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RDC: Nord-Kivu : les attachés de presse bloquent l'accès à l'information


Alwihda Info | Par - 27 Juillet 2012


(Syfia-Grands lacs/RD Congo) À Goma, dans le nord Kivu, les journalistes ont un accès de plus en plus difficile aux sources d’information. Les attachés de presse sélectionnent en effet ceux qui sont invités aux conférences de presse, choisissant des proches, politiques ou ethniques, et ceux qui leur rétrocèdent le "coupage".


 

"Vous n’êtes pas invités. Seuls ont accès au point de presse les journalistes joints par téléphone", dit l’attaché de presse du gouverneur à un groupe de journalistes venus pour participer à une rencontre de presse animée par l’autorité provinciale du Nord Kivu. A Goma, à l’est de la RD Congo, de plus en plus de journalistes ont du mal à couvrir les événements de la vie politique, économique et sociale de la province, en raison du choix arbitraire et intéressé effectué par certains attachés de presse. Les bénéficiaires des invitations sont en premier lieu les copains et les journalistes qui consentent à rétrocéder une partie des enveloppes qu’ils reçoivent au titre de frais de transport, communément appelées "coupage".
"Quand on est appelé à couvrir certains événements, la pratique est d’offrir un verre et de rembourser les frais de téléphone des attachés de presse qui nous invitent. Il faut faire comme nous", conseille un journaliste à son confrère correspondant à Goma de la radio Mitumba, émettant au Sud Kivu.

Entre copains
Dans ces combines entre journalistes et chargés de communication, les relations politiques et fraternelles jouent beaucoup. 'Le chargé de communication d’un grand parti politique est un "frère" appartenant à notre communauté. Il ne rate jamais l’occasion de me faire signe lorsqu’il organise un événement ou un point de presse. La seule consigne, je ne dois pas en parler aux autres journalistes, surtout ceux qu’il ne compte pas inviter !", avoue un journaliste qui a requis l’anonymat.
L’accès aux sources devient ainsi difficile pour de nombreux journalistes qui veulent bien exercer leur métier."Pour étoffer mon article en préparation, cela m’aurait bien aidé de poser quelques questions au ministre provincial de l’Agriculture. Mais malheureusement, je n’ai pas été informé de sa conférence de presse", s’indigne M. Isunga, correspondant permanent du journal La Prospérité à Goma. De l’avis d’un éditeur d’un journal de Goma, pour accéder aux informations, participer aux conférences de presse et rencontrer les autorités, il devient presque obligatoire de tisser des relations avec les attachés de presse qui gèrent tout.

Privilégier le professionnalisme
Pour se défendre contre les critiques formulées à leur encontre par les organes de régulation des médias qui fustigent leur comportement, certains attachés de presse affirment agir en respectant les consignes de leurs employeurs. "Ce n’est pas moi qui planifie, c’est plutôt le chef lui-même qui choisit les organes de presse en fonction de leur fiabilité, de leur impact sur les populations", se défend un chargé de communication d’une Ong internationale basée à Goma.
D’autres chargés de communication évoquent le problème d’argent. "Nous appelons un nombre réduit de journalistes, en tenant compte des moyens mis à notre disposition par nos services. Cela nous évite d’avoir une foule de journalistes à gérer", souligne le chargé des relations publiques de la compagnie des eaux, la REGIDESO.
Pour certains responsables de structures d’encadrement des médias, la situation devient préoccupante, et ce système mis en place par certains attachés de presse et chargés de communication, doit être banni. "L’accès aux sources est un droit pour tout journaliste qui souhaite exercer son métier dans le respect des règles de la déontologie", soutient M. Miburo, chargé de l’audiovisuel à la division provinciale de la Communication et des Médias.
Selon Léon Ndeze, journaliste et secrétaire de la Commission de discipline de l’Union nationale de la Presse congolaise, section du Nord Kivu, tous les journalistes ne vont pas aux conférences de presse pour une question d’argent :"Il y a des journalistes qui sont payés par leurs organes de presse et dont la préoccupation est la quête d’informations auprès des sources. Les attachés de presse ont le devoir de leur faciliter la tâche.

Jean Paul Kombo


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