notre dynamisme, nous, femmes centrafricaines, constituons la dernière roue du carrosse. Peu alphabétisées, généralement dépourvues de moyens, nous sommes exposées à la « dictature» de notre société phallocratique.
 
Et pourtant nous sommes extrêmement solides et nous faisons des efforts constants pour maintenir debout les structures sociales, économiques et structurelles de notre
 
pays. Nous nous battons constamment pour produire de la nourriture pour nos familles et pour en prendre soin, même dans les pires conditions, en faisant de petits boulots, de petits commerces, en cultivant de petites parcelles de terre. Nous avons ainsi porté notre pays sur notre dos pendant des décennies de troubles et de chaos.
 
Femmes Centrafricaines, nous avions souhaité qu’une femme accède à la plus haute fonction de l’Etat pour opérer une cassure nette d’avec le passé et arrêter le cycle des violences et de la pauvreté. Nous avons lutté pour cela, et notre pays la République Centrafricaine a désormais une femme à la tête de la transition. Nous souhaitons qu’elle se serve de ses fonctions politiques pour faire avancer les causes des femmes centrafricaines. En sa qualité de mère de la Nation, elle aura le souci du bien être des femmes et des enfants, ainsi que de toute la population Centrafricaine.
 
Mme Samba-Panza, nous en sommes certains, a déjà placé la condition des femmes parmi les urgences de la transition, car c’est la femme qui transmet. L’éducation, même celle du quotidien, vient des femmes. Elles sont le moteur de la société et du changement. L’élimination des violences sexuelles contre les femmes et les enfants doit faire partie des priorités de la Présidente transitionnelle de la RCA. La violence contre les femmes est un crime et ne doit plus être accepté dans notre pays. Nos sœurs, nos mères et nos filles ont besoin d’assistance immédiate. Par conséquent, nous l’encourageons vivement à :
 
* Veiller à l’accompagnement des femmes pendant cette période chaotique et dramatique, tout particulièrement les femmes et les enfants victimes de viol ;
 
* Prendre des mesures d’urgence spécifiques pour assurer la protection des femmes et des filles, et assurer la réinsertion des femmes victimes de violences sexuelles.
 
* Renforcer très rapidement les mécanismes légaux qui protègeront les femmes et mettront fin à l’impunité des crimes commis contre elles, afin que l’attitude et le comportement de la société centrafricaine change de manière positive ;
 
* Assurer la promotion active et l’application de tous les droits humains pour les femmes et les filles sur tout le territoire ;
 
* Assurer la participation totale et effective des femmes centrafricaines dans les processus de paix, y compris la prévention, la résolution et la gestion des conflits, ainsi que la reconstruction post conflit.
 
Mes chères sœurs, filles et mères, nous appelons de tous nos vœux la tenue d’une Conférence Nationale Souveraine qui permettra aux voix des femmes martyrisées de la RCA d’être entendues, qui leur donnera une reconnaissance publique de leurs droits, de leurs souffrances, et des réparations matérielles et financières pour qu’elles aient la possibilité de reconstruire leurs vies saccagées. Par dessus tout, cela mettra fin à la spirale infernale centrafricaine.
 
Le 07 mars 2014
 



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