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Tchad : "Le vivre-ensemble ce n'est pas un mot, c'est des actions à mettre en place", Dago Yacoub


Alwihda Info | Par - 19 Juillet 2020


Dago Yacoub, gouverneur sortant du Logone Occidental, a été appelé à d'autres fonctions par le chef de l'État, au terme du décret n° 1525 du 9 juillet 2020. Il est nommé gouverneur de la province du Guéra. Vendredi, une cérémonie a été organisée en son honneur à Moundou. Dago Yacoub a accordé un entretien à Alwihda Info.


Monsieur le gouverneur, vous avez passé 14 mois à la tête de la province du Logone Occidental. Vous êtes arrivé, vous avez mis des stratégies en place. Qu'est-ce que vous retenez de votre séjour dans le Logone Occidental ?

Ce que je retiens, c'est qu'au départ, quand je venais au Logone Occidental, j'avais peur parce qu'on m'a dit que le Logone Occidental c'est un terrain très difficile, très compliqué. Quand je suis arrivé, j'ai essayé de faire le diagnostic moi-même. Je me suis rendu compte que le problème n'est pas aussi compliqué que cela. Il suffit tout simplement de mettre un peu de justice. Il suffit de mettre un peu de la bonne volonté pour régler les problèmes d'Hommes, régler les problèmes de groupes. Par la grâce de Dieu, je suis arrivé à régler beaucoup de problèmes.

La satisfaction morale que j'ai, c'est que je suis arrivé, je ne dis pas à 100%, j'ai réglé au moins à 50% les problèmes agriculteurs-éleveurs. J'ai réglé un problème qui m'a tenu à cœur. J'ai trouvé que c'est inadmissible. J'étais très sensible au personnel de la mairie qui a fait presque deux ans et demi sans salaire. Ça m'a empêché de dormir. Je me dis, comment on peut employer des Hommes, des pères de famille, et ne pas pouvoir les payer ? Parmi eux, il y a eu des gens qui sont peut-être morts par soucis. Il y a eu des gens qui ne sont pas arrivés à continuer à payer la scolarité de leurs enfants. Il y a des personnes qui ont été renvoyés de leur concession parce qu'ils n'arrivaient pas à payer le loyer. Je me suis dit, je dois m'y mettre pour faire un effort et essayer, en quelque sorte, d'atténuer la souffrance de ces hommes et de ces femmes. Dieu merci, Dieu m'a aidé, en mettant en place une commission des finances.

Je sais que la ville de Moundou, elle a plein de potentialités. Il suffit de regarder, par l'expérience que j'ai eu à la Mairie de N'Djamena, j'étais trois ans secrétaire général et trois et demi en tant que maire de la ville de N'Djamena. Cette expérience, j'ai voulu la faire partager avec la ville de Moundou. Dieu merci, aujourd'hui on a payé quelques mois d'arriérés, presque sept, huit mois d'arriérés. Et on a payé depuis novembre jusqu'à ce jour. Je laisse derrière moi le salaire jusqu'au mois d'octobre. Ça c'est une satisfaction parce que j'arrive à faire à ce que les tchadiens vivent ensemble. Le vivre-ensemble ce n'est pas un mot, c'est des actions à mettre en place. Les cadres aussi, je les rencontre, je discute avec eux.

J'ai la satisfaction aussi d'avoir demandé pendant le passage du chef de l'État à obtenir les 5% pour le Logone Occidental. Quand je suis arrivé, la ville était dans l'obscurité. Aujourd'hui, mon objectif c'était de finir dans quelques mois 450 lampes solaires sur les 900, soit la moitié. Je suis arrivé à assainir la ville. Ça, ce sont mes satisfactions. Je pars satisfait de la collaboration avec les jeunes, les femmes, les commerçants, la population dans son ensemble. Je laisse derrière moi des frères, des amis. Je me suis fait une famille ici, je laisse derrière moi des parents en quelque sorte.

Quels ont été vos regrets ?

Regrets, en tant que tel, non. À mon arrivée, j'ai eu beaucoup de difficultés, surtout agriculteurs-éleveurs. J'ai eu à gérer une situation très, très difficile à Laokassi où huit villages ont encerclé les forces de l'ordre pour un problème de terrain. Quand je suis parti moi-même sur le terrain, je me suis rendu compte que les éleveurs n'ont pas raison. Ils ont tort et j'ai demandé à ceux-là de partir. J'ai dit aussi que personne n'a le droit de se faire justice soi-même. Je n'ai pas accepté que des citoyens puissent attaquer les autres. Ça je n'étais pas d'accord. C'est ça la difficulté que je peux enregistrer ici au Logone.

Avez-vous peut être un message à l'endroit des Logonais ?

L'union. Je demande aux Logonais qu'ils soient unis, qu'ils regardent l'intérêt général et laissent à côté l'intérêt des individus ; de penser à développer leur région, de penser à voir dans la même direction, de penser à encadrer les jeunes, de penser à ce que les jeunes ne puissent pas se diviser aussi, comme certains le font au niveau de la région. Il y a des hommes et des femmes de bonne volonté au Logone Occidental, qui veulent que la région réussisse. Mais vous savez, dans toute famille, il y a toujours des brebis galeuses de gauche à droite. Ça il y en a toujours.

Votre successeur arrive. Qu'est-ce que, s'il y a lieu, lui conseillerez-vous pour continuer ?

Vous savez, c'est un Monsieur que je connais bien. Peut-être qu'il serait mieux que moi, meilleur que moi. C'est un Monsieur humble, poli, posé. C'est ça aussi qui fait satisfaction parce que je pars et je laisse la place à quelqu'un qui est honnête, qui est bien. Je pense que les Logonais n'auront pas de soucis. Il fera peut-être mieux que moi.

Propos recueillis par Golmem Ali.
Correspondant de la province du Logone Occidental En savoir plus sur cet auteur

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