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Ramadan : Cafouillage entre la grande mosquée et le CFCM sur la date du Ramadan


Alwihda Info | Par - 9 Juillet 2013


"L"initiative de cette décision ne me revient pas, elle m'a été transmise lors de ma prise de fonction", explique-t-il. Avant d'écarter, pour le moment, la reconduction d'une telle mesure l'année prochaine.


"Ce matin, j'ai arrêté de manger à 5 heures. Mais dès que j'ai su que le CFCM avait repoussé le début du ramadan au lendemain, j'ai rompu le jeûne, comme la plupart de mes collègues musulmans pratiquants. On étaient désabusés par ce manque de rigueur", raconte Ahmed, jeune conseiller financier parisien.
Comme des milliers de musulmans, Ahmed a dû interrompre son premier jour de ramadan. En pleine journée, le Conseil français du culte musulman (CFCM) est revenu sur sa décision de faire débuter le ramadan mardi 9 juillet. "La grande majorité des fidèles a voulu suivre l'Arabie saoudite et d'autres pays, qui commenceront le ramadan le 10 juillet. Vox populi, vox dei ! Nous avons donc décidé de nous adapter à ce souhait de la communauté musulmane", a affirmé au Monde.fr Dalil Boubakeur, nouveau président du CFCM et recteur de la Grande Mosqu ée de Paris.
Cette annonce survient après que la commission théologique de la Grande Mosquée de Paris a renoncé à faire débuter le ramadan mardi. Une décision qui désavouait le CFCM, qui avait établi à l'avance les dates du ramadan, les fixant cette année du 9 juillet au 8 août. Une première en France, où le mois de jeûne est traditionnellement annoncé après que les autorités religieuses ont aperçu la nouvelle lune. 
"IMAGINEZ QUE NOËL AIT LIEU À DIFFÉRENTES DATES EN FRANCE"
Or, c'est parce qu'elle n'a pu observer le croissant de la nouvelle lune que la Grande Mosquée de Paris a décidé de repousser le début du ramadan. "La vision de la nouvelle lune s'étant avérée impossible à établir, ni en France ni dans les pays musulmans", a expliqué la commission théologique. De nombreuses mosquées et organisations musulmanes avaient également choisi de désavouer le CFCM, à l'image du Conseil des imams de France.
 
Dalil Boubakeur célèbre le début du ramadan, le 10 août 2010, à la Grande Mosquée de Paris. | AFP/AURORE MARECHAL  
"Le CFCM a changé sa méthode de calcul sans aucune concertation avec les autres mosquées, qui appellent massivement à entamer le jeûne demain, s'agace Meskine Dhaou, secrétaire général du Conseil des imams de France. Imaginez que Noël ait lieu à différentes dates en France !"
Même son de cloche en Seine-Saint-Denis, où cette cacophonie de calendrier a semé la confusion. "Depuis hier, nos téléphones ne cessent de sonner, et notre site Internet s'est même retrouvé hors-service hier soir", relate Henniche M'Hammed, secrétaire général de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM93).
L'IMAGE DU CFCM ÉCORNÉE
M. M'Hammed s'agace que le CFCM ait voulu rompre avec la traditionnelle nuit du doute, pendant laquelle imams et recteurs de mosquée observent, à l'œil nu, l'apparition de la nouvelle lune.
"Il y a eu un abus de la part du CFCM, qui a voulu remettre en cause la nuit du doute. Le ramadan est la pratique rituelle la plus suivie et respectée par les musulmans de France. Beaucoup de musulmans se définissent musulmans par rapport au ramadan."
Mohammed Moussaoui, ancien président du CFCM, déplore cette cacophonie. Et estime que ces multiples rebondissements portent atteinte à la crédibilité du CFCM. "Forcément, l'image du CFCM va en prendre un coup. A la fin du ramadan, il conviendra de se réunir pour faire un compte rendu de ce qui s'est passé", estime M. Moussaoui, qui explique ne pas avoir été associé à la décision du CFCM.
Son successeur, Dalil Boubakeur, à nouveau élu à la tête du CFCM le 30 juin 2013, rejette de son côté la paternité d'un tel calendrier. "L"initiative de cette décision ne me revient pas, elle m'a été transmise lors de ma prise de fonction", explique-t-il. Avant d'écarter, pour le moment, la reconduction d'une telle mesure l'année prochaine.
Même décision pour l'Aïd El-Fitr -la fin du ramadan- également soumise à l'observation du croissant lunaire. En mai, le CFCM avait prévu la fin du jeûne le 8 août. "Il ne faut pas heurter la communauté. La date de l'Aïd devra donc être corroborée par plusieurs observateurs", rassure Dalil Boubakeur.
En 2009, une enquête de l'IFOP estimait qu'environ 70 % des musulmans en France respectaient le jeûne. Soit environ 2,5 millions de musulmans.
Rédaction d'Alwihda Info. En savoir plus sur cet auteur

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