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Soudan: "La communauté internationale attend un changement radical" Kouchner


Alwihda Info | Par Abou-Adil Ahmat - 11 Décembre 2008


C’est un sujet complètement différent. La France soutient l’initiative de Doha mais avec trois éléments importants à garder à l’esprit.
Le premier est que les négociations de Doha ne doivent pas avoir pour objectif de poser la question de la Cour pénale internationale et de l’article 16.


Soudan / » La communauté internationale attend un changement radical et immédiat de politique de la part des autorités soudanaises » / Déclaration du ministre français des Affaires Etrangères

KARTHOUM, Soudan, 10 décembre 2008/African Press Organization (APO)/ — Actualités diplomatiques du ministère
français des Affaires étrangères / Point de presse du 09 décembre 2008

(…)
(Le président a donné quelques jours au président soudanais pour prendre des initiatives en faveur de la paix au Darfour. Qu’attendez-vous concrètement de M. Al-Bachir aujourd’hui ?)
Ce que la communauté internationale attend depuis déjà plusieurs mois, ce que le peuple du Soudan et notamment les populations du Darfour espèrent depuis plusieurs années, c’est un changement radical et immédiat de politique de la part des autorités soudanaises. Nous l’avons déjà exprimé, rien n’a changé. Vous savez que cela concerne à la fois la réalité du cessez-le-feu (nous avons eu des déclarations de cessez-le-feu suivies immédiatement d’opérations militaires), le déploiement de la présence internationale, l’engagement dans un dialogue politique réel, les obligations à l’égard de la Cour pénale internationale et les relations entre le Soudan et le Tchad, et la stabilisation régionale.


(Vous n’avez donc rien vu de tout cela ?)
Non, nous ne voyons rien de significatif. Il y a eu une déclaration de cessez-le-feu, immédiatement suivie d’opérations militaires, une prétendue déclaration d’arrestation de M. Kushayb qui n’est pas suivie d’effet dans la réalité.


Nous sommes donc très loin de ce qui est demandé par la communauté internationale et de ce qui a été rappelé par les autorités françaises.


(Au départ la France souhaitait parler avec M. Al-Bachir, puisque le président l’a rencontré à Doha. La France change-t-elle maintenant de position ?)
Il n’y a aucun changement. Les principes sont toujours ceux que je viens de vous rappeler. Le fait que le président de la République ait rencontré le président Al-Bachir n’y change rien. Le chef de l’Etat lui a rappelé ce qui était attendu des autorités soudanaises.


(Cette position française découle-t-elle de l’entretien qu’a eu le président de la République avec M. Al-Bachir à Doha ?)
Les autorités françaises - le président de la République, comme le ministre des Affaires étrangères et européennes - ont indiqué aux autorités soudanaises, et cela a été de nouveau le cas lors de cet entretien à Doha, ce qui est attendu : un changement radical et immédiat de politique de la part des autorités soudanaises.


(Cela peut se faire en quatre ou cinq jours, comme l’a dit le président de la République ?)
Cela fait des mois que la Communauté internationale attend, donc si ce changement intervenait rapidement ce serait très positif. Mais pour le moment, nous n’avons pas constaté de réels changements.


(Est-ce que c’est réalisable ?)
Je pense qu’il est réalisable à la fois de mettre en oeuvre un cessez-le-feu effectif, de lever les obstacles au déploiement de la MINUAD, de s’engager concrètement dans le dialogue politique, de renforcer les liens pour la stabilisation avec les pays voisins et de respecter les obligations à l’égard de la Cour pénale internationale.


(On laisse tomber les poursuites ?)
Je viens de souligner qu’il fallait ”respecter les obligations à l’égard de la Cour pénale internationale”.


(Les poursuites contre M. Al-Bachir ?)
Le sujet n’est même pas sur la table. Ce qui est attendu des autorités soudanaises, c’est un changement radical et immédiat de politique.


(Et si elles le font, qu’est-ce qu’elles y gagnent ?)
Il ne faut pas inverser la charge de la preuve. Il n’y a rien d’autre à attendre aujourd’hui de la part de la France en dehors du soutien au processus de paix et à la mise en oeuvre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Ce sont les autorités soudanaises qui doivent agir.


(Les autorités françaises ont un pouvoir de levier aux Nations unies, notamment au Conseil de sécurité. D’ailleurs hier, le procureur général de la Cour pénale internationale a encore fait allusion à la France en déplorant que certains pays soient prêts à retarder les procédures si Khartoum

faisait preuve d’une meilleure volonté.)
Je ne crois pas qu’il ait fait allusion à la France.
(Donc si M. Al-Bachir fait tout ce qu’on lui demande, on l’envoie tout de même devant la Cour pénale internationale ?)


Nous n’entrons pas dans une négociation avec les autorités soudanaises. Nous leur rappelons ce qui est attendu d’elles par la Communauté internationale.


(Si on ne lui promet rien, M. Bachir ne va rien faire.)
Il n’y a aucune raison de lui promettre quelque chose. Il lui est demandé par la Communauté internationale de respecter le droit international et les populations qui subissent encore aujourd’hui des bombardements.


(Où en sont les négociations envisagées à Doha ?)
C’est un sujet complètement différent. La France soutient l’initiative de Doha mais avec trois éléments importants à garder à l’esprit.

Le premier est que les négociations de Doha ne doivent pas avoir pour objectif de poser la question de la Cour pénale internationale et de l’article 16.

Deuxièmement, elles doivent donner toute la place au médiateur des Nations unies et de l’Union africaine, Djibril Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, dont nous soutenons le travail remarquable et que Bernard Kouchner a encore reçu récemment. Troisièmement, ce processus doit également intégrer les deux principaux acteurs que sont le Mouvement Justice et Egalité (JEM) et le SLM.

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